Le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national a engagé, jeudi, une campagne nationale de contrôle ciblant des activités médicales et paramédicales exercées illégalement par des non-professionnels. Ces interventions s’étendent à plusieurs secteurs sensibles : les salons de coiffure, les instituts de beauté, les centres de soins corporels, ainsi que les commerces de produits alimentaires d’origine douteuse ou importés illégalement.
Une opération nationale de grande envergure
Cette opération répond aux instructions directes du ministre TayebZitouni, qui alerte sur l’expansion dangereuse de pratiques non encadrées pouvant mettre en péril la santé des citoyens. Elle s’inscrit dans une démarche visant à renforcer la régulation du marché, en collaboration avec les services de santé, les collectivités locales, et les organismes de défense des consommateurs.
Des soins à risques réalisés par des personnes non qualifiées
Les inspections menées sur le terrain ont révélé des cas préoccupants : des personnes non diplômées et non autorisées proposaient des actes médicaux et paramédicaux, parfois invasifs, dans des lieux inadaptés, comme des salons de beauté. Ces actes incluent :
- des injections de botox ou d’acide hyaluronique,
- des séances de mésothérapie,
- des traitements au laser (épilation, détatouage, soins dermatologiques).
Problème majeur : ces actes médicaux comportent des risques élevés d’infections, d’allergies, de brûlures, voire de complications graves s’ils sont réalisés sans hygiène stricte, sans connaissance médicale, et sans suivi.
Ces interventions devraient être réservées exclusivement aux médecins formés, car elles nécessitent une connaissance approfondie de l’anatomie, de la pharmacologie, et des règles d’asepsie.
Aliments dangereux : des produits périmés ou illicites
Autre volet alarmant : la vente illégale de denrées alimentaires importées sans traçabilité ni respect des normes sanitaires. Les services de contrôle ont saisi d’importantes quantités de :
- produits périmés,
- articles non étiquetés ou d’origine inconnue,
- aliments contenant potentiellement des substances interdites (alcool, graisses animales non conformes, additifs nocifs…).
Ces produits présentent des risques d’intoxication, d’allergies sévères, ou de contamination microbienne (comme la listeria, la salmonelle…). Leur consommation peut provoquer des troubles digestifs, neurologiques, voire des atteintes hépatiques.
Les acteurs de la société civile saluent l’initiative
Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur (APOCE), a apporté son soutien total à l’opération. Il insiste sur le caractère vital de ce contrôle, notamment dans le domaine des soins esthétiques, de plus en plus prisés mais souvent mal encadrés.
Il a aussi rappelé que la vente de lunettes et de lentilles doit être strictement réservée à des opticiens diplômés. En effet, un mauvais équipement visuel peut entraîner des maux de tête chroniques, une dégradation de la vue, voire des lésions oculaires chez les enfants et les personnes âgées.
Le Conseil des dentistes monte au créneau
Le Conseil national de l’ordre des médecins dentistes (CNODM) a salué l’engagement du ministère du Commerce. Il dénonce en particulier la prolifération des montages dentaires clandestins, réalisés sans diplôme ni autorisation.
Ces pratiques, souvent exercées dans des garages ou des salons privés, exposent les patients à de graves infections bucco-dentaires, des réactions toxiques ou des déformations irréversibles de la mâchoire.
Appels des professionnels de la santé et des citoyens : les souks toujours hors de contrôle
En plus des salons de beauté, des centres de soins corporels et des commerces illégaux, de nombreux professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme sur la situation dans les souks. Ces marchés populaires, souvent peu encadrés, demeurent des foyers majeurs de pratiques médicales illicites et de vente de médicaments non conformes.
On y trouve fréquemment :
- – des produits pharmaceutiques vendus sans ordonnance ni contrôle sanitaire,
- – des médicaments contrefaits ou périmés,
- – des traitements traditionnels présentés comme des ‘’remèdes miracles’’,
- – et parfois même des actes médicaux improvisés sur place, comme des extractions dentaires ou des traitements à base de plantes sans validation scientifique.
- – des gélules amaigrissantes ou énergisantes non homologuées,
- – des pommades censées “guérir” l’eczéma ou le diabète,
- – des flacons sans étiquetage clair, souvent périmés ou contrefaits,
- – et même des traitements à base de plantes aux effets inconnus.
Dr Salim B., médecin généraliste à Blida, témoigne : « J’ai reçu plusieurs patients avec des complications graves, notamment des infections cutanées ou des troubles hépatiques, après l’usage de crèmes achetées dans les marchés. La plupart pensaient acheter un produit naturel et inoffensif. »
Citoyens et professionnels appellent à un encadrement plus strict de ces espaces commerciaux informels, qui échappent trop souvent aux radars des services d’inspection. Ils demandent :
– des interventions régulières des autorités compétentes dans les souks,
– une sensibilisation accrue des consommateurs aux risques sanitaires,
– et la fermeture immédiate des points de vente impliqués dans la distribution de produits médicaux non autorisés.
Pour les experts, il s’agit d’un enjeu sanitaire crucial : ces pratiques exposent les populations, notamment les plus vulnérables, à des intoxications, des effets secondaires graves, voire des décès, en raison de l’utilisation de substances interdites, mal dosées ou mal conservées.
Fatima, 37 ans, habitante de Constantine, raconte son expérience dramatique : « J’ai acheté une solution pour les douleurs articulaires dans un souk réputé. Le vendeur m’a assuré que c’était une formule “berbère ancestrale”. Après deux jours d’application, ma peau a commencé à brûler. J’ai fini à l’hôpital avec une dermite chimique sévère. »
Les professionnels appellent les autorités à :
– mener des descentes régulières dans les souks, en coordination avec les services de santé,
– interdire formellement la vente de tout produit à visée médicale sans autorisation pharmaceutique,
– lancer des campagnes de sensibilisation auprès des populations à risque, notamment dans les zones rurales ou défavorisées.
Dr. Mounia Z., pharmacienne à Alger, ajoute : « Tant qu’on ne coupe pas l’accès à ces produits illégaux et qu’on ne punit pas sévèrement les vendeurs, ces pratiques continueront de mettre en danger la vie de milliers de citoyens. »
Vers une réglementation stricte et transversale

Lors d’une réunion de coordination récente, le ministre Tayeb Zitouni a appelé à une révision complète des filières liées aux soins non médicaux, en concertation avec les ministères de la Santé, de la Formation professionnelle et de la Justice.
Objectif :
– Établir des critères clairs de qualification et de contrôle,
– Identifier les professionnels habilités,
– Protéger le consommateur,
– Rétablir la confiance dans les services encadrés par l’État.
Un pas décisif vers une meilleure sécurité sanitaire
Cette opération constitue une étape clé dans la lutte contre les pratiques commerciales illégales aux conséquences sanitaires lourdes. Elle marque une volonté politique forte de préserver la santé publique, de lutter contre les marchés parallèles et de protéger les consommateurs contre les abus et les dérives.
Les autorités appellent les citoyens à signaler tout acte suspect ou toute pratique douteuse, et à ne jamais confier leur santé ou leur alimentation à des intervenants non qualifiés.
Mots clés : médicament ; soins ; commerce ; illégal ; médical ; pratique ; santé ; publique ; APOCE