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Octobre Rose : Le lymphœdème, ce fardeau méconnu des survivantes du cancer du sein

Edité par : Dr Brahimi Souad | Docteur en Medecine
4 octobre 2025

Chaque année, des milliers de femmes remportent leur combat contre le cancer du sein. Mais pour près d’une patiente sur cinq ayant subi un curage axillaire (ablation des ganglions lymphatique ), la victoire est assombrie par une nouvelle épreuve : le lymphœdème.

Cette complication chronique, encore largement méconnue du grand public, se manifeste par un gonflement d’un membre (souvent le bras) causé par une altération du système lymphatique. La peau s’épaissit, le volume du membre augmente et devient difficile à résorber. Le traitement repose essentiellement sur des dispositifs de compression médicale, qui permettent de stabiliser ou réduire partiellement l’œdème, mais jamais de le guérir.

Le lymphœdème constitue une véritable triple peine pour les patientes :

  • d’abord la maladie initiale, le cancer du sein, avec son lot de traitements lourds ;
  • ensuite l’apparition du lymphœdème, douloureux et invalidant ;
  • enfin la charge financière, car les patientes doivent supporter une partie des coûts liés à un traitement à vie.

Les conséquences dépassent le seul cadre médical. Le gonflement visible d’un membre entraîne un handicap fonctionnel, une gêne quotidienne, un impact psychologique majeur (perte d’estime de soi, isolement, regard pesant des autres) et souvent une errance diagnostique, retardant la prise en charge.

Le lymphœdème est une conséquence directe des traitements anticancer. Il doit être reconnu comme tel.

Pourtant, malgré son poids médical et social, cette complication n’est toujours pas officiellement considérée comme un effet secondaire à part entière des traitements du cancer. La loi visant à améliorer la prise en charge post-cancer doit intégrer le lymphœdème dans ses dispositions.

Au-delà du cancer du sein, le lymphœdème peut également toucher les membres inférieurs, notamment après des traitements de cancers gynécologiques. L’absence de reconnaissance officielle limite la mise en place de parcours de soins adaptés, alors que la maladie touche des milliers de femmes chaque année.

Un parcours coordonné – incluant oncologues, kinésithérapeutes spécialisés, lymphologues et psychologues – permettrait de réduire les complications, d’améliorer la qualité de vie et de diminuer les coûts à long terme.

  • Dépistage précoce : tout bras ou jambe gonflé après un traitement anticancer doit alerter et orienter vers un spécialiste en lymphologie.
  • Traitement continu : bandages, manchons ou bas de compression, kinésithérapie spécialisée (drainage lymphatique manuel), activité physique adaptée.
  • Prise en charge globale : soutien psychologique, accompagnement social, reconnaissance de la pathologie par la Sécurité sociale.
  • Information du public et des soignants : former les professionnels de santé et sensibiliser les patientes dès le début du parcours anticancer.

Alors que le mois d’Octobre Rose met en lumière la prévention et le dépistage du cancer du sein, il est essentiel de ne pas oublier celles qui continuent à souffrir d’une complication évitable et négligée.

Reconnaître le lymphœdème, c’est aller au-delà de la victoire contre le cancer et offrir aux patientes une véritable qualité de vie après la maladie. C’est aussi, pour la société, relever un enjeu majeur de santé publique, en intégrant enfin la prise en charge des séquelles au cœur de la lutte contre le cancer.

Mots clés : santé ; cancer ; femme ; lymphœdème ; maladie ; altération ;

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