À l’occasion d’une rencontre de sensibilisation organisée dimanche à la maison de la culture Houari-Boumediene de Sétif, plusieurs experts et acteurs de terrain ont tiré la sonnette d’alarme sur la progression inquiétante de la consommation de drogues, notamment chez les jeunes. Le message central : former en continu les professionnels de santé et les spécialistes du domaine social pour bâtir un front commun contre ce fléau complexe et destructeur.
Former pour anticiper, détecter et agir efficacement
Dr Salaheddine Arif, président de l’Association algérienne pour la qualité en santé (AAQS), a affirmé que la lutte contre la drogue ne peut réussir sans un investissement massif dans la formation continue des médecins, psychologues, sociologues, enseignants et intervenants sociaux. « C’est en dotant ces acteurs des outils les plus récents en matière de prévention, de détection précoce et d’accompagnement psychologique que nous pourrons répondre efficacement aux défis posés par la toxicomanie », a-t-il soutenu.
Selon lui, les drogues ne se limitent plus à la consommation classique de cannabis ou de substances illicites : les drogues de synthèse, les médicaments détournés et les addictions comportementales (comme les jeux d’argent ou les écrans) imposent une réactualisation constante des connaissances et des méthodes d’intervention.
Impliquer les réseaux sociaux : un levier sous-estimé
Dr Arif a également insisté sur le rôle stratégique des influenceurs numériques, appelant à leur mobilisation active dans les campagnes de prévention. À travers la publication de messages de sensibilisation, de vidéos engageantes ou de témoignages, ces figures publiques ont la capacité de toucher directement les adolescents et jeunes adultes, souvent plus sensibles à leurs discours qu’aux campagnes officielles.Il a plaidé pour une communication digitale intelligente et créative, capable de concurrencer les contenus qui banalisent la consommation de drogues sur les plateformes sociales.
Agir dès le plus jeune âge : la clé de la prévention durable
Pour Boucif Zennaki, président de l’Association des soins de qualité aux usagers algériens (ASQUA), la prévention doit commencer dès l’école primaire. Il a appelé à l’intensification des campagnes éducatives dans les établissements scolaires afin d’enseigner aux enfants, dès leur plus jeune âge, les dangers réels des substances psychoactives.Il a également souligné l’importance de former les enseignants et les encadreurs pédagogiques à reconnaître les signes de vulnérabilité psychologique ou sociale qui peuvent mener à la consommation.
Des sanctions dissuasives, mais aussi une mobilisation communautaire
M. Zennaki a rappelé que la lutte contre la drogue nécessite une approche multisectorielle et globale. Il a appelé à l’application rigoureuse de sanctions pénales sévères contre les narcotrafiquants, tout en mettant en garde contre l’illusion d’une solution uniquement sécuritaire. « C’est une bataille qui doit engager toute la société : la justice, la santé, l’éducation, les médias, mais aussi et surtout la famille, cellule de base du tissu social », a-t-il déclaré.
La toxicomanie, un enjeu sanitaire, social et moral
La rencontre a permis de mettre en lumière les répercussions de la drogue sur la santé mentale, la désintégration familiale, la délinquance, la déscolarisation et la marginalisation des jeunes. La toxicomanie est de plus en plus perçue comme un phénomène global, qui ne relève plus uniquement du domaine médical, mais touche à la cohésion sociale, à la sécurité publique et à l’avenir des générations futures.
Un débat interdisciplinaire riche et porteur d’espoir
Des médecins spécialistes, universitaires, psychologues, sociologues, imams, enseignants et juristes ont participé à cette rencontre, illustrant la nécessité d’une réponse collective et coordonnée. Tous ont convenu que la prévention reste l’arme la plus efficace, à condition d’impliquer les bonnes compétences, d’adapter les outils pédagogiques aux nouvelles réalités, et de replacer l’humain, en particulier la jeunesse, au centre des politiques publiques.
Mots clés : santé ; médecine ; Sétif ; formation ; drogue ; toxicomanie ;
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