Une étude récente révèle que la pollution de l’air ne se limite pas à affecter notre santé respiratoire. En effet, elle a un effet direct sur notre cognition, influençant des fonctions mentales essentielles telles que l’attention et la reconnaissance des émotions. Une découverte qui pourrait avoir des conséquences sur la productivité et, par extension, sur l’économie mondiale.
Les effets de la pollution sur la cognition.
Parue dans la revue ‘’Nature Communications’’ le 6 février 2025, cette étude met en lumière les impacts de la pollution de l’air, notamment les particules fines, sur les capacités cognitives humaines. Les chercheurs ont constaté que même une brève exposition à des concentrations élevées de particules fines peut nuire à des fonctions telles que la concentration, l’attention sélective et la capacité à interpréter les émotions.
Méthodologie de l’étude.
Les participants ont été exposés soit à de l’air pollué (simulé par la fumée de bougies) soit à un air pur. Avant et après quatre heures d’exposition, leurs capacités cognitives ont été évaluées à travers des tests mesurant :
- Mémoire de travail (stockage et manipulation d’informations)
- Attention sélective (prioriser certaines tâches)
- Reconnaissance des émotions (détection et interprétation des émotions)
- Vitesse psychomotrice et attention soutenue
Les résultats ont montré que l’attention sélective et la reconnaissance des émotions étaient particulièrement affectées par la pollution, tandis que la mémoire de travail semblait plus résistante.
Impact sur la productivité et l’économie.
Les chercheurs soulignent que ces altérations cognitives peuvent nuire à des activités quotidiennes simples, comme faire des courses. Le Dr. Thomas Faherty, coauteur de l’étude, a expliqué que même une exposition courte à la pollution peut affecter des fonctions essentielles pour mener à bien des tâches.
Le professeur Francis Pope, également coauteur, a ajouté que la mauvaise qualité de l’air compromet non seulement le développement intellectuel, mais aussi la productivité des travailleurs. Cela a des implications économiques majeures, particulièrement dans un monde où l’excellence cognitive est cruciale pour les industries à haute technologie. En conséquence, la baisse de productivité due à la pollution de l’air impacte la croissance économique globale.
Un appel à des mesures plus strictes.
Face à ces résultats, les chercheurs insistent sur la nécessité d’une réglementation plus stricte concernant la qualité de l’air. Ils soulignent l’urgence de prendre des mesures de santé publique pour limiter les effets néfastes de la pollution, en particulier dans les zones urbaines fortement polluées.
Avis d’expert :
Pour Dr. Salim BENLEFKI, chercheur en neurosciences, l’étude met en lumière un aspect souvent négligé de la pollution de l’air : ses effets sur notre cognition. Selon lui, cette pollution ne constitue pas seulement une menace pour notre santé respiratoire, mais perturbe également des fonctions mentales clés, essentielles tant pour le travail que pour la vie sociale.
Dr. BENLEFKI insiste sur le fait que l’exposition aux particules fines impacte directement notre capacité à concentrer notre attention, à éviter les distractions et à comprendre les émotions, ce qui a des répercussions sur notre efficacité au quotidien. “Cela souligne l’importance de lutter activement contre la pollution de l’air pour protéger notre santé mentale et, par conséquent, notre économie”, ajoute-t-il.
L’expert souligne également que les effets cognitifs observés ne sont pas simplement limités à une gêne passagère, mais pourraient entraîner des conséquences à long terme sur la productivité collective, rappelant ainsi la nécessité d’agir pour améliorer la qualité de l’air et limiter ses effets délétères sur la santé publique.
Mots clés : air ; santé ; environnement ; esprit ; cerveau ; mental ; cognition ; pollution ;