Une technologie au cœur de la sécurité radiologique

Trois chercheurs de l’Université Ferhat-Abbas de Sétif 1 ont obtenu un brevet d’invention dans un domaine de pointe et pourtant méconnu : la dosimétrie luminescente. Ce brevet, enregistré auprès de l’Institut National Algérien de la Propriété Industrielle (INAPI), consacre les travaux de Fayçal Kharfi, Chahrazed Benkhelifa et Malia Hemissi, qui ont mis au point un nouveau matériau hautement sensible aux rayonnements ionisants, destiné à améliorer les dispositifs de mesure utilisés en radiologie et en radioprotection.

La dosimétrie luminescente : qu’est-ce que c’est ?

La dosimétrie est une discipline qui mesure la quantité de rayonnement ionisant absorbée par une matière, un organisme ou un objet. Elle est essentielle dans les secteurs médical, nucléaire et industriel pour garantir la sécurité des patients, des travailleurs et de l’environnement.

La dosimétrie luminescente, en particulier, repose sur l’utilisation de matériaux capables de stocker l’énergie issue des radiations. Lorsque ces matériaux sont chauffés ou exposés à une lumière spécifique, ils réémettent cette énergie sous forme de lumière. L’intensité de cette lumière émise est proportionnelle à la dose de rayonnement reçue. Cette méthode, appelée thermoluminescence ou luminescence stimulée optiquement, permet de mesurer de manière très précise les expositions, même à faibles doses.

Une innovation à base d’alumine dopée au sodium et à l’antimoine

L’invention brevetée repose sur un matériau phosphorescent à base d’alumine (Al₂O₃), un oxyde d’aluminium largement utilisé pour sa stabilité et sa sensibilité. Ce matériau a été doublement dopé, c’est-à-dire enrichi chimiquement, avec du sodium (Na) et de l’antimoine (Sb).

Ce double dopage permet d’amplifier la réponse luminescente du matériau lorsqu’il est exposé à des radiations. Résultat : une sensibilité accrue, une précision de mesure améliorée et une capacité de détection à très faible dose supérieure aux standards actuels.

Des applications concrètes dans la santé, l’industrie et la recherche

Cette avancée ouvre des perspectives concrètes dans plusieurs domaines sensibles :

• En radiologie médicale, elle permet un meilleur contrôle des doses délivrées aux patients, réduisant ainsi les risques liés aux expositions répétées.
• Dans l’industrie nucléaire, elle améliore la surveillance des travailleurs exposés, assurant une meilleure protection de la santé au travail.
• Dans la recherche scientifique, elle offre un nouvel outil pour explorer les interactions entre la matière et les rayonnements, notamment dans la physique des particules, la biophysique ou la radioécologie.

Une reconnaissance du savoir-faire scientifique algérien

Pour le professeur Mohamed-Elhadi Latreche, directeur de l’Université Ferhat-Abbas, ce brevet marque une étape importante dans la valorisation de la recherche scientifique nationale. Il salue “l’esprit d’innovation qui anime les équipes de l’université” et souligne que cette réussite renforce le rayonnement académique de l’établissement à l’échelle nationale et internationale.

Cette invention s’inscrit dans la dynamique scientifique actuelle de l’université, qui multiplie les initiatives pour soutenir la recherche appliquée, favoriser le transfert technologique et encourager la créativité des enseignants-chercheurs.

Une dynamique de progrès et d’engagement

Ce brevet illustre parfaitement l’ambition de l’Université Ferhat-Abbas : mettre la science au service de la société. En développant des solutions concrètes face aux défis contemporains – qu’ils soient médicaux, industriels ou environnementaux – cette université confirme son rôle moteur dans la transformation technologique et la souveraineté scientifique de l’Algérie.

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