Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Santé numérique : Un pas de plus vers la médecine de demain… Thématique principale lors du salon ‘‘healthcare Expo’’

Edité par : Chabane Bouarissa | Journaliste
26 septembre 2023

Depuis quelques temps on ne parle que d’elle : ‘‘La numérisation’’. Elle serait partout, dans les administrations, les services, les transports, en entreprise et bien sûr dans le secteur de la santé. Ce dernier n’échappe pas à la numérisation de son activité. Une digitalisation qui doit pouvoir bénéficier aux citoyens et au système de santé grâce à l’arrivée de nouveaux outils numériques performants.

Pour les spécialistes c’est une révolution qui va considérablement améliorer notre vie quotidienne et notre santé. Mais qu’est-ce que la numérisation ?  Quelles sont ses applications dans le secteur de la santé et en quoi peuvent-elles être utiles ? ‘’Ma Santé, Ma Vie’’  vous explique tout.

 

Déclaration du Dr L. Talbi, directrice de l’Agence Nationale de Numérisation de la santé

Avant de répondre à ses questions, nous avons rencontré en marge du 2e Salon international de la Santé “ Health Care Expo-conférences” organisée du 21 au 23 septembre 2023 au Centre International des conférences (CIC) à Alger, Dr L. Talbi directrice de l’Agence Nationale de Numérisation de la santé qui nous a résumé.

Dans une brève déclaration, que ce “projet” qui un concept de bonne-gouvernance parce qu’il s’inscrit dans le plan d’action opérationnel de M. le Président de la République, également il s’inscrit dans le programme opérationnel de M. le ministre de la santé qui est le PAM.

Pour la directrice, la numérisation apporte une valeur ajoutée parce que son utilisation accroit l’efficacité des services de santé. « Avec la numérisation, tout s’accélère, donc nous avons l’automatisation de la prise en charge du patient dès sa rentrée à l’hôpital jusqu’à sa sortie, carte de santé.   On a le dossier médical partagé. On a la télé radiologie et télémédecine.  On a aussi la prise de rendez-vous à distance. Un autre point très important les données de la numérisation de l’e-santé plus précisément nous permettent de s’inscrire dans un écosystème économique qui permet de basculer le système de santé d’une approche curative à une approche préventive et même prédictive ».

Elle enchaînera que : « une redéfinition spatio-temporel de relation de soin nous a permis de repérer des fonctionnalités ou des responsabilités juridiques c’est ce qu’on va voir durant ces journées. Donc, on va essayer durant ce salon Health Care Expo de donner une nouvelle image de la numérisation pour nos professionnels de santé. La numérisation ce n’est pas juste des outils informatiques qui viennent bien sûr faciliter la tâche, c’est toute une planification stratégique qu’en découle un plan d’action opérationnel avec des objectifs biens précis et tout un savoir-faire dans son déploiement ».

 

Docteur S. Brahimi, comité scientifique du salon

Selon Dr S. Brahimi, intégrer la numérisation dans le domaine de la santé sera d’un apport certain. La numérisation exige une collaboration entre les praticiens et les informaticiens pour concevoir un réel outil d’aide aux soins. Les hautes autorités du pays ont mis en place l’Agence Nationale pour la Numérisation de la Santé.

Le membre du comité scientifique précise que l’objectif essentiel de la numérisation de la santé est de dispenser une meilleure prestation de service au malade. « La numérisation va permettre au patient de bénéficier des services de santé sans encombre et de faciliter aux médecins la prise de décision pour une meilleure prise en charge de ce malade. Elle permettra également de pouvoir accéder plus facilement à des services de santé de meilleure qualité. Outre une meilleure prise de décision, elle va permettre la traçabilité et la gestion des médicaments et du consommable au niveau des hôpitaux ».

Elle ajoutera que «La numérisation va permettre de résoudre le problème des archives grâce au dossier électronique du malade, qui pourrait être transféré facilement en cas de besoin d’un établissement hospitalier à un autre et le malade n’aura plus à transporter à chaque fois son dossier puisqu’il pourra l’avoir sur un CD ou sur sa boîte mail. Ceci va permettre une meilleure prise en charge du malade et faciliter le travail du médecin traitant. Je pense que les progrès que nous pourrons réaliser grâce à la numérisation donneront une meilleure image en matière de prise en charge des patients».

Elle a relevé également la nécessité de faire un travail de sensibilisation en direction du citoyen pour l’informer sur cette nouvelle démarche. « Il faut que le malade soit informé du fait qu’il n’aura plus besoin de transporter à chaque fois son dossier médical, mais il suffit juste d’avoir sur un système numérique ».

Le salon ‘‘Healthcare Expo International’’ s’annonce comme une plateforme d’échange et de découverte pour tous les professionnels de la santé. Entre innovations technologiques, avancées médicales et débats autour de la numérisation, cette édition promet d’être riche en enseignements.

 

Stratégie Algérienne de ‘‘santé numérique’’ : un pas de plus vers la médecine du futur

Le développement des objets connectés, de l’intelligence artificielle (IA), la création de dispositifs médicaux numériques, d’outils de mesures, l’émergence de la robotique… autant d’avancées technologiques qui sont une opportunité unique de dynamiser le secteur de la médecine en Algérie.

Depuis son installation au ministère de la santé, M. Saihi a mis en avant l’importance capitale de la numérisation du secteur de la santé, qui permettra une meilleure prise en charge du patient et veillera à son bien-être, en l’aidant à bénéficier de différents services médicaux sans souffrir. Afin de concrétiser cet objectif, « l’Etat n’a ménagé aucun effort dans ce sens », avait-il déclaré auparavant.

Le premier responsable du secteur avait ajouté, dans le même contexte, que « la prise en charge numérique des dossiers des patients permettra un gain de temps aussi bien pour les malades que pour les médecins », tout en soulignant l’introduction d’un numéro d’identifiant national, qui permettra d’accéder aux dossiers médicaux et aux données relatives au parcours de soins du patient de toutes les structures de santé à travers le territoire national.

Concernant les appareils médicaux acquis, le ministre avait souligné que ces derniers seront numériques et reliés à des ordinateurs, répondant à la nouvelle orientation de l’hôpital.

Il avait fait savoir que les commissions d’inspection mises en place, en application aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vont « sillonner toutes les régions du pays, dans le but de s’enquérir de l’état des hôpitaux en matière de numérisation, d’hygiène hospitalière, d’urgences médicales, de gestion  financière et d’amélioration de la performance du personnel, et de la qualité de prestations prodiguées aux citoyens, outre la prise en charge des besoins du personnel et l’écoute de leurs doléances ».

La stratégie Algérienne de numérisation adoptée par le ministère de la Santé repose sur l’actualisation et la modernisation des structures sanitaires et leurs activités. La première étape de cette opération consiste à introduire un numéro d’identification dans le dossier médical électronique du patient, et ce pour améliorer l’efficacité, l’efficience, la qualité et la sécurité des soins de santé.

Le dossier électronique médical (DEM) rassemble les informations médicales relatives à un patient, nécessaires à la coordination des soins, prescriptions, synthèses médicales, comptes-rendus d’hospitalisation, résultats d’analyses et des mentions d’allergies. « Le DEM est un système de gestion informatisé du dossier du patient destiné à remplacer le traditionnel dossier papier », avait rappelé un des intervenants.

Selon un informaticien, la numérisation du dossier médical du patient va assurer la traçabilité à tout accès des professionnels habilités, en temps réel, de tout acte de consultation ou d’alimentation du DEM du patient.

 

Numérisation de la santé : qu’est-ce que la santé digitale ?

Les termes s’accumulent : e-santé, m-santé, santé 2.0, médecine 4.0, télémédecine, health IT, santé digitale, santé connectée… Difficile de s’y retrouver. Mais que signifient ces termes au juste ?

Pour beaucoup de termes de ce “nouveau phénomène”, il n’existe pas (encore) de définitions figées et souvent leur emploi varie d’auteur en auteur. De nombreux termes se chevauchent ou sont utilisés de manière équivalente.

Mais tous ces termes ont un point en commun : ils font référence au web 2.0, donc à l’importance de la communication entre les acteurs et mettent l’accent sur le réseautage. En outre, l’internet des objets (IoT) et l’implication d’objets connectés font leur entrée dans le secteur de la santé et des soins.

Comme son nom l’indique, l’e-santé c’est la numérisation des services de la santé, jusqu’alors exclusivement réservés à une expertise humaine adaptée et unique.

 

Pourquoi numériser les données de santé ?

La numérisation des données est donc utile non seulement pour améliorer la prise en charge des patients, mais aussi pour assurer le pilotage de la santé publique.

Mais que veut dire numériser? Cela signifie simplement «les rendre accessibles via un ordinateur», expliquent les spécialistes. Mais si l’on s’en tient là, «ce processus n’a que peu d’intérêt». Pour que le processus soit utile, il faut au minimum que les informations soient digitalisées de façon à être techniquement échangeables entre les différents ordinateurs des professionnels concernés. C’est ce que l’on nomme «l’interopérabilité technique», celle qui permet notamment d’enregistrer et de transférer les données via un même canal – comme le fait le web. Mais cela ne suffit pas, remarque les spécialistes. Il faut aussi «que les différents systèmes adoptent un langage commun, dont le sens soit compréhensible par les différents utilisateurs» –c’est ce que l’on nomme «l’interopérabilité sémantique».

 

La santé digitale, à l’intersection de la médecine et des nouvelles technologies

Avec l’entrée des nouvelles technologies dans le domaine de la santé il est de plus en plus important d’avoir des compétences interdisciplinaires. Le personnel de la santé se trouve à l’intersection de la médecine et de l’informatique. Avec ce développement, un médecin peut se voir désormais devenir conseiller d’application par exemple.

La santé digitale est considérée comme l’équivalent de l’innovation technologique dans le domaine de la santé. La santé digitale, est un terme générique qui désigne le processus de la numérisation  du secteur de la santé. Il englobe toutes les technologies et applications qui y sont utilisées. Les autres termes sont plutôt des sous-domaines de ce terme générique.

La santé digitale décrit la combinaison de la médecine et la technologie. Cela va de la gestion hospitalière jusqu’à l’intégration de capteurs médicaux et l’utilisation d’applications de santé et de tracking (suivi), en passant par le dossier médical partagé (DMP). L’utilisation de ces applications via des appareils mobiles font d’ailleurs partie de la santé mobile, qui elle-même est un sous-domaine de la santé digitale.

 

Health data sharing : une meilleure interconnexion entre les différents acteurs

La santé digitale utilise des technologies connectées pour englober le plus grand nombre d’acteurs des institutions de santé et les interconnecter. Grâce à l’entrée de la numérisation et le social networking dans le domaine de la médecine de nouvelles possibilités de coopération s’offrent aux acteurs.
La création de réseaux permet une communication rapide. Médecin, pharmacien, laboratoires d’analyses médicales, hôpitaux, ou proches du patient, tout le monde est intégré pour un soin le plus effectif et complet possible.

 

E-santé, au service du public comme des professionnels

En plus de devenir un outil de plus en plus utilisé, l’e-santé permet peu à peu d’assurer un rôle d’une envergure peu négligeable. En effet, quand un spécialiste requiert l’avis d’un collègue, une simple visioconférence assurera un meilleur suivi ainsi qu’une contre-expertise qui permettra parfois d’analyser le mal avec plus de justesse.

Ces visioconférences peuvent également faciliter le suivi en évitant des déplacements aux personnes à la mobilité réduite telles que les personnes âgées, les femmes enceintes, ou les malades souffrant de certaines pathologies, etc. De même, des dispositifs de santé connectée permettront de suivre l’état de santé des patients où qu’ils se trouvent.

Donnant une toute nouvelle dimension aux secteurs de la santé, l’e-santé va permettre peu à peu d’assurer de meilleurs soins, et permettra d’apporter de nouvelles solutions aux médecins et aux patients.

 

Le pouvoir de la numérisation : comment la collecte de données sur la santé améliore notre vie ?

Imaginez que vous vous retrouviez soudainement dans une situation où votre vie est gravement menacée et que vous subissiez par exemple un infarctus du myocarde. Une ambulance vous emmène au service des urgences d’un hôpital. Mais là, le personnel médical spécialisé ne sait rien de votre histoire médicale, si vous avez des antécédents, si vous prenez par exemple des médicaments contre l’hypertension ou quelles étaient vos valeurs sanguines lors du dernier examen. Ces informations sont bien conservées dans un tiroir du cabinet de votre médecin de famille. Et c’est justement parce que de telles informations manquent que l’on perd un temps précieux à chercher la cause de l’urgence.

Dans cette situation, il serait donc avantageux que les données de santé soient disponibles sous forme numérique, de sorte que les professionnels de la santé puissent, où qu’ils se trouvent, avoir accès à vos antécédents médicaux. Cela ne serait pas seulement utile en cas d’urgence, mais aussi si vous prenez différents médicaments pour différentes maladies. Car jusqu’à présent, les médecins dépendent de votre capacité à énumérer vous-même vos médicaments au bon moment. En cas d’erreur, il se peut que l’on vous prescrive deux médicaments qui ne sont pas compatibles et cela peut avoir des conséquences dangereuses.

 

E-patient : le dossier médical informatisé / dossier santé numérique

Un des projets de le e-santé est la mise en place de dossiers médicaux partagés (DMP).  Le but de ce e-dossier, déjà lancé en Algérie ces dernières années, est la centralisation des informations du patient pour accélérer et faciliter l’échange entre les différents acteurs pour une coopération plus efficace.

La santé numérique comporte des avantages cliniques et économiques aussi bien pour les médecins que pour le patient. Elle permet :

  • Le stockage des informations de patient à un seul endroit
  • L’accès aux informations depuis n’importe où
  • Des processus optimisés dans le temps
  • Une meilleure gestion et suivi de maladies aiguës et chroniques grâce aux objets connectés
  • Une réduction des coûts
  • Une amélioration de qualité et de diligence

La santé digitale va aider dans la lutte contre la pénurie de personnel et les déserts médicaux. Avec le soutien des nouvelles technologies, un médecin pourra à l’avenir soigner un plus grand nombre de patients. Cela décharge le personnel et, grâce à la télé-santé, de grandes distances pourront être surmontées.

 

Faciliter le parcours de soins

L’échange de données ne s’impose pas seulement en situation de crise sanitaire, mais en Algérie, il n’est pas facile de le mettre en place. «Le secteur de la santé est très fragmenté», constate un des  médecins rencontré en marge du 2e Salon international de la Santé “ Health Care Expo-conférences” . Chaque acteur – hôpital, cabinet médical, pharmacie, laboratoire d’analyse, EMS, services de soins à domicile, etc. – ‘’dispose’’ de son propre système de stockage des données de ses patients. «Cela ressemble à une série d’îlots qui ne communiquent pas entre eux», constate-t-il

Cette fragmentation n’est pas sans conséquences pour les patients. Pour certains, «le parcours de soins ressemble à la trajectoire d’un piste de compagne», selon le docteur. D’où l’importance de faciliter l’échange de données entre les divers professionnels de santé, afin de «rendre cohérente cette trajectoire chaotique». Cela n’a rien d’anodin, puisqu’«une grande partie des erreurs médicales – qui sont la troisième cause de mortalité aux États-Unis par exemple – est liée au fait que le soignant ne dispose pas de la bonne information, au bon moment, pour prendre les bonnes décisions», souligne-t-il.

 

Changement de paradigme

 

En Algérie, la situation est en train d’évoluer, comme le montre la mise en place progressive du Dossier électronique du patient (DEP). Peu à peu, les différents acteurs de la santé s’y mettent. «Les hôpitaux universitaires, qui ont contribué depuis une quelques années au développement des outils numériques, sont de bons élèves», remarque un des intervenants au forum du 2 Salon international de la santé “ Health Care Expo. Les pharmacies sont elles aussi numérisées depuis longtemps et peuvent donc se connecter, tandis que «les services de soins dans certains hôpitaux sont en train de le faire à toute vitesse». En revanche, «ce n’est pas encore le cas de la plupart des médecins installés».

Il y a donc encore du chemin à parcourir pour que les systèmes informatiques mis en place chez les différents acteurs de la santé puissent réellement communiquer. «Tant que l’on n’aura pas adopté un cadre normatif obligatoire pour imposer l’interopérabilité des différents systèmes, on n’y arrivera pas», souligne un autre participant. Il ne faut pas oublier que la numérisation et le traitement de toutes ces données par les professionnels de santé, surtout pour ceux qui travaillent dans des cabinets indépendants, prennent du temps et représentent une grosse charge de travail. Elles nécessitent aussi des ressources qui sont coûteuses. «Elles devraient être rétribuées», estime ce jeune praticien.

 

Qui prend la responsabilité de veiller à ce que ces données sensibles soient traitées correctement ?

Bien sûr, il faut établir des limites claires, par exemple, pour déterminer quelles informations seront transmises aux médecins, aux compagnies d’assurance maladie ou aux employeurs. Il s’agit ensuite de créer un concept en matière de droits.

Il ne faut pas oublier que le secret médical est une obligation, destinée à sauvegarder la santé des personnes qui peuvent se confier à un médecin. Les obligations déontologiques du médecin concernant la conservation du DME sont essentiellement les mêmes que celles qui s’appliquent au dossier papier.

Il y a essentiellement trois aspects qui doivent être abordés ici : la faisabilité médicale, la responsabilité éthique et la réalité économique – que peut se permettre l’individu ou le système de santé ?

  • Il faut trouver un équilibre entre ces trois facteurs.
  • Prendre des dispositions techniques et légales dissuasives pour prévenir les risques d’usage abusif est nécessaire.

B.C.

Précédent
Suivant