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Devenir mère après un cancer du sein : un projet désormais possible pour la majorité des femmes

Edité par : Dre Souad BRAIMI | Docteure en médecine
27 novembre 2025

Recevoir un diagnostic de cancer du sein en pleine période de vie reproductive soulève une question angoissante : « Pourrai-je encore avoir un enfant ? ». Si l’âge médian au diagnostic est de 64 ans – une période où la plupart des femmes ont déjà réalisé leur projet parental – plusieurs milliers de femmes plus jeunes se retrouvent chaque année confrontées à cette interrogation. La bonne nouvelle est que les progrès médicaux permettent aujourd’hui d’envisager une grossesse sans augmenter le risque de récidive, comme le soulignent plusieurs spécialistes.

Tous les traitements ne touchent pas la fertilité de la même manière. Certains n’ont aucun impact, d’autres peuvent réduire la réserve ovarienne ou perturber les cycles.

La chirurgie : aucun effet sur la fertilité : Qu’il s’agisse d’une mastectomie ou d’une tumorectomie, les organes reproducteurs ne sont pas impliqués. Une grossesse reste donc parfaitement envisageable après l’intervention, après avis de l’équipe médicale.

La radiothérapie : un risque quasi nul : La radiothérapie du sein est localisée et n’atteint pas les ovaires. La fertilité est donc préservée.

La chimiothérapie : le traitement qui inquiète le plus : Les molécules chimiothérapiques peuvent endommager les ovocytes, provoquer une diminution de la réserve ovarienne, des irrégularités des cycles ou une insuffisance ovarienne prématurée.

Le risque dépend :

  • de l’âge (plus élevé après 35 ans),
  • du type de chimiothérapie, notamment celles contenant du cyclophosphamide,
  • de la réserve ovarienne initiale.

D’où l’importance d’aborder sans tarder la question de la préservation de la fertilité avant le début du traitement.

L’hormonothérapie : cycles perturbés, fertilité conservée : Le tamoxifène, utilisé chez les femmes jeunes, peut rendre les cycles irréguliers, mais n’altère pas la fertilité de façon durable. Cependant, une grossesse est impossible pendant ce traitement, qui doit être arrêté suffisamment tôt car il est tératogène.

La situation est rare, mais les traitements peuvent être toxiques pour le fœtus et la grossesse interfère avec la prise en charge oncologique.

Une consultation spécialisée est indispensable pour anticiper une préservation de la fertilité si la patiente souhaite un enfant après le traitement.

Conformément à la loi et au Plan Cancer, toutes les femmes en âge de procréer bénéficient d’une consultation dédiée à la préservation de la fertilité dès le diagnostic.

Pourquoi cette préservation est-elle essentielle ?

  • Les traitements peuvent réduire durablement la réserve ovarienne.
  • Certaines patientes porteuses d’une mutation BRCA1/BRCA2 ont déjà une fertilité fragilisée.
  • L’âge des grossesses étant de plus en plus tardif, nombre de patientes n’ont pas encore eu d’enfant au moment du diagnostic.

Quelles techniques sont disponibles ?

Plusieurs options, choisies selon l’âge, la situation et l’urgence du traitement :

  • Vitrification d’ovocytes (la plus courante)
  • Vitrification d’embryons
  • Cryopréservation de tissus ovariens (moins indiquée chez BRCA)
  • Maturation in vitro (MIV)
  • Agonistes de la GnRH pour « mettre au repos » les ovaires pendant la chimiothérapie

La consultation peut être organisée en quelques jours, car le cancer ne laisse pas de temps d’attente.

D’autres voies permettent d’accéder à la parentalité :

  • Don d’ovocytes, si les ovaires sont trop endommagés
  • Adoption, pour éviter tout risque médical lié à une grossesse

Les spécialistes recommandent généralement d’attendre 2 à 3 ans, période correspondant au pic de risque de récidive.

Un bilan complet est nécessaire : examen clinique, imagerie, bilan cardiaque en cas de traitements cardiotoxiques, et arrêt du tamoxifène lorsque c’est indiqué.

La conception peut ensuite être spontanée ou assistée.

Pour la mère : pas d’augmentation du risque de récidive

Les données sont très rassurantes, y compris en cas de cancer hormonodépendant ou de mutation BRCA.

Certaines études suggèrent même un meilleur pronostic chez les femmes ayant eu une grossesse après leur cancer, mais cet effet pourrait être lié au profil de santé global des patientes.

Pour le bébé : pas de risques identifiés

Aucune anomalie spécifique n’a été observée chez les enfants nés après un cancer maternel.

Le suivi obstétrical est habituel, avec un placenta envoyé en analyse par précaution lors de l’accouchement.

L’allaitement est possible avec le sein non traité.

Le parcours vers la maternité après un cancer peut être source d’anxiété. Le soutien psychologique, les groupes de parole et l’accompagnement par une équipe pluridisciplinaire permettent d’apaiser les peurs, de clarifier les possibilités et de sécuriser le projet parental.

Grâce aux progrès médicaux, la grande majorité des femmes jeunes peuvent devenir mères après un cancer du sein. Avec une prise en charge anticipée de la fertilité, une planification rigoureuse et un suivi adapté, un projet de grossesse est aujourd’hui non seulement possible, mais très souvent réalisable en toute sécurité.

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