On a qualifié la résistance aux antimicrobiens de lente catastrophe. Autrefois, si vous traitiez une infection bactérienne et qu’un antibiotique donné ne fonctionnait pas, vous en utilisiez simplement un autre. Toutefois, les choix se font moins nombreux et, dans certains cas, ont disparu. La résistance aux antimicrobiens est une importante menace mondiale pour la santé publique, la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments, ainsi que pour les moyens d’existence, la production animale et le développement économique et agricole.
Le nombre de cas de gonorrhée multirésistante aux antibiotiques signalés tant à l’échelle mondiale qu’à l’échelle nationale est en hausse, et la possibilité que la gonorrhée devienne non traitable est réelle.
En effet, d’après les estimations, 700 000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antimicrobiens (RAM) et un nombre incalculable d’animaux malades ne répondent pas aux traitements.
« Les antimicrobiens: à utiliser avec prudence » est le slogan dédié à la journée nationale de lutte contre la résistance aux antimicrobiens de cette année 2023. À cette occasion et pour soutenir ces efforts ‘’Ma Santé, Ma vie’’, va contribuer avec cet article pour informer et sensibiliser les citoyens et les personnels de la santé humaine et animalière, sur le problème de résistance aux antimicrobiens.
Un examen plus approfondi du phénomène de la résistance aux antimicrobiens nous permettra de mieux comprendre les risques qu’elle fait peser sur le futur, à l’échelle mondiale.
Qu’est-ce que la résistance aux antimicrobiens ?
Les antimicrobiens sont un outil essentiel contre les infections tant chez les humains que chez les animaux, mais sont en train de perdre de leur efficacité plus rapidement que notre capacité à mettre au point de nouveaux médicaments ou d’autres traitements, ce qui a des conséquences importantes sur la santé des humains, la santé des animaux, la salubrité des aliments, l’environnement et l’économie.
- La résistance aux antimicrobiens (RAM) est un phénomène naturel qui fait que les micro-organismes comme les bactéries, les virus, les parasites et les champignons deviennent insensibles aux effets des médicaments antimicrobiens, tels que les antibiotiques, précédemment efficaces pour traiter les infections.
- Toute utilisation d’antimicrobiens peut conduire au développement d’une résistance. Plus on utilise d’antimicrobiens, plus il y a de probabilités que les micro-organismes développent une résistance,
- en cas de mauvaise utilisation ou d’abus, le processus est accéléré. La prise de doses incorrectes, ou encore l’administration d’un antimicrobien à la mauvaise fréquence ou pendant une durée insuffisante ou excessive sont des exemples de mauvaise utilisation.
Comment la résistance aux antimicrobiens se développe-t-elle ?
Sans antimicrobiens efficaces, notre capacité à lutter contre les maladies infectieuses pourrait diminuer considérablement.
- Les infections graves pourraient devenir impossibles à traiter;
- les maladies, plus longues et plus graves;
- les traitements, plus chers et toxiques;
- et le risque de décès pourrait augmenter.
Si les infections ne pouvaient pas être prévenues ou traitées, des traitements comme les greffes d’organes, la chimiothérapie contre le cancer et les chirurgies majeures (p. ex., accouchements par césarienne ou arthroplastie de la hanche et du genou) pourraient devenir si risqués qu’ils ne seraient pas facilement accessibles.
- Les bactéries causent une infection ;
- Des antibiotiques sont administrés pour tuer les bactéries ;
- Certaines bactéries responsables de la maladie résistent au traitement antibiotique ;
- Les bactéries résistantes continuent à se multiplier et causent une infection nécessitant d’antibiotiques pour traiter l’infection et l’empêcher de se propager.
Quels sont les dangers de la résistance aux antimicrobiens ?
Les infections résistantes aux antibiotiques ou aux antimicrobiennes peuvent arriver n’importe où à n’importe qui.
- La RAM réduit l’efficacité des médicaments, de sorte qu’il devient difficile ou impossible de traiter les infections et les maladies.
- La RAM est associée à une augmentation de la mortalité,
- à une prolongation des maladies chez l’homme et l’animal,
- à des pertes de production dans l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture. L’intensification de la production agricole a entraîné une utilisation croissante des antimicrobiens –qui devrait plus que doubler d’ici 2030.
- Cela fait peser une menace pour la santé mondiale, les moyens d’existence et la sécurité alimentaire.
- En outre, la résistance aux antimicrobiens augmente le coût des traitements et des soins.
Quid des groupes à risque ?
Certains groupes de personnes courent en général un plus grand risque d’infection, ce qui signifie qu’ils courent également un plus grand risque de contracter une infection causée par un agent résistant aux antibiotiques ou aux antimicrobiens :
- les nourrissons, en particulier les bébés prématurés ;
- les personnes âgées, en particulier celles qui vivent dans des établissements de soins de longue durée ou des résidences ;
- les personnes sans domicile ou qui vivent dans des conditions de surpeuplement ou d’insalubrité ;
- les personnes dont le système immunitaire est affaibli en raison d’une maladie ou d’une blessure ;
- Les personnes qui exercent des professions susceptibles de les exposer à des bactéries ou à des maladies infectieuses, comme les médecins, les infirmières, les vétérinaires, les travailleurs de la transformation de la viande et les agriculteurs,…
Comment les bactéries et les organismes résistants se propagent-ils ?
Les bactéries et les organismes résistants se propagent de la même manière que les organismes non résistants. Ils peuvent se propager d’une personne à l’autre par le toucher, la toux, les éternuements et l’exposition à des fluides corporels.
Par ailleurs, les bactéries peuvent vivre sur des surfaces telles que les poignées de porte, les claviers, et les ustensiles,…
Vous pouvez également être exposé si vous manipulez, préparez ou mangez des aliments contaminés, tels que de la viande, de la volaille, des produits laitiers, des fruits et des légumes.
- L’eau ou le sol contaminé peut également être à l’origine d’infections par contact direct ou par l’introduction de bactéries dans les aliments.
- Certaines bactéries peuvent être transmises des animaux aux êtres humains, soit par le contact, soit par le fumier.
Quels sont les moyens de prévenir la propagation des bactéries et des organismes résistants?
Les spécialistes recommandent d’appliquer de bonnes pratiques d’hygiène pour réduire la propagation des infections et des virus.
- Lavez les mains : Le savon et l’eau sont efficaces. Lavez-les pendant au moins 15 secondes et utilisez une bonne technique ;
- Tousser ou éternuer dans un mouchoir ou dans votre coude et ne pas toucher vos yeux, votre nez et votre bouche ;
- Veillez à ce que tous vos vaccins soient à jour ;
- Nettoyez les surfaces partagées, telles que les ustensiles, les livres, les tables, les poignées de porte, etc. Le savon et l’eau sont efficaces pour le nettoyage ;
- Conservez, manipulez et préparez les aliments de manière sécurisée.
- Appliquez de bonnes pratiques d’hygiène alimentaire et culinaire ;
- Si vous avez des vomissements ou la diarrhée, lavez-vous les mains et nettoyez la salle de bains. Ne manipulez pas d’aliments si vous êtes malade ;
- Appliquez des pratiques sexuelles sans risque (certaines infections sexuellement transmissibles sont résistantes aux antibiotiques) ;
- Si vous utilisez de l’eau du puits, faites-la analyser régulièrement ;
Si vous êtes admis dans un hôpital ou êtes confié aux soins d’un professionnel de la santé :
- parlez à ce dernier ;
- Avisez-le si vous remarquez une infection de la peau (en particulier sur un site de chirurgie) ou si vous avez la diarrhée ;
- Demandez que tout le monde se lave les mains avant de vous toucher ;
- Demandez des tests pour vous assurer que le bon antibiotique est prescrit.
Quelles précautions pourraient être mises en place si on travaille dans un milieu de soins de santé?
Comme les travailleurs de la santé aident de nombreux patients pendant leur quart de travail, il importe de suivre certaines étapes pour combattre la propagation de l’infection.
En général, les méthodes suivantes sont employées :
- Isolement – lorsque le patient se voit attribuer sa propre chambre ou partage une chambre avec d’autres personnes qui ont la même infection ;
- Restrictions des endroits où le patient peut être transporté ou déplacé ;
- Gants et lavage des mains – portez des gants et lavez-vous les mains après le contact, en particulier après le contact avec les fluides corporels. Vous devrez peut-être changer de gants et vous laver les mains entre les interventions auprès d’un même patient pour éviter la contamination de différentes parties du corps.
- Masques/blouses – les vêtements de protection requis dépendent du niveau de contact avec les fluides corporels ou les excréments.
- équipement adéquat – assurez-vous que tout l’équipement utilisé est nettoyé, désinfecté ou mis au rebut adéquatement. Les surfaces de l’équipement dans la chambre du patient doivent également être nettoyées et désinfectées.
- Nettoyage correcte de la lessive ;
- Des procédures spéciales peuvent être mises en place pour les analyses et la surveillance active de l’infection (p. ex. détecter les patients porteurs de l’organisme à leur admission à l’hôpital et isoler les patients, même s’ils ne présentent pas de symptômes et sont seulement colonisés par les bactéries).
Plan national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, comporte des éléments à observer:
- à informer les citoyens et les personnels de la santé humaine et animalière, sur le problème de résistance aux antimicrobiens en les sensibilisant quant à ses répercussions ;
- la surveillance ;
- la prévention et le contrôle des infections ;
- l’intendance ;
- la recherche et l’innovation.
B.C.