Les benzodiazépines sont couramment prescrites pour leurs propriétés anxiolytiques, hypnotiques et sédatives. Toutefois, leur utilisation peut entraîner des effets secondaires notables, notamment sur la mémoire et la cognition. Le Pr Hélène Verdoux explore ces effets et propose des recommandations pour limiter les risques associés à ces médicaments.
Effets sur la mémoire épisodique et antérograde
Les plaintes fréquentes des utilisateurs de benzodiazépines (alprazolam, oxazépam, diazépam, etc.) et de molécules apparentées (zopiclone) concernent leurs effets sur la mémoire. Ces effets amnésiants varient selon l’âge, la dose, et l’association avec d’autres médicaments ayant des effets amnésiants, notamment les psychotropes à effet anticholinergique (cyamémazine, clozapine, hydroxyzine, certains antidépresseurs).
Les benzodiazépines peuvent perturber la mémoire épisodique, affectant la capacité à se souvenir d’événements passés et à planifier ceux à venir. Cela peut entraîner des oublis de rendez-vous ou de la localisation d’objets. De plus, ces médicaments peuvent entraver la capacité à mémoriser de nouvelles informations, provoquant une amnésie antérograde. Cet effet est particulièrement marqué avec les benzodiazépines à demi-vie courte comme les Z-médicaments (zolpidem et zopiclone).
Benzodiazépines et stress post-traumatique
En raison de leurs effets amnésiants, il est déconseillé de prendre des benzodiazépines pour diminuer l’anxiété immédiatement après un événement traumatique. Cela peut aggraver les perturbations de la mémoire causées par le traumatisme et augmenter le risque de développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT).
Benzodiazépines et démence
Les effets amnésiants des benzodiazépines disparaissent généralement après l’arrêt du traitement. Cependant, une exposition prolongée peut entraîner des perturbations mnésiques persistantes.
Des études ont montré une association entre l’usage prolongé de benzodiazépines et un risque accru de démence, notamment avec les benzodiazépines à demi-vie longue. Bien qu’aucune relation de cause à effet n’ait été prouvée, d’autres facteurs pourraient être impliqués chez les utilisateurs de benzodiazépines, liés aux pathologies traitées. Il est donc recommandé de limiter la durée de prescription des benzodiazépines.
Règles de prescription des benzodiazépines
- Respect des posologies recommandées
- Monothérapie
- Arrêt progressif
- Durée limitée : de 4 à 12 semaines, sevrage inclus
- Réévaluation régulière
Chez le sujet âgé plus de 65 ans
- Utiliser des molécules à demi-vie courte
- Posologies initiales divisées par deux
- Pas de renouvellement au-delà de 4 semaines sans réévaluation
Les benzodiazépines, bien que efficaces pour traiter l’anxiété et les troubles du sommeil, nécessitent une utilisation prudente et contrôlée. Il est essentiel de suivre les recommandations de prescription pour minimiser les risques d’effets secondaires graves, notamment sur la mémoire et la cognition.
Le Pr Hélène Verdoux souligne l’importance de la vigilance dans la prescription de ces médicaments, particulièrement chez les personnes âgée.
Dr M. T. Aissani
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