Face aux défis sanitaires mondiaux croissants et à l’évolution rapide de l’industrie pharmaceutique, l’Algérie vient de franchir une étape importante dans sa politique de souveraineté sanitaire. Dimanche dernier, un atelier d’auto-évaluation réglementaire sur la production et la commercialisation des médicaments et des vaccins s’est tenu à Alger, sous l’égide du ministère de l’Industrie pharmaceutique, réunissant de nombreuses parties prenantes nationales et internationales.
Une démarche alignée sur les standards internationaux de l’OMS
L’organisation de cet atelier s’inscrit pleinement dans la stratégie mondiale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à renforcer les systèmes de réglementation des produits médicaux dans les États membres. La participation active d’experts de l’OMS témoigne du partenariat technique engagé avec l’Algérie pour évaluer et harmoniser ses cadres réglementaires selon les normes internationales du système WHO Global Benchmarking Tool (GBT).
Ce système de référence évalue la maturité des autorités réglementaires nationales selon quatre niveaux, en mesurant leur capacité à assurer la qualité, l’efficacité et la sécurité des médicaments et vaccins mis sur le marché. À travers cet exercice d’auto-évaluation, l’Algérie vise à identifier ses points forts et ses axes de renforcement afin d’atteindre les niveaux de maturité recommandés par l’OMS.
Une mobilisation multisectorielle inédite
L’atelier a réuni une large représentativité des institutions clés du système national de régulation sanitaire. Aux côtés des experts de l’OMS, étaient présents des représentants de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), de l’Institut Pasteur d’Algérie, du Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPM), ainsi que du Commissariat à l’énergie atomique (COMENA), soulignant l’importance accordée à une approche interinstitutionnelle et interdisciplinaire.
Anticiper les nouvelles exigences des marchés pharmaceutiques
Cet atelier intervient dans un contexte où l’Algérie affiche une volonté claire de renforcer ses capacités locales de production pharmaceutique et de réduire sa dépendance aux importations, en particulier depuis la pandémie de COVID-19 qui a révélé les fragilités des chaînes mondiales d’approvisionnement en médicaments et vaccins.
L’objectif est double : d’une part, garantir aux citoyens un accès sécurisé à des produits de qualité ; d’autre part, positionner l’industrie pharmaceutique algérienne comme un acteur crédible sur les marchés régionaux et internationaux, en conformité avec les exigences des agences de régulation de référence telles que la FDA (États-Unis), l’EMA (Europe) ou encore le réseau africain de l’AMA (Agence africaine du médicament), dont la mise en place est en cours.
Des enjeux critiques : qualité, vigilance et transparence
L’un des axes majeurs abordés concerne le renforcement des dispositifs de pharmacovigilance et de matériovigilance, essentiels pour assurer la surveillance continue des effets indésirables des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux une fois commercialisés. La capacité de détecter précocement les risques, d’évaluer les signaux et de prendre des mesures correctives rapides est désormais considérée comme un pilier incontournable des systèmes de santé modernes.
L’ANPP, au cœur de cette mission, devra poursuivre ses efforts pour consolider ses bases de données nationales, améliorer l’interopérabilité des systèmes numériques et former ses équipes aux bonnes pratiques internationales d’évaluation des risques.
Un soutien affirmé de l’OMS
Présent lors de l’ouverture de l’atelier, le Représentant de l’OMS en Algérie, Phanuel Habimana, a réitéré l’engagement de l’organisation à accompagner le gouvernement algérien dans cette modernisation réglementaire, soulignant qu’un système robuste de régulation pharmaceutique est essentiel non seulement pour la protection de la santé publique, mais aussi pour renforcer la résilience du système de santé face aux crises sanitaires futures.
Une souveraineté sanitaire à consolider
Dans un contexte géopolitique mondial marqué par une forte compétition pour l’accès aux innovations médicales, l’Algérie entend affirmer sa souveraineté sanitaire. Le développement d’une industrie pharmaceutique nationale performante, soutenue par un cadre réglementaire solide, constitue un levier stratégique non seulement pour garantir l’autonomie thérapeutique du pays, mais aussi pour renforcer sa position au sein des futures collaborations régionales et internationales en santé publique.
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