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Pourquoi l’administration américaine veut-elle bannir les colorants artificiels ?

Edité par : Bouchedoub Maryem | Doctorante en Biotechnologie Microbienne
18 juillet 2025

Le 22 avril 2025, la Food and Drug Administration (FDA), l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, a annoncé vouloir retirer progressivement huit colorants artificiels d’ici 2026. Cette mesure, soutenue par de nombreux experts scientifiques et groupes de consommateurs, s’inscrit dans une volonté de réduire l’exposition à certains additifs potentiellement nocifs pour la santé, en particulier chez les enfants. Elle vise aussi à rapprocher la réglementation américaine de celle de l’Union européenne.

Parmi les principaux colorants dans le viseur de la FDA figurent :

  • E129 (Red 40)
  • E102 (Yellow 5, Tartrazine)
  • E110 (Yellow 6, Jaune orangé S)

Ces colorants sont largement utilisés dans les confiseries, les boissons et les céréales, mais ils sont liés à des risques d’hyperactivité, d’allergies, voire de cancérogénicité. L’Union européenne, plus stricte, exige déjà un étiquetage clair et limite fortement leur usage.

Cette annonce fait suite à une décision antérieure, prise en janvier, qui interdisait l’usage du colorant Red 3 (E127), jugé cancérigène chez l’animal depuis plus de 30 ans.

Le E171, un colorant blanc contenant des nanoparticules, a été interdit dans l’Union européenne en 2022, après réévaluation par l’EFSA. Il reste cependant autorisé aux États-Unis, bien que certaines entreprises l’aient déjà supprimé de leurs produits par précaution.

Une étude menée par Karboua Iman et Laoues Kheira (Université Ziane Achour de Djelfa) a analysé la présence de colorants controversés dans des produits alimentaires et cosmétiques commercialisés en Algérie. Les résultats sont alarmants :

  • Dans les brillants alimentaires, E171 était présent à 62,9 %.
  • Dans les rouges à lèvres, 70,9 % contenaient du E171, 50,9 % du E133 (bleu brillant FCF), et 45,5 % du E102.
  • Dans les pâtes d’arôme, jusqu’à 56 % des échantillons contenaient du E102.

Ces chiffres témoignent d’une réglementation insuffisante et d’un étiquetage souvent incomplet, exposant les consommateurs à des substances à risque sans information claire.

Par ailleurs :

– Certains colorants comme le E123 (Amarante) sont interdits en Europe, mais détectés dans des produits en Algérie.

– Le E171, qui contient des nanoparticules, est retrouvé dans une proportion très élevée, notamment dans les brillants alimentaires et rouges à lèvres.

– Aucune interdiction légale formelle n’existe en Algérie concernant ces colorants.

– De nombreux produits présentent un étiquetage incomplet ou inexistant, empêchant le consommateur d’être informé sur leur composition réelle.

De nombreuses études scientifiques ont mis en évidence les effets néfastes potentiels des colorants artificiels sur la santé humaine. Parmi les principaux risques identifiés :

  • Une augmentation des troubles de l’attention et de l’hyperactivité chez les enfants, en lien avec des colorants tels que la tartrazine (E102) ou le rouge allura (E129).
  • Des réactions allergiques ou d’intolérance, notamment des éruptions cutanées, des maux de tête ou des troubles digestifs.
  • Un potentiel cancérogène suspecté pour certains colorants comme l’amarante (E123), interdit dans plusieurs pays.
  • La présence de nanoparticules dans le dioxyde de titane (E171), qui pourrait entraîner une accumulation dans l’organisme et affecter les cellules et organes à long terme.

Ces effets justifient la vigilance des autorités sanitaires et les appels croissants à une réglementation plus stricte.

Les colorants naturels (issus de betteraves, curcuma, spiruline, carotte, etc.) offrent une solution plus sûre. Bien qu’ils soient souvent plus coûteux, ils gagnent en popularité auprès des consommateurs soucieux de leur santé. Certaines grandes marques les adoptent déjà.

Des recherches récentes confirment la volonté croissante d’éliminer les colorants artificiels au profit d’alternatives plus saines :

  • Une étude publiée par le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics indique que 20 % des aliments emballés aux États-Unis contiennent encore des colorants artificiels, y compris dans des produits inattendus comme les pains et les céréales.
  • La FDA a approuvé en mai 2025 trois nouveaux colorants naturels : Galdieria blue, Butterfly pea extract, et Calcium phosphate, utilisables dans une large gamme d’aliments.
  • L’université d’État de l’Ohio a développé des pyranoanthocyanines, pigments rouges naturels plus stables à la chaleur et à la lumière, issus de fruits comme le chou rouge.
  • Des entreprises comme Nestlé USA se sont engagées à retirer tous les colorants artificiels de leurs produits d’ici mi-2026, optant pour des extraits végétaux comme le jus de carotte, le curcuma ou l’annatto.
  • Des solutions issues de la fermentation microbienne (levures, micro-algues) gagnent en intérêt pour produire des pigments naturels plus stables.

Cependant, certains colorants naturels (comme le carmin) peuvent provoquer des allergies, et leur stabilité reste un défi technique. La recherche continue donc d’optimiser ces solutions.

Cette réforme marque un tournant dans l’histoire de l’agroalimentaire aux États-Unis, longtemps considéré comme le royaume de la malbouffe. Elle pourrait bien ouvrir la voie à une alimentation plus saine, plus transparente, et surtout, plus respectueuse des consommateurs.

 L’Algérie, en revanche, reste à la traîne, exposant sa population à des substances potentiellement nocives. Un encadrement plus strict, une meilleure information du public et une promotion des alternatives naturelles apparaissent comme des priorités pour la santé publique.

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