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Aïd Al Adha : comment choisir un mouton en parfaite santé ?

Edité par : Chabane Bouarissa | Journaliste
25 juin 2023

‘’Beau, de bonne corpulence, avec une belle taille, de jolies cornes…’’

La fête de l’Aïd Al Adha qu’on appelle aussi en Algérie Aïd El Kebir, arrive à grands pas. Pour marquer l’occasion, de nombreux pères de famille acquièrent des moutons pour le sacrifice. Dans cette commémoration de l’acte sacré d’Abraham (Ibrahim), le choix du mouton est au centre de toutes les préoccupations chez les familles algériennes. «Un mouton de l’Aïd oui, mais un beau mouton surtout», assurent les pères de famille qui rappellent que la recherche du mouton idéal n’est pas une mince affaire. C’est une véritable mission pour les chefs de famille. Ces derniers doivent respecter les exigences bien précises de leurs bambins. «Il faut effectivement que le mouton soit beau, de bonne corpulence, avec une belle taille, de jolies cornes…». Mais l’achat d’un mouton comporte toujours une part de risque, notamment celui d’acquérir une bête malade.

 

Ce n’est pas le prix qui définit la qualité de la viande


Si vous n’avez pas encore acheté de mouton, ‘’Ma Santé, Ma Vie’’ vous dévoile, sous l’œil exercé de vétérinaires, d’éleveurs, de maquignons et de bouchers, des astuces pour acheter un mouton en toute sécurité et surtout en bonne santé.

Le premier à qui nous avons demandé conseil, Mokrane, un maquignon de la région de Djaâfra (nord de Bordj Bou Arréridj), qui rappelle que ce ne sont pas les prix qui définissent la qualité de la viande du mouton. «Les prix ne sont pas une référence. Un mouton trop cher ne veut pas dire très bon ou d’une qualité meilleure. Je demande toujours aux acheteurs de ne pas tomber sous le charme du volume et de respecter les conseils des spécialistes et des connaisseurs.»

 

La qualité du mouton dépend de la qualité de son alimentation

Pour Allaoua, un éleveur de la région de M’Sila, il insiste sur les origines et l’alimentation du mouton. «La qualité de la viande provient de la qualité de son alimentation. Il insiste sur l’importance de l’alimentation des bêtes sacrificielles. Il expliquera que lorsque les bêtes consomment les aliments adéquats, il en ressort une viande de très bonne qualité. Tandis que lorsqu’ils sont gavés avec du pain ou de la nourriture pour les poules, ils grossissent mais ne seront pas bons à la consommation et avec beaucoup de graisse. «C’est pour cela qu’il faut acheter chez des éleveurs. Les stands de rue et des garages improvisés ne sont pas contrôlés, donc ils font manger des aliments de mauvaise qualité à l’animal. Ils lui font même manger des aliments salés et des détritus pour lui faire prendre du poids rapidement. Il faut en acheter chez des éleveurs qui les font paître et leur font manger des aliments sains», conseille-t-il.

 

Le mouton doit avoir le regard vif et tenir d’aplomb


Pour tous les vétérinaires, avant l’achat, il est donc nécessaire de bien examiner l’animal sous tous ses aspects pour s’assurer de sa bonne santé.  Le mouton doit avoir le regard vif, bien droit sur ses aplombs, la démarche sûre, le corps robuste rehaussé d’une douce laine. C’est-à-dire qu’il n’ait pas de jambe cassée, d’abcès quelque part ou de malformation quelconque.

«En allant choisir son mouton, il faut vérifier son état général en effectuant un examen physique. Vous devez l’observer de loin, voir comment il se tient, comment il est sur ses quatre pattes. Vous devez aussi vous assurer qu’il soit bien sur ses aplombs. Si l’animal est dynamique, c’est un signe de bonne santé. Un animal trop calme risque d’être malade», conseille Dr Seddik Mohamadi, vétérinaire dans la région de Bordj Bou Arréridj. «Toujours à distance, si vous voyez que l’animal titube ou s’il tourne en rond, cela peut être un cas de listériose. C’est une maladie bactérienne qui atteint le système nerveux et elle est transmissible à l’homme. Chez la femme enceinte, elle provoque notamment des fausses couches», explique le vétérinaire, en ajoutant que si le mouton boite, cela peut être le signe d’une maladie chronique, telle que la fièvre aphteuse. C’est une maladie virale contagieuse sans danger pour l’homme mais qui baisse la valeur économique de l’animal. «Normalement, selon la législation, les animaux atteints sont abattus et l’éleveur est indemnisé. La contamination humaine est rare », rappelle-t-il.

 

Il est recommandé de palper le mouton


Une fois que vous avez analysé la démarche du mouton qui vous intéresse, il est recommandé de s’en approcher pour le palper, conseillent les spécialistes.

«L’autre indicateur est la couleur de sa toison, non brûlée ou altérée. Le noir et le blanc sont des couleurs profondes. S’il y a des changements de couleur, cela révèle des problèmes de santé», préconise le vétérinaire qui avertit : «Si l’animal parait avoir une bonne masse musculaire, vérifiez aussi qu’il a peu de graisse. Pour apprécier la réelle corpulence de l’animal, palpez de part et d’autre son corps pour sentir ses côtes. En touchant l’animal au niveau du dos et du bassin, la main doit sentir le moelleux de la viande et non la dureté de l’os. Un mouton en bonne santé dispose d’une colonne vertébrale saine. Si sa largeur avoisine environ 20 cm, soit la largeur d’une main ouverte du bout du pouce jusqu’au petit doigt, alors vous n’avez pas de quoi vous inquiétez ! Si vous sentez trop les côtes, c’est que l’animal est maigre et cela peut être le signe d’une maladie qui ronge l’animal de longue date. Si au contraire on touche une couche épaisse de peau, cela voudra dire que le mouton sera très gras. L’idéal serait donc de palper une couche moyenne de viande au niveau du dos du mouton, pour être sûr qu’il ne sera pas trop gras.

 

Examiner la couleur des muqueuses oculaires de l’animal


Palpez le ventre du mouton pour repérer s’il n’a pas été gonflé avec de l’eau. Examinez également sa peau à travers la laine, à la recherche de parasites ou de boutons.  Il est important d’examiner la couleur des muqueuses oculaires qui doit être rosée. Si elle est de couleur jaunâtre, c’est le signe d’un ictère (jaunisse). L’animal a une atteinte du foie. La viande est alors interdite de consommation. Si la muqueuse est trop rouge cela peut aussi être le signe d’une infection généralisée ou d’une acidose. Si elle est blanche, l’animal a une anémie.  Attention, si vous voyez un mouton qui a la goutte au nez, une rhinite (un rhume), cela peut être le signe d’une maladie parasitaire comme la myiase ovine (c’est-à-dire la présence de larves dans un corps humain ou animal). Elle est due aux larves d’une mouche tueuse et qui se manifeste à la fin du printemps et en été par des jetages et éternuements.  En conclusion, à la moindre anomalie, solliciter un vétérinaire.»

 

L’âge du mouton conditionne la qualité de sa viande


Pour les bouchers, l’âge du mouton conditionne aussi la qualité de la viande. Plus l’animal est jeune, plus sa viande sera tendre. L’âge d’abattage est entre 6 mois et deux ans au maximum. Il est préférable qu’il ne dépasse pas les 12 mois pour que sa viande soit bien tendre. Un indicateur de qualité est le poids. Selon Mohand Tayeb, un jeune boucher de père en fils : «Les bons moutons à la viande mature pèsent au minimum 40 kg. Un poids entre 40 et 50 kg est une bonne fourchette, à condition de toucher du muscle en sentant la chair sous la laine. Même si certains préfèrent de plus petits moutons, un animal de ce poids a une viande à la fibre savoureuse».

Toujours selon les bouchers, «il vaut mieux prendre un animal qui ne soit ni trop jeune ni trop vieux. Pour identifier son âge, il faut notamment observer sa dentition. S’il n’a que des petites dents, c’est qu’il s’agit de dents de lait et qu’il a moins d’un an. Si les deux premières incisives sont apparues, c’est qu’il a déjà un an. Et enfin s’il a quatre incisives, c’est qu’il est trop vieux».

 

Que faire une fois le mouton à la maison 


«Accueillir un mouton demande tout d’abord un certain espace, puisque 300 m² minimum sont nécessaires pour un animal, de l’herbe naturelle convient tout à fait au mouton, un abri, bien que non obligatoire la plupart du temps, reste judicieux. Votre mouton pourra s’y réfugier au besoin, en cas de pluie, de vent violent, de soleil trop brûlant», préconise le vétérinaire. Mais pour la fête de l’Aïd, toutes ces règles sont bafouées et les moutons sont entassés dans des balcons étroits d’appartements, des coins de cours de maison, des salles de bain… «Je conseille de laisser le mouton chez l’éleveur et de le récupérer la veille du sacrifice», dira le vétérinaire qui recommande de ne pas donner à manger à la bête 36 heures avant le jour J. «De l’eau fraîche à volonté doit être laissée à disposition et changée quotidiennement. Un mouton peut boire jusqu’à 10 l d’eau par jour. Cela va aider à le calmer et l’apaiser. Ainsi, la qualité de la viande va être plus appréciée», recommande le vétérinaire.

 

Bonne fête à tous.

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