La musique rythme vos foulées, booste votre motivation, et transforme parfois la course en un moment presque euphorique. Mais cette habitude, si répandue chez les coureurs, est-elle réellement bénéfique ? Les professionnels de santé et les coachs sportifs ne sont pas unanimes. Tour d’horizon des bénéfices, des risques… et des bonnes pratiques.
Un moteur de motivation et de performance
La course à pied est souvent perçue comme monotone, voire contraignante. Dans ce contexte, la musique agit comme un puissant levier de motivation. Plusieurs études montrent qu’elle améliore les performances.
Une étude a démontré que courir en écoutant une musique appréciée améliore la vitesse et la distance parcourue, tout en réduisant le taux de lactate – un marqueur de fatigue musculaire.
D’autres recherches confirment que la musique peut augmenter l’endurance et prolonger la durée de l’effort (source 2). En calant le rythme de ses pas sur un tempo adapté (mesuré en BPM – battements par minute), le coureur gagne en régularité et en fluidité.
Mais attention : un BPM trop élevé ne garantit pas une meilleure cadence. Il peut même limiter les accélérations sur le long terme, en perturbant la gestion naturelle de l’effort.
Courir sans musique : une expérience plus sensorielle
Si la musique stimule, elle peut aussi distraire. Certaines personnes réalisent qu’elles n’écoutent plus activement leurs morceaux après quelques minutes. Cela traduit une forme de lassitude.
Courir sans musique permet au contraire de renouer avec son environnement, de se reconnecter à ses sensations et à sa respiration. C’est un excellent exercice de pleine conscience, qui favorise le relâchement mental et l’équilibre émotionnel.
La dépendance à la musique est un autre piège. Si l’on ne peut plus courir sans ses morceaux préférés, le plaisir peut s’effacer dès que les conditions ne sont pas réunies (mauvaise playlist, batterie vide, écouteurs oubliés…). Cela nuit à la régularité et à la motivation.
Un risque pour la sécurité… et la posture
La musique a aussi son revers. Elle réduit l’attention auditive, ce qui augmente le risque d’accident, surtout en ville : circulation, autres coureurs, signaux sonores d’urgence…

Elle peut masquer les signaux corporels essentiels, comme la douleur, la fatigue ou l’essoufflement, exposant au surentraînement ou à la blessure.
Une étude a même montré qu’écouter de la musique à fort volume augmente la force d’impact au sol. Cela peut améliorer la propulsion… mais aussi accentuer les pressions sur les articulations, augmentant les risques de tendinites, de microtraumatismes ou de douleurs chroniques (source 4).
En compétition, souvent interdite
Dans les courses officielles, notamment les marathons ou les compétitions de haut niveau, la musique via écouteurs ou casques est souvent interdite.
« La musique agit comme un dopant mental. Elle améliore la concentration et masque la fatigue. Pour garantir l’équité et la sécurité, elle est généralement proscrite en compétition », expliquent des médecins du sport.
Cette règle vise aussi à permettre aux coureurs d’entendre les consignes des organisateurs et d’éviter les incidents.
Comment bien courir avec de la musique ?

Si vous aimez courir en musique – et vous êtes nombreux dans ce cas – voici quelques conseils pour en profiter sans nuire à votre sécurité ni à vos performances.
1. Alternez les phases
Alternez les temps avec et sans musique : par exemple, 20 à 30 minutes de musique, suivies de 10 à 20 minutes sans, pour une phase plus méditative et sensorielle.
2. Privilégiez des équipements adaptés
- Évitez les casques à réduction de bruit, qui isolent complètement.
- Préférez les casques à conduction osseuse ou les écouteurs “ouverts”, conçus pour le running, qui laissent passer les sons extérieurs.
- Si le cadre s’y prête (parc, sentier), vous pouvez aussi écouter la musique à faible volume en haut-parleur, via votre téléphone, sans écouteurs.
‘’ L’important est de rester connecté à son environnement sonore’’
3. Évitez de courir avec le téléphone à la main
Un smartphone tenu pendant la course déséquilibre la posture, modifie la foulée, et peut provoquer des douleurs ou des chutes. Utilisez un brassard, une ceinture de running ou un harnais, pour garder les mains libres.
Les meilleures playlists pour courir
Choisissez des musiques dynamiques, qui soutiennent votre rythme. Évitez les morceaux trop lents ou les podcasts qui peuvent rompre l’élan.
Quel BPM pour quel type de course ?
Type de course | BPM recommandé |
Échauffement / récupération | 90 à 120 BPM |
Jogging / endurance modérée | 120 à 140 BPM |
Fractionné / sprint / course | 140 à 180 BPM |
Des coachs comme Mathieu Mazan recommandent de demander conseil à un professionnel de santé ou du sport pour adapter le tempo à votre style de course.
Des playlists prêtes à l’emploi sont disponibles sur Spotify, Deezer, YouTube ou Apple Music, classées par BPM ou type d’effort.
Courir avec de la musique peut stimuler vos performances, mais nécessite quelques précautions. En alternant les séances avec et sans musique, en adaptant le volume et en choisissant des équipements adaptés, vous préservez votre sécurité, votre motivation… et votre plaisir de courir.
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