Ce mal du siècle touche de plus en plus de jeunes. Et il n’est pas anodin.

Dans le métro, au café ou dans la rue, le spectacle est partout le même : des têtes penchées vers le bas, les yeux rivés à l’écran, les pouces qui glissent à toute vitesse. Ce geste, répété des centaines de fois par jour, paraît inoffensif. Pourtant, il est à l’origine d’un trouble musculosquelettique désormais bien identifié : le syndrome du “text neck”, littéralement le cou du texto.
Un geste banal devenu pathologique
Autrefois réservées aux seniors ou aux travailleurs de bureau, les douleurs cervicales s’invitent aujourd’hui chez les adolescents et les jeunes adultes, hyperconnectés et rarement séparés de leur smartphone.
Pourquoi le smartphone met la nuque à rude épreuve
Le principe est simple, mais redoutable. En position neutre, la tête humaine pèse environ 5 kg.
Lorsque l’on penche la tête de 60 degrés pour regarder un écran, cette charge équivaut à près de 27 kilos exercés sur les vertèbres cervicales — comme si un gros sac de courses tirait en permanence sur la nuque.
Cette position provoque :
- une tension musculaire constante sur les trapèzes, les muscles du cou et du haut du dos ;
- une compression des disques cervicaux ;
- et une inflammation des nerfs périphériques, responsables de maux de tête et de raideurs.
Résultat : douleurs, engourdissements, vertiges, fatigue oculaire… et, à long terme, un risque accru d’usure prématurée des vertèbres cervicales.
Un phénomène qui rajeunit les douleurs
Les médecins voient arriver des patients de plus en plus jeunes.
Avant, ce type de douleurs touchait les cadres ou les seniors. Aujourd’hui, j’en vois chez des lycéens.
L’usage intensif du téléphone, parfois plus de 5 heures par jour, favorise les contractures musculaires chroniques.
Les études confirment la tendance : une méta-analyse de 2024 estime que les utilisateurs intensifs de smartphones ont jusqu’à 82 % de risque supplémentaire de souffrir de douleurs cervicales ou de maux de dos.
Une “maladie du siècle” ou un effet de mode ?
Certains spécialistes appellent à la nuance.
Le chercheur danois Jan Hartvigsen, épidémiologiste du mouvement et de la douleur, estime que le “text neck” n’est pas une pathologie à part entière, mais plutôt un déséquilibre postural fonctionnel.
« La nuque est une structure solide, conçue pour supporter des contraintes », explique-t-il. « Ce n’est pas le téléphone en soi qui abîme le cou, mais l’immobilité prolongée et le manque de mouvement global. »
En clair, le danger ne vient pas uniquement du smartphone, mais du fait de rester trop longtemps figé dans une position qui surcharge les cervicales.
Les symptômes qui doivent alerter
Le “text neck” s’installe souvent insidieusement.
Les premiers signes peuvent passer inaperçus :
- raideur ou tiraillement dans la nuque ;
- douleur irradiant vers les épaules ou les omoplates ;
- maux de tête fréquents, parfois accompagnés de vertiges ;
- engourdissement dans les bras ou les doigts.
Si ces symptômes persistent au-delà de quelques jours, une consultation médicale s’impose pour éviter une chronicisation des douleurs.
Les conséquences possibles à long terme
Sans correction posturale, le syndrome du “text neck” peut évoluer vers :
- une cervicalgie chronique ;
- une hernie discale cervicale ;
- un déséquilibre postural global, pouvant affecter le dos et les lombaires ;
- et dans certains cas, des troubles de la vision ou du sommeil, liés à la tension musculaire et à la surexposition à la lumière bleue.
Ces troubles, cumulés à la sédentarité et au stress numérique, constituent désormais un véritable enjeu de santé publique.
Prévenir et soulager le “text neck”
1. Redresser la posture : Tenez le téléphone à hauteur des yeux. Redressez les épaules, rentrez le menton et alignez les oreilles avec les épaules.
2. Bouger toutes les 20 à 30 minutes : Faites des rotations douces de la tête, étirez les trapèzes, levez-vous, marchez.
L’objectif : ne jamais rester statique plus d’une demi-heure.
3. Renforcer les muscles du dos : La natation, le yoga et le gainage postural renforcent les muscles cervicaux et améliorent la posture.
4. Adapter l’environnement numérique : Sur ordinateur, ajustez la hauteur de l’écran. Sur smartphone, utilisez un support à hauteur des yeux.
5. En cas de douleur, consulter : Si les symptômes persistent, il est important de consulter un kinésithérapeute, un médecin du sport ou un ostéopathe pour une prise en charge adaptée. Des séances de rééducation posturale, d’étirements et de relaxation musculaire peuvent être nécessaires.
“Votre cou n’est pas fait pour supporter le poids d’un écran toute la journée. Changez de posture, bougez, regardez au loin : votre colonne vous dira merci.”
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