Un tournant stratégique pour une santé durable et une meilleure protection face aux risques épidémiques
Le ministère de la Santé prépare un projet de loi ambitieux visant à inscrire la prévention sanitaire au cœur de toutes les politiques publiques. L’objectif : faire de la santé un enjeu transversal, partagé par tous les secteurs — éducation, environnement, agriculture, transport ou urbanisme.
Dr Djamel Fourar, directeur général de la prévention et de la promotion de la santé, a annoncé cette initiative mardi à Alger, lors d’une conférence consacrée à la situation épidémiologique des maladies transmissibles.
« Ce projet de loi vise à intégrer la prévention dans l’ensemble des politiques sectorielles. Les maladies transmissibles restent un défi majeur pour la santé publique, malgré la stabilité observée », a-t-il souligné.
La prévention, un pilier du système de santé
Le ministère de la Santé veut renforcer une approche fondée sur la surveillance épidémiologique, la rapidité de réponse et la coordination intersectorielle.
Cette stratégie repose sur une liste actualisée des maladies à déclaration obligatoire, élaborée conjointement par l’Institut national de santé publique (INSP) et la Direction générale de la prévention et de la promotion de la santé.
Un réseau de veille sanitaire est déjà opérationnel, permettant une détection précoce des foyers infectieux et une action rapide sur le terrain. « La surveillance reste le pilier de la prévention. Elle nous permet d’anticiper les risques plutôt que d’en subir les conséquences », a rappelé Dr Fourar.
Une stratégie nationale intégrée et proactive

Une stratégie nationale de prévention a été élaborée avec la participation de tous les secteurs concernés. Elle comprend :
- le développement des systèmes de surveillance, d’alerte et de réponse rapide ;
- la diffusion de protocoles actualisés pour le diagnostic et la gestion des épidémies ;
- le renforcement des capacités de formation pour le personnel médical et paramédical ;
- et la sensibilisation du public sur les gestes de prévention.
Cette approche coordonnée vise à instaurer une culture de prévention durable, afin de réduire le poids des maladies transmissibles mais aussi non transmissibles (maladies chroniques, obésité, diabète…).
Surveillance renforcée dans le Sud : vigilance sans alarme
Dr Ilyes Akhamokh, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Tamanrasset, a indiqué qu’aucun cas de choléra n’a été signalé à ce jour dans le pays. Toutefois, un dispositif de veille renforcée a été activé en raison de la circulation de la maladie dans certains pays voisins d’Afrique subsaharienne. « Tous les médecins de la wilaya ont été formés pour répondre efficacement à toute situation d’urgence », a-t-il précisé.
Cette préparation s’inscrit dans une logique de réactivité territoriale, essentielle pour contenir tout risque épidémique avant sa propagation.
Adapter la lutte aux nouveaux défis sanitaires
Selon Dr Faouzi Derrar, directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, la lutte contre les maladies infectieuses devra désormais tenir compte des changements climatiques mondiaux, qui favorisent la résurgence ou l’expansion de certains virus et bactéries. « Le dispositif de lutte doit être repensé pour s’adapter à un monde où les maladies évoluent plus vite que nos frontières », a-t-il averti.
Les variations climatiques, la mobilité accrue des populations et la mondialisation exigent une coopération scientifique internationale et un renforcement des capacités nationales de diagnostic.
Vers une sécurité sanitaire globale
Pour Dre Fella Oudjida, représentante de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité sanitaire repose sur une collaboration étroite entre plusieurs secteurs. « L’objectif est de renforcer la prévention et la réponse rapide face aux risques sanitaires, qu’ils soient infectieux, environnementaux ou technologiques. »
Cette démarche s’inscrit dans la vision du “One Health” – une seule santé – qui relie la santé humaine, animale et environnementale. Elle favorise une anticipation collective des crises sanitaires, en s’appuyant sur la recherche, la formation et la communication.
Recommandations médicales et sociétales
- Renforcer la prévention communautaire : sensibiliser la population aux gestes simples (lavage des mains, hygiène alimentaire, vaccination).
- Promouvoir la santé à l’école : intégrer la prévention dans les programmes éducatifs.
- Encourager la formation continue des professionnels de santé sur les nouveaux risques épidémiologiques.
- Mettre en réseau les acteurs locaux (mairies, associations, hôpitaux) pour une réponse coordonnée et rapide.
- Investir dans la recherche et la digitalisation du suivi épidémiologique (systèmes d’alerte en temps réel, intelligence artificielle, cartographie des risques).
Un tournant pour la santé publique algérienne
Ce projet de loi marque une évolution majeure de la politique de santé nationale : passer d’un modèle curatif à un modèle préventif, anticipatif et participatif.
En plaçant la prévention au centre de l’action publique, l’Algérie s’inscrit dans la dynamique des systèmes de santé modernes, où chaque secteur devient acteur de la santé collective. « Prévenir, c’est soigner avant la maladie. C’est un investissement pour l’avenir et pour la vie », conclut Dr Fourar.
Mots clés : santé ; plan ; sécurité ; sanitaire ; prévention ; hygiène ; vaccination ;
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