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Ozempic et Wegovy : un danger méconnu pour la vision ?

Edité par : Dr. Souad BRAHIMI | Docteur en médecine
12 juin 2025

Alors qu’ils sont plébiscités pour leurs effets spectaculaires sur la perte de poids et le contrôle du diabète, les médicaments à base de sémaglutide, comme Ozempic et Wegovy, pourraient présenter un effet secondaire grave et sous-estimé : un risque accru de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une maladie irréversible de la rétine.

Le sémaglutide appartient à la famille des agonistes des récepteurs du GLP-1. Ces molécules imitent l’action d’une hormone intestinale appelée GLP-1, qui stimule la sécrétion d’insuline, ralentit la vidange gastrique et réduit l’appétit. Résultat : une baisse significative de la glycémie et une perte de poids souvent spectaculaire. Ces traitements sont prescrits principalement aux patients diabétiques de type 2 et aux personnes en situation d’obésité. Leur efficacité, démontrée par de nombreuses études, a contribué à leur succès mondial.

Mais une nouvelle étude publiée dans la revue JAMA Ophthalmology soulève une inquiétude majeure. Elle révèle une possible association entre l’utilisation prolongée de sémaglutide et une augmentation du risque de DMLA, en particulier chez les patients âgés diabétiques.

Les chercheurs ont analysé les données médicales de 139 002 adultes de 66 ans et plus atteints de diabète de type 2. Parmi eux, 46 334 avaient reçu un traitement à base de sémaglutide pendant au moins six mois. Les 92 668 autres n’avaient jamais été exposés à ce type de médicament.

Résultat : les utilisateurs de sémaglutide présentaient plus de deux fois plus de risques de développer une DMLA par rapport aux autres patients. Le risque augmentait avec la durée du traitement.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 60 ans. Elle affecte la macula, la partie centrale de la rétine responsable de la vision fine, celle qui permet de lire, conduire ou reconnaître des visages.

Il existe deux formes principales :

  • La DMLA sèche, la plus fréquente, qui évolue lentement avec l’apparition d’une vision floue ou d’un point noir central.
  • La DMLA humide, plus rare mais plus rapide, causée par la prolifération de vaisseaux sanguins anormaux sous la rétine, entraînant une déformation sévère de la vision.

Dans les cas avancés, la DMLA peut conduire à une perte totale de la vision centrale, sans atteinte de la vision périphérique.

Jusqu’ici, les effets indésirables du sémaglutide les plus documentés concernaient surtout le système digestif (nausées, vomissements, diarrhée), ou des troubles pancréatiques. Cette nouvelle alerte oculaire est donc particulièrement préoccupante, d’autant plus qu’elle concerne une population déjà vulnérable : les seniors diabétiques.

L’étude précise que les personnes ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou un âge avancé sont encore plus exposées à ce risque visuel.

Les auteurs de l’étude appellent à la prudence, sans pour autant remettre en cause les bénéfices avérés du sémaglutide. Ils recommandent que les patients âgés diabétiques suivant ce traitement, notamment sur le long terme, fassent l’objet d’un suivi ophtalmologique régulier.

L’objectif est de détecter précocement les signes de DMLA, avant que les atteintes visuelles ne deviennent irréversibles. Ces examens pourraient être intégrés dans le protocole de suivi des patients sous Ozempic ou Wegovy.

Le sémaglutide reste un traitement innovant et très efficace dans la lutte contre l’obésité et le diabète. Mais cette étude rappelle qu’aucun médicament n’est sans effet secondaire, et que la vigilance médicale doit accompagner l’enthousiasme thérapeutique.

Il appartient désormais aux professionnels de santé d’évaluer les risques au cas par cas, et d’informer les patients de manière transparente, notamment en cas de traitement prolongé chez des sujets âgés.

Mots clés : Ozempic ; Wegovy ; médicament ; santé ; DMLA ; sémaglutide ; vision ; pathologie ;