Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Des bactéries capables de “manger” les PFAS découvertes en Italie : un espoir contre les polluants éternels

Edité par : Dr. Souad BRAHIMI | Docteur en médecine
18 juin 2025

Un fléau invisible omniprésent

Les PFAS, surnommés polluants éternels, sont partout : dans les sols, l’eau potable, les aliments et même dans notre organisme. Leur extrême persistance dans l’environnement et leurs effets nocifs sur la santé humaine en font une urgence sanitaire mondiale. Pourtant, une récente découverte offre un souffle d’espoir.

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, sont une vaste famille de plus de 4 700 composés chimiques synthétiques. Utilisés depuis les années 1950, ils sont appréciés pour leur résistance à l’eau, à la chaleur et aux graisses.

On les retrouve dans de nombreux produits du quotidien : ustensiles de cuisine antiadhésifs, vêtements imperméables, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, peintures ou encore certains cosmétiques.

Les PFAS sont appelés ainsi car ils ne se dégradent presque pas dans l’environnement. Ils persistent dans l’air, l’eau et les sols pendant des décennies.

Pire encore, ils s’accumulent dans le corps humain au fil du temps. De nombreuses études les relient à des problèmes de santé : cancers, troubles hormonaux, infertilité, atteintes rénales, immunitaires ou hépatiques.

Les PFAS ont été détectés presque partout sur la planète : dans l’eau du robinet, les nappes phréatiques, les sols agricoles, les poissons, les animaux sauvages… et même dans le sang de la majorité des personnes testées.

Cette pollution invisible touche des millions de personnes sans qu’elles en aient conscience.

Des chercheurs de l’Université catholique de Plaisance, en Italie, ont identifié des bactéries capables d’utiliser les PFAS comme source d’énergie, autrement dit de les dégrader. Ces travaux, dévoilés lors de la 35e conférence annuelle de la Société européenne de toxicologie et de chimie environnementales (SETAC Europe), tenue en mai 2025 à Vienne, pourraient ouvrir la voie à des solutions biologiques pour lutter contre cette pollution tenace.

Les recherches se sont concentrées sur la province de Vicence, en Vénétie, l’une des zones les plus contaminées d’Europe par les PFAS, en raison d’une pollution industrielle massive. Dans cette région, les taux de PFAS dans l’eau potable dépassent parfois 1 μg/L, soit le double de la limite autorisée par l’Union européenne (0,50 μg/L).

Les scientifiques ont prélevé des échantillons de sol dans ces zones critiques, analysé la diversité microbienne, puis isolé les bactéries présentant un potentiel de biodégradation. Pour cela, ils ont combiné des méthodes classiques de microbiologie avec une technologie avancée de métabarcoding, qui permet de séquencer l’ADN environnemental et d’identifier rapidement les espèces présentes dans un échantillon.

Afin d’isoler les bactéries capables de dégrader les PFAS, les chercheurs ont utilisé un procédé d’enrichissement, qui consiste à cultiver les micro-organismes dans un environnement contenant uniquement des PFAS comme source de carbone.

Résultat : 20 souches bactériennes ont été identifiées, avec pour chacune un génome complet et des données sur leurs capacités de dégradation.

Selon le professeur Daniele Puglisi, coauteur de l’étude, certaines souches ont atteint des taux de dégradation supérieurs à 30 %, un chiffre remarquable compte tenu de la complexité des PFAS. Ces résultats positionnent ces bactéries comme de sérieuses candidates pour une bioremédiation ciblée de ces composés persistants.

Les bactéries identifiées appartiennent à des genres déjà connus pour leurs capacités en dépollution, tels que Micrococcus, Rhodanobacter, Pseudoxanthomonas et Achromobacter. D’après le Pr Puglisi, elles sont faciles à cultiver en laboratoire et non pathogènes pour l’humain, ce qui facilite leur potentiel d’usage à grande échelle. L’analyse de leur génome pourrait également révéler des gènes clés de la biodégradation, qui pourraient être exploités dans des procédés de dépollution biotechnologique.

Si cette découverte ne constitue pas encore une solution immédiate, elle marque une étape cruciale dans la recherche de traitements durables contre une des pollutions les plus préoccupantes de notre époque. Ces “bactéries nettoyeuses” pourraient à l’avenir être mobilisées pour restaurer les sols et les eaux contaminés par les PFAS, contribuant ainsi à un environnement plus sain.

En l’absence d’une interdiction généralisée et d’une législation stricte sur les PFAS à l’échelle nationale ou internationale, limiter son exposition personnelle reste difficile. Ces substances chimiques sont partout : dans l’eau, l’air, les sols, les objets du quotidien, les aliments, les textiles…

Les éviter totalement est quasi impossible. Mais certaines habitudes permettent de réduire d’une façon significative les risques.

Voici les principales mesures de précaution à adopter :

  • Choisissez des ustensiles de cuisine sans PFAS
  • Évitez les revêtements antiadhésifs type Teflon.
  • Privilégiez la céramique, la fonte, l’inox, l’aluminium brut, le cuivre ou encore le fer.

Attention : chaque matériau a ses avantages et ses limites (entretien, durée de vie, coût…).

  • Évitez les aliments emballés industriellement
  • Limitez les plats préparés et les emballages en papier ou carton gras (souvent traités aux PFAS).
  • Méfiez-vous des aliments achetés en fast-food ou en grande distribution.
  • Soyez prudent avec l’eau que vous utilisez
  • Ne consommez pas d’eau issue de puits privés sans analyse préalable.
  • N’utilisez pas cette eau pour arroser les fruits et légumes ou abreuver les animaux.
  • Réduisez votre consommation de produits animaux
  • En particulier : poissons gras (saumon, thon), fruits de mer, viande, œufs, produits laitiers.
  • Ces produits peuvent contenir des résidus de PFAS, accumulés dans la chaîne alimentaire.
  • Lavez les vêtements neufs avant de les porter. Cela permet d’éliminer une partie des substances chimiques appliquées lors de la fabrication.
  • Évitez les textiles traités contre l’eau ou les taches
  • Ne portez pas de vêtements imperméables ou déperlants, sauf si garantis sans PFAS.
  • Fuyez les sprays imperméabilisants, souvent riches en composés fluorés.
  • Méfiez-vous des tissus d’ameublement “anti-taches” (canapés, tapis, rideaux…).
  • Choisissez des cosmétiques et produits ménagers sans PFAS
  • Vérifiez la composition : fuyez les ingrédients contenant “fluoro”, “perfluoro”, ou “PTFE”.
  • Optez pour les produits certifiés bio (ex. : Cosmébio), qui interdisent l’usage des PFAS.
  • Gérez vos déchets de manière responsable
  • Ne jetez pas n’importe où les produits contenant potentiellement des PFAS.
  • Utilisez les filières de recyclage spécialisées pour limiter leur dispersion dans l’environnement.

Même si les PFAS sont omniprésents, des gestes simples du quotidien permettent de réduire l’exposition individuelle et de limiter leur impact sur l’environnement. En parallèle, un encadrement réglementaire plus strict et une mobilisation collective sont indispensables pour espérer une réelle dépollution à long terme.

Mots clés : pollution ; PFAS ; bactéries ; eau ; santé, nocif ;