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Les cancers au féminin : comment les appréhender?

Edité par : Dr Abane M. Nadège | Médecin spécialiste en gynécologie Obstétrique
4 février 2022

Chaque année, des milliers de femmes sont victimes d’un cancer. Que ce soit, le cancer du sein, du col de l’utérus ou un cancer de l’endomètre, ces trois types demeurent les plus fréquents. Mais, heureusement, plus que tout autre, ces cancers féminins peuvent être évités, prévenu par un dépistage. Alors, Par quoi se caractérisent-ils et comment en assurer la prévention, la sensibilisation et le dépistage?

 

1- Le Cancer du Sein

Il demeure le plus fréquent chez la femme avant le cancer colorectal. En Algérie, on compte environ vingt mille cas de ce type de cancer par an et la moyenne d’âge est de 45 ans, dans 99% des cas. Il est féminin, mais il peut aussi survenir chez l’homme. Son dépistage à un stade précoce permet une guérison à 90%. Cependant il reste la première cause de mortalité par cancer chez la femme.

 

  • Un cancer hormono-dépendant à plusieurs facteurs de risque

C’est le cancer de la femme « intellectuelle » qui n’a pas fait d’enfant ou peu, ou encore, qui en a eu tardivement. L’exposition aux œstrogènes, à savoir la pilule au long cours et le traitement hormonal substitutif chez la ménopausée, est un des facteurs à risques les plus importants. Parmi les autres facteurs, la génétique y est prépondérante parles deux mutations de gènes qui causent ce cancer, à savoir, le BRC 1 et le BRC2 (le cas, par exemple, de l’actrice Angelina Jolie). En outre, Les facteurs héréditaires familiaux, d’autres facteurs environnementaux, peuvent être cités, ceux liés aux irradiations, au tabagisme, au stress, à la sédentarité, et à l’intoxication à l’aluminium.

  • Quand faut-il le soupçonner?

La découverte peut être fortuite lors d’un examen d’une asymétrie mammaire récente, une palpation d’un nodule solide et dur au niveau du sein ou sous l’aisselle et même, une modification cutanée de la peau du sein ou du mamelon ou une rétraction, une induration ou invagination, voire, des lésions crouteuses comme de l’eczéma, parfois un écoulement mamelonnaire séreux ou séro-sanglant.

  • Comment diagnostiquer et traiter?

L’examen clinique pratiqué par le médecin est primordial ainsi que l’exploration radiologique qui repose essentiellement sur la mammographie: l’examen clef de voute du diagnostic même précoce, et lors de dépistage. De plus, l’échographie mammaires fait à n’importe quel moment, en complément de la mammographie, ou seule, surtout chez la femme jeune, parfois L’IRM mammaire pour conclure avec certitude le diagnostic. A noter que les prélèvements percutanés, la micro ou macro-biopsie et la cytologie sont, actuellement, quasi abandonnés, sauf pour les écoulements mamelonnaires.

Bien qu’il y ait eu des avancées majeures avec la découverte de nouveaux traitements, cela reste un passage difficile et coûteux autant que le traitement et la surveillance sont pluridisciplinaires. On associe souvent, la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et les traitements adjuvants.

  • Autopalpation et dépistage

Le dépistage par mammographie du cancer du sein s’adresse à toutes les femmes âgées de 50 à 75 ans. L’autopalpation mammaire est un examen vraiment utile que l’on peut faire soi-même à la maison, en complément du dépistage. Elle permet de découvrir une anomalie dans un tiers des cas.

2- Le Cancer du Col de l’Utérus

Le cancer du col est le plus souvent dû au portage, à plus au moins long terme, du virus HPV « Humain Papilloma Virus », qui en évoluant dans le temps, apporte des modifications cellulaires, aboutissant  à un cancer, proprement dit.

Donc, on peut raisonnablement dire que le cancer du col est une Maladie Sexuellement Transmissible (MST), due à l’HPV Oncogène 16 et 18, étant les plus connus. D’où la nécessité d’instaurer un dépistage de masse par la réalisation systématique de frottis cervicaux, FCV, chez toute femme ayant une activité génitale. La venue de la vaccination va peut-être révolutionner son épidémiologie.

  • C’est un cancer évitable

L’intervalle entre la première anomalie et le cancer, étant d’environ 15 ans, d’où possibilité de le dépister à un stade précancéreux et de le traiter. Malheureusement, on en voit encore des formes invasives et mutilantes de nos jours, responsables de nombreux décès.

L’activité sexuelle à un jeune âge et l’absence de dépistage chez les femmes de conditions socioéconomiques défavorables sont des facteurs de risque important à citer, outre, le tabagisme, la contraception orale et les déficits immunitaires.

  • Le découvrir et le diagnostiquer …

Les circonstances de découverte sont, en général, entre 45 et 55 ans, voire, bien plus tard. Ces signes se manifestent par:  Des métrorragies (saignements), spontanées ou provoquées par les rapports sexuels, des pertes vaginales : rosée ; malodorantes. D’autres symptômes peuvent s’ajouter dans les formes évoluées, telles que les douleurs lombaires, l’infection, voire, une symptomatologie vésicale et rectale.

Ces signes nécessitent le recours à une consultation médicale pour diagnostic et traitement. Si ce cancer  est pris à temps, le pronostic reste bon avec une survie à 5 ans, dans 85%de cas.

 

3- Cancer de L’Endomètre Soit du Corps de L’Utérus

« Classique » chez la femme ménopausée, c’est un cancer hormono-dépendant, dont la femme qui en est atteinte doit être soumise à des suivis réguliers si elle est sous traitement hormonal de substitution de la ménopause.

  • Quels signes d’appels et comment diagnostiquer?

Chez une femme ménopausée, obèse, diabétique ou hypertendue, qui consulte pour des saignements spontanés comme un retour de règles après une longue absence. Tout saignement post ménopausique est suspect. Le diagnostic est basé sur le curetage biopsique ainsi que l’IRM pelvienne, qui est l’examen indispensable pour déterminer le stade du cancer et pour décider du traitement à adopter.

Bien qu’il n’existe pas de stratégie de dépistage pour ce cancer. Le pronostic dépend de plusieurs facteurs, en l’occurrence, l’opérabilité de la patiente. C’est un cancer à évolution lente et globalement de bon pronostic.

 

4- Le cancer de l’ovaire

Il occupe le 5ème rang dans les décès par cancer chez la femme. Il est de pronostic sombre, car souvent découvert tardivement. Il n’est que de 20% de survie à 5 ans, au stade 4. La pilule contraceptive est un facteur protecteur vis-à-vis de ce cancer.

 

  • Plusieurs facteurs de risque incriminés…

Sont, souvent, des mutations génétiques « gènes BRca1 etBRca2 », ainsi que la nulliparité, les règles précoces et la ménopause tardive par augmentation du nombre d’ovulations, de même, la fécondation in vitro et la stimulation ovarienne. En revanche, la pilule, la grossesse, l’allaitement, la ligature des trompes, sont associés à une diminution de ce cancer.

  • Le découvrir et le diagnostiquer

Il est admis que ce cancer d’évolution silencieuse soit asymptomatique, les signes apparaissent habituellement à un stade évolué, parfois avec métastases. Ces signes peuvent inciter à consulter chez le médecin, les plus fréquents sont :

  • Douleurs abdomino-pelviennes et augmentation du volume abdominal (masse, ascite)
  • Des pertes vaginales anormales
  • Des symptômes urinaires

L’échographie pelvienne est l’examen clé qui permet de visualiser et suspecter la malignité de la tumeur. Mais il est recommandé de pratiquer une IRM pelvienne afin d’orienter le diagnostic et le traitement généralement chirurgical.

 

Il en résulte de tout ce qui a précédé, qu’il faut, donc, établir une bonne stratégie de dépistage de masse pour les cancers dépistables aisément, comme le sein et le col de l’utérus. Pour l’endomètre et l’ovaire, malheureusement, ils sont non dépistables en masse, d’où une échographie annuelle à titre individuel qui serait une option salutaire au profit de la femme concernée.

Dr Abane. M. N.

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