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Sensibilisation des médias : ‘’Rôle crucial dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles’’..

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
15 décembre 2024

Le 15 décembre 2024, l’UNFPA, en partenariat avec plusieurs institutions, a organisé une journée d’information et de sensibilisation sur ‘’le rôle des médias dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles’’. Cet événement s’inscrit dans la campagne mondiale des 16 jours d’activisme contre la violence, visant à renforcer la mobilisation des acteurs institutionnels et de la société civile, et à sensibiliser les professionnels des médias à un traitement respectueux et responsable de cette problématique majeure.

Un contexte de mobilisation nationale

Les violences faites aux femmes et aux filles représentent une préoccupation grandissante en Algérie. Cette question nécessite une réponse coordonnée et multisectorielle pour apporter des solutions concrètes. C’est dans ce cadre que l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), en collaboration avec ses partenaires institutionnels, a initié cette journée de sensibilisation. L’objectif est de souligner le rôle fondamental des médias dans cette lutte et de créer une synergie entre les différents acteurs impliqués.« Les médias jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation de l’opinion publique. Ils sont capables de déconstruire les stéréotypes sociaux et de promouvoir des comportements respectueux à l’égard des femmes et des filles. Ainsi, cette journée vise à sensibiliser les journalistes et les professionnels des médias à l’importance de traiter ce sujet de manière adéquate, rappellent les organisateurs.

Les médias : Acteurs clés dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.

“Mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles n’est pas seulement une question de justice. C’est un impératif pour construire des sociétés plus justes et inclusives”, a déclaré Mme Faiza Bendriss-Cheffe de Bureau UNFPA en Algérie, à l’ouverture de cette journée dédiée à la lutte contre les violences basées sur le genre. Cette rencontre, qui a réuni journalistes et représentants d’institutions publiques, a permis d’explorer des thématiques essentielles telles que les inégalités hommes-femmes, les normes sociales discriminatoires, et les mécanismes de lutte contre les violences de genre. “Les médias sont les gardiens de l’information, la voix des sans-voix et le pont entre les communautés et les décideurs”, a souligné Mme Bendriss, mettant en lumière la responsabilité des journalistes dans la transformation des normes sociales et la sensibilisation du public. Elle a également insisté sur l’importance d’engager les médias à amplifier les voix des femmes et des filles victimes de violences. « Je vous encourage à devenir des alliés actifs dans ce combat, car l’accès à l’éducation, à un emploi décent, à la santé, à la justice, au financement, et bien d’autres, reste des droits universels pour chaque être humain », a exhorté Mme Bendriss.

L’Algérie renforce la protection des femmes : Un engagement à travers l’éducation, la législation et la sensibilisation

Lors d’une rencontre dédiée au “Rôle des médias dans la sensibilisation et la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles”, Mme Feriel Yousfi, directrice générale au ministère des Affaires étrangères, a souligné que l’Algérie a mis en place des bases solides pour protéger les femmes. “L’Algérie a instauré des bases pour la protection des femmes, à travers notamment le renforcement de leur éducation et leur formation ainsi que l’amélioration de leur niveau de conscience”, a-t-elle affirmé. Elle a rappelé les dispositions réglementaires, notamment l’article 40 de la Constitution, en faveur de la protection de la femme et de la fille, tout en soulignant l’importance du rôle des médias dans la promotion d’une culture bannissant la violence à l’égard des femmes.

Le rôle crucial des médias dans la sensibilisation

Le directeur de la Communication institutionnelle au ministère de la Communication, M. Talmat Amar Redha, a également pris la parole pour mettre en avant le rôle des médias dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Il a qualifié les médias de “levier de sensibilisation” essentiel, soulignant que leur mission principale est de “donner une voix aux sans-voix”. Cette responsabilité des médias est d’autant plus cruciale pour créer une prise de conscience collective et encourager un changement des mentalités à l’échelle nationale.

La législation en soutien des femmes victimes de violences

De son côté, Mme Isma Aissiou, représentante du ministère de la Justice, a évoqué la batterie de textes juridiques qui protègent la gent féminine, en particulier dans le cadre conjugal ou en dehors. Elle a mis en avant le rôle des médias comme “trait d’union” entre le secteur de la justice et la société, facilitant ainsi la diffusion des informations sur les droits des femmes et les recours possibles en cas de violences. Les lois en vigueur ont été renforcées pour garantir une protection juridique complète aux victimes, et les médias jouent un rôle fondamental dans la sensibilisation à ces textes législatifs.

La santé des femmes violées : un enjeu majeur de santé publique

Concernant la prise en charge sanitaire des femmes et des filles victimes de violences, Mme Nadia Djeraoune, représentante du ministère de la Santé, a souligné que la violence à l’égard des femmes constitue un “problème de santé publique”, avec des répercussions graves non seulement sur les victimes, mais également sur leurs familles et la société dans son ensemble. Elle a rappelé l’importance des actions préventives mises en place pour limiter les atteintes à l’intégrité physique et psychologique des femmes et des filles. L’objectif est d’agir avant que la violence n’ait lieu, en plus des mesures curatives nécessaires pour accompagner les victimes.

Facilitation de la dénonciation et protection des victimes :Les efforts des forces de sécurité.

Les représentants de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et de la Gendarmerie nationale (GN), Mme Yasmine Khouas et M. Mohamed Taha Menai, ont mis en avant les mesures mises en place pour faciliter la dénonciation des agresseurs et protéger les victimes de violences. Ils ont souligné la simplification des démarches administratives pour permettre une prise en charge rapide des victimes, ainsi que le renforcement des mécanismes de protection assurant une intervention efficace et continue. Ces efforts visent à encourager les femmes et les filles à dénoncer les violences en toute sécurité.

L’engagement international de l’Algérie : vers un avenir sans violence

L’Algérie a réaffirmé son engagement international à éradiquer les violences faites aux femmes d’ici 2030. Lors de la rencontre, il a été rappelé que le pays poursuit activement cette lutte, avec une forte volonté politique et des actions concrètes, notamment dans les domaines de la prévention, de l’éducation, de la santé et de la justice. Le rôle des médias est donc central pour soutenir cet engagement, en amplifiant les messages de sensibilisation et en contribuant à un changement sociétal profond.

Les objectifs de la journée.

L’objectif principal de cette journée d’information et de sensibilisation était de renforcer la capacité des médias à comprendre et à traiter les violences faites aux femmes et aux filles. Plusieurs objectifs complémentaires ont été définis :

• Présenter le programme de l’UNFPA : Il s’agissait d’exposer les axes d’intervention du programme pays de l’UNFPA dans la lutte contre ces violences, en détaillant ses actions en cours et ses résultats attendus.

• Exposer les mécanismes institutionnels : Les intervenants issus des ministères de la Justice, de la Santé, de la Gendarmerie nationale, et de la DGSN ont présenté les différentes approches institutionnelles en matière de prise en charge des victimes de violences.

• Renforcer la compréhension des professionnels des médias : L’objectif était de mieux informer les journalistes sur les mécanismes existants pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, afin de garantir une couverture médiatique plus responsable.

• Échange d’expériences : La journée a permis un échange fructueux entre les acteurs institutionnels, les organisations de la société civile et les médias. Cette dynamique d’échange a permis d’élaborer des recommandations pour améliorer le traitement médiatique de ces violences.

Une méthodologie participative et structurée

La journée a été organisée en plusieurs phases permettant une approche progressive et participative :

• Cadrage stratégique et institutionnel : La première phase a été consacrée à la présentation du cadre d’intervention, avec les allocutions d’ouverture de l’UNFPA et du Ministère de la Communication. Le programme pays de l’UNFPA a ensuite été détaillé, ainsi que les projets en cours sur les violences faites aux femmes et aux filles.

• Présentation des mécanismes de réponse : Dans cette phase, les institutions clés telles que la DGSN, la Gendarmerie nationale, le Ministère de la Santé et le Ministère de la Justice ont présenté leurs approches respectives pour la prise en charge des victimes, ainsi que les outils existants pour soutenir les femmes et filles victimes de violences.

• Perspective de la société civile : L’intervention du CIDDEF (Centre International pour le Développement et la Défense des Femmes) a permis d’apporter un éclairage sur le rôle crucial de la société civile dans cette lutte, notamment en matière de soutien aux victimes et de plaidoyer.

• Échange et élaboration de recommandations : La dernière partie de la journée a été consacrée à un débat interactif avec les médias, suivie de l’élaboration collective de recommandations.

Les participants ont travaillé en sous-groupes pour proposer des actions concrètes visant à améliorer le traitement médiatique des violences faites aux femmes et aux filles.

Une participation large et variée

La journée a réuni environ 60 participants, issus de divers horizons. Parmi eux figuraient des représentants des institutions gouvernementales, des ministères de la Justice, de la Santé et de la Communication, des forces de sécurité, ainsi que des professionnels des médias (presse écrite, audiovisuelle et électronique) et des organisations de la société civile. Cette diversité a permis de nourrir des échanges riches et de mettre en lumière les différentes perspectives sur cette problématique.

Résultats attendus et perspectives

À l’issue de cette journée, plusieurs résultats sont attendus :

• Une meilleure compréhension des mécanismes institutionnels : Les médias auront acquis une meilleure connaissance des dispositifs en place pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.

• Un renforcement des liens entre les médias et les institutions : Cette journée vise à établir une collaboration plus forte entre les professionnels des médias et les acteurs institutionnels, afin de mieux répondre aux besoins d’information du public.

• Des recommandations concrètes pour les médias : Les discussions et les travaux de groupe permettront de formuler des recommandations pratiques visant à améliorer la couverture médiatique des violences.

• Création d’un réseau informel d’échange : Cette journée devrait également permettre la création d’un réseau d’échange entre les différents acteurs, facilitant ainsi la collaboration à long terme.

Cette journée de sensibilisation constitue une étape clé dans le renforcement du rôle des médias dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Algérie. En sensibilisant les journalistes et en favorisant les échanges entre les différents acteurs, cet événement a permis de mettre en lumière l’importance d’une couverture médiatique responsable et constructive. En renforçant la synergie entre les institutions, la société civile et les médias, cette initiative contribue à faire progresser la lutte contre les violences et à promouvoir des comportements respectueux à l’égard des femmes et des filles.

Déclarations des participants

Lors de la journée de sensibilisation sur le rôle des médias dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, plusieurs participants ont exprimé leur engagement et partagé leur vision pour renforcer l’impact des médias dans cette lutte essentielle.

Faiza Bendriss, directrice du Bureau de l’UNFPA en Algérie, a ouvert l’événement en soulignant l’importance de l’implication des médias dans la construction d’une société plus juste et inclusive. “Mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles n’est pas seulement une question de justice, c’est un impératif pour construire des sociétés plus justes et inclusives”, a-t-elle déclaré, insistant sur le rôle crucial des journalistes pour sensibiliser l’opinion publique et transformer les normes sociales.

Dr Souad Brahimi, médecin et DG du magazine ‘’Ma Santé, MA Vie’’, a rappelé que “les médias ont un pouvoir immense pour influencer les mentalités et démanteler les stéréotypes de genre”. Selon lui, “le traitement responsable de ces sujets par les journalistes peut aider à briser le silence autour des violences faites aux femmes et offrir une plateforme pour les victimes qui ont souvent peur de se faire entendre”.

M. Ahmed Lamine, représentant du ministère de la Justice, a également pris la parole pour exprimer la collaboration renforcée entre les institutions et les médias : “Les mécanismes juridiques et institutionnels pour soutenir les victimes existent, mais il est essentiel que les médias relayent cette information de manière claire et accessible. Un traitement médiatique adéquat est nécessaire pour garantir que les victimes connaissent leurs droits et les recours disponibles”.

Mme Amina Tounsi, militante de la société civile, a souligné le rôle essentiel de la solidarité et de l’engagement collectif. “Les médias doivent amplifier la voix des femmes et des filles victimes de violences. Cela passe par des reportages responsables, mais aussi par une prise en charge des victimes en dehors du cadre médiatique, notamment en soutenant des initiatives de prévention et d’aide aux victimes”, a-t-elle expliqué.

Mme Samia Chouchane, Cheffe de Bureau UNODC Algérie et participante active à l’événement, a appelé à l’action. “Le chemin est encore long, mais ensemble, nous pouvons transformer la société pour les femmes et les filles”, a-t-elle conclu.

Mots clés : femme ; violence ; fille ; UNFPA ; média ; Algérie ;