
Conduire, ouvrir un bocal, tenir un épluche-légumes ou simplement saisir une carte, un téléphone portable, une télécommande : pour les personnes souffrant de rhizarthrose, chaque mouvement du pouce devient une épreuve. C’est ce qu’a vécu Aicha, 59 ans, chez qui la douleur est apparue fin 2023. D’abord discrète, puis de plus en plus gênante, elle a fini par perturber ses gestes les plus simples. Une radiographie, en janvier 2025, confirme le diagnostic : arthrose du pouce.
Un trouble qui gêne chaque geste du quotidien
En Algérie, plus de deux millions de personnes seraient concernées, selon arthrose-pouce.com, avec une nette majorité de femmes. Cette prédominance féminine reste mal expliquée. Les spécialistes évoquent plusieurs hypothèses : une articulation plus fine, une laxité ligamentaire différente ou encore des variations hormonales liées à la ménopause.
La rhizarthrose est une forme d’arthrose qui touche l’articulation du pouce, appelée trapézo-métacarpienne. Cette pathologie est fréquente, surtout chez les femmes, et peut limiter considérablement les gestes du quotidien. Plusieurs traitements existent pour réduire la douleur et préserver la mobilité. Cependant, lorsque l’arthrose est très avancée, la chirurgie reste le traitement de référence.
Les stades de la rhizarthrose
La rhizarthrose évolue généralement en trois stades, définis par l’intensité des douleurs et la perte de mobilité :
1. Stade initial : douleurs légères, parfois nocturnes, avec une mobilité légèrement réduite.
2. Stade modéré : douleurs plus marquées, difficultés à saisir ou tourner des objets, début de raideur articulaire.
3. Stade sévère : douleur intense, limitation importante des mouvements et incapacité à effectuer certaines tâches quotidiennes. L’articulation peut se déformer et gonfler.
Recommandation médicale : même au stade initial, il est conseillé de consulter un médecin pour un suivi et des mesures préventives afin de ralentir la progression.
Des causes encore obscures
La rhizarthrose correspond à l’usure du cartilage situé à la base du pouce, entre le premier métacarpien et le trapèze.
Si certains facteurs de risque sont connus — âge, hyper sollicitation mécanique, microtraumatismes répétés, hérédité ? — d’autres restent mystérieux.
Les chercheurs s’interrogent notamment sur :
- la fragilité intrinsèque de cette articulation, très mobile ;
- l’impact de certaines activités répétitives (travail manuel, usage intensif du clavier) ;
- le rôle exact des hormones chez les femmes.
Cette incertitude explique la difficulté à prévenir totalement la maladie.
Facteurs de risque
Certains facteurs augmentent le risque de développer une rhizarthrose :
- Âge avancé, le cartilage s’use naturellement.
- Sur-sollicitation de l’articulation, fréquente chez les travailleurs manuels ou les personnes effectuant des mouvements répétitifs.
- Antécédents de traumatisme au niveau du pouce.
- Sexe féminin, en particulier après la ménopause, en raison de la baisse des hormones protectrices.
- Prédisposition génétique, certaines familles présentent une fréquence plus élevée de rhizarthrose.
Recommandation médicale : limiter les gestes répétitifs, porter des orthèses si nécessaire et adopter une hygiène articulaire adaptée.
Des douleurs souvent handicapantes
La maladie progresse lentement. Elle débute par une gêne intermittente, puis une douleur lors de la pince pouce-index, ou lors de la rotation pour ouvrir un objet.
Les symptômes typiques sont :
- douleur à la base du pouce, plus intenses la nuit ou lors de l’usage ;
- perte de force rendant difficiles les tâches de préhension ;
- Raideur et perte de flexibilité ;
- difficulté à tenir les objets ;
- craquements ;
- déformation et gonflement progressive dans les cas avancés.
Ces manifestations peuvent devenir très invalidantes, au point d’empêcher certaines activités professionnelles ou de loisirs.
Diagnostic de la rhizarthrose
Le diagnostic repose sur un examen clinique et des imageries médicales :
- Le médecin évalue la mobilité du pouce, la force de préhension et la présence de déformations.
- Des radiographies comparatives des deux mains, parfois complétées par un scanner ou une IRM, permettent d’observer l’usure du cartilage et l’état des surfaces articulaires.
- Aucun marqueur sanguin ne permet de détecter la rhizarthrose.
Recommandation médicale : consulter rapidement en cas de douleur persistante ou de difficulté à effectuer des gestes simples.
Des solutions douces pour soulager
La prise en charge repose d’abord sur des traitements non chirurgicaux, qui visent à diminuer la douleur et préserver la fonction du pouce.
1. Médicaments :
- Antalgiques pour soulager la douleur.
- Anti-inflammatoires, éventuellement par infiltration, mais à utiliser avec prudence à long terme.
- Chondro-protecteurs (acide hyaluronique ou chondroïtine sulfate) pour préserver le cartilage au début de la maladie.
2. Orthèses et attelles : Elles stabilisent l’articulation et réduisent la sollicitation lors des gestes quotidiens.Elles sont utiles lors des poussées douloureuseset stabiliser l’articulation.
3. Kinésithérapie et ergothérapie : Elles renforcent les muscles du pouce, améliorent la mobilité et apprennent à protéger l’articulation.Des exercices spécifiques peuvent réduire durablement la gêne.
- Mobilisation douce : ouvrir/fermer le poing, toucher chaque doigt avec le pouce, étirements articulaires.
- Ergonomie : maintenir le pouce aligné avec le bras, éviter les torsions ou la préhension avec les bouts des doigts.
- Port d’objets lourds à deux mains.
Recommandation médicale : un suivi par un kinésithérapeute ou un ergothérapeute peut améliorer la mobilité et adapter l’environnement pour limiter la progression de l’arthrose.
4. Infiltrations
Les injections d’acide hyaluronique ou de corticoïdes diminuent la douleur dans certains cas. Elles n’arrêtent pas la maladie, mais améliorent le confort.
5. Ajustements du quotidien : Utiliser des outils ergonomiques, répartir les efforts sur plusieurs doigts, privilégier des gestes moins traumatisants : ces adaptations limitent l’inflammation.
Et quand cela ne suffit plus : la chirurgie
Lorsque les douleurs persistent malgré les traitements conservateurs, la chirurgie devient une option.
La chirurgie est indiquée lorsque :
- Les déformations sont importantes.
- La mobilité est très réduite.
- Les douleurs persistent malgré les traitements médicamenteux et orthopédiques.
Options chirurgicales :
1. Trapézectomie avec ou sans tendinoplastie d’interposition : retrait du trapèze, parfois remplacé par un greffon tendineux.
2. Prothèse du pouce pour remplacer l’articulation.
3. Dénervation articulaire pour soulager la douleur sans corriger la déformation.
4. Ostéotomie du premier métacarpien pour redistribuer les contraintes sur l’articulation.
5. Ligamentoplastie de stabilisation pour renforcer l’articulation.
6. Arthroscopie trapézo-métacarpienne pour nettoyer les surfaces articulaires.
Récupération :
- Cicatrisation : 4 à 8 semaines.
- Rééducation : environ 6 semaines pour retrouver mobilité et force.
Recommandation médicale : après chirurgie, suivre strictement le protocole de rééducation pour optimiser les résultats fonctionnels.
La nouveauté : les prothèses du pouce

Les prothèses de l’articulation trapézo-métacarpienne offrent aujourd’hui une alternative moderne.
Elles remplacent l’articulation usée par un implant reproduisant son fonctionnement naturel.
Avantages :
- récupération plus rapide ;
- conservation d’une bonne mobilité ;
- amélioration notable de la force de préhension ;
- réduction efficace des douleurs.
Cette avancée transforme la prise en charge, notamment chez les personnes actives qui souhaitent retrouver rapidement une fonction quasi normale.
Les techniques et matériaux ont beaucoup évolué, améliorant la longévité et la stabilité des implants.
Recommandations médicales
Pour protéger au mieux l’articulation du pouce ou ralentir l’évolution de l’arthrose :
- éviter les gestes répétitifs ou trop forcés ;
- privilégier des outils ergonomiques et plus légers ;
- faire des pauses lors des activités sollicitant les mains ;
- renforcer régulièrement la musculature du pouce avec l’aide d’un professionnel de santé ;
- consulter tôt en cas de douleur persistante, surtout si elle gêne l’usage quotidien de la main.
Un diagnostic précoce permet souvent d’éviter une aggravation rapide.
A retenir :
La rhizarthrose reste une affection douloureuse et invalidante, mais les solutions progressent.
Des traitements simples peuvent suffire à soulager la majorité des patients.
Pour les formes sévères, les prothèses du pouce représentent une avancée majeure, permettant de retrouver mobilité, force et confort.
Une prise en charge adaptée permet aujourd’hui à de nombreux patients de reprendre une vie plus active et moins douloureuse.
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