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Cancer du sein : peut-on continuer à travailler pendant les traitements ?

Edité par : Dr Souad BRAHIMI | Docteure médecine
26 octobre 2025

Entre fatigue, rendez-vous médicaux et volonté de rester active, de nombreuses femmes atteintes d’un cancer du sein s’interrogent : faut-il, ou non, continuer à travailler pendant les traitements ? Entre enjeux de santé, d’identité et de droits, trouver l’équilibre relève souvent d’un véritable défi.

Après le choc de l’annonce, les interrogations surgissent : faut-il s’arrêter, ou au contraire, poursuivre son activité professionnelle ?

La décision dépend de nombreux paramètres — médicaux, psychologiques et sociaux.

« Le repos complet n’est pas toujours la meilleure option », soulignent les oncologues médicale à l’Hôpital Américain de Paris. Si elles le souhaitent et en ont la capacité, nous encourageons les patientes à rester actives, même pendant les traitements », soulignent les oncologues.

Les bénéfices du maintien dans l’emploi

Continuer à travailler, c’est parfois garder le cap dans la tempête. Le travail offre une routine, une structure, et permet de conserver une identité autre que celle de ‘’patiente’’.

Il aide à lutter contre l’isolement social, renforce l’estime de soi et soutient la résilience psychologique. « Le lien social et le sentiment d’utilité sont des leviers puissants dans le processus de guérison », ajoutent-ils.

Certaines études montrent même qu’une activité intellectuelle et physique modérée peut contribuer à mieux supporter les effets secondaires, réduire la fatigue chronique et améliorer la qualité de vie pendant les traitements.

Des limites à ne pas ignorer

Toutefois, le cancer du sein reste une épreuve éprouvante.Les traitements — chimiothérapie, radiothérapie ou hormonothérapie — entraînent souvent fatigue, nausées, douleurs, troubles cognitifs ou anxiété.

Certaines professions, notamment physiques ou stressantes, deviennent alors difficilement compatibles avec l’état de santé.

« Continuer à travailler doit être un choix, jamais une contrainte. L’essentiel est d’écouter son corps, sans culpabilité ni pression extérieure», insistent les oncologues.

Faut-il informer son employeur ?

Non, la loi n’impose pas de révéler la nature de sa maladie. Le secret médical est strictement protégé.

L’arrêt maladie transmis à l’employeur ne mentionne jamais la pathologie. Cependant, informer l’entreprise peut parfois faciliter les aménagements : télétravail, horaires adaptés, réduction de certaines missions… à condition de le faire dans un cadre de confiance.

Le mi-temps thérapeutique : une reprise en douceur

Le mi-temps thérapeutique permet de reprendre progressivement le travail tout en poursuivant les soins. Prescrit par le médecin traitant ou l’oncologue, il est validé par la Sécurité sociale et permet de conserver une partie du salaire, complétée par des indemnités journalières.

C’est un bon compromis entre repos, maintien du lien social et transition vers la reprise. Sa durée varie selon l’état de santé, mais dépasse rarement un an.  

Si le retour à temps plein est impossible, une pension d’invalidité peut être envisagée pour sécuriser les revenus.

Quels aménagements possibles au travail ?

Le médecin du travail joue un rôle clé dans l’adaptation du poste. Il peut recommander :

  • des horaires allégés ou décalés,
  • du télétravail,
  • un reclassement temporaire,
  • des pauses supplémentaires,
  • ou un allègement des missions.

Ces mesures, lorsqu’elles sont validées médicalement, doivent être respectées par l’employeur — sauf impossibilité démontrée.

Arrêt de travail et indemnités

Si la maladie empêche toute activité, un arrêt de travail peut être prescrit.

Les indemnités journalières couvrent en général 50 % du salaire de base, avec un complément possible de l’employeur selon l’ancienneté.

La durée dépend du traitement :

  • 1 à 2 mois après une chirurgie,
  • toute la durée de la chimiothérapie ou de la radiothérapie,
  • plus long en cas d’hormonothérapie ou d’immunothérapie.

Le licenciement pour motif médical est interdit, mais des exceptions existent pour « désorganisation du service » ou motif économique.

En cas de doute, il est conseillé de consulter un juriste ou une association spécialisée.

Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH)

La RQTH facilite l’accès à certains aménagements professionnels, formations ou aides, sans forcément impliquer de compensation financière.

Elle permet aussi un accompagnement par Cap Emploi et peut se cumuler avec d’autres dispositifs (indemnités, pension).

Apprivoiser la fatigue

La fatigue est l’un des effets secondaires les plus fréquents. Pour la surmonter :

  • Planifiez vos activités selon vos moments d’énergie.
  • Faites des pauses régulières.
  • Déléguez les tâches secondaires.
  • Pratiquez une activité physique adaptée : marche, yoga, natation douce…

      Elle réduit significativement la fatigue liée aux traitements.

Apaiser le stress

Le stress professionnel et émotionnel peut accentuer les symptômes. Pour le gérer :

  • Rejoignez un groupe de parole ou une association de patientes.
  • Consultez un psychologue ou un psychiatre spécialisé.
  • Maintenez le lien avec vos collègues et vos proches.
  • Pratiquez relaxation, méditation ou respiration guidée.

L’accompagnement psychologique fait partie intégrante du traitement. Mieux le stress est géré, meilleure est la tolérance aux soins.

Toute attitude discriminatoire liée à la maladie est interdite par la loi. En cas de problème, il est possible de saisir l’inspection du travail, des associations.

  • Travailler pendant un cancer du sein est possible, mais pas toujours souhaitable.
  • Tout dépend du corps, du traitement, du métier et du choix personnel de la patiente.

Chaque femme est différente, et il n’existe pas une seule bonne façon de traverser cette période. L’important est de mettre sa santé au centre, tout en restant actrice de sa vie.

À retenir :

  • Le travail peut être un repère, un moteur, voire une thérapie, mais il ne doit jamais devenir une pression.
  • L’écoute, la flexibilité et l’accompagnement humain sont les meilleures armes pour traverser le cancer avec dignité et force.

Mots clés : travail, cancer ; santé ; sein ; femme ; soins ;

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