Le groupe pharmaceutique public algérien Saïdal a franchi un nouveau cap en procédant, ce mercredi, à l’exportation de son premier lot de médicaments vers la Mauritanie. Cette opération logistique, partie du port d’Alger, fait suite à la victoire du groupe dans un appel d’offres international lancé par les autorités sanitaires mauritaniennes en 2024. Elle marque une avancée concrète dans la stratégie de projection régionale du secteur pharmaceutique algérien.

Une première livraison stratégique depuis Alger

Selon Younes Bouarara, directeur général de Saïdal, ce premier envoi comprend 100 000 flacons de paracétamol pédiatrique, un médicament essentiel à large usage, en particulier dans les services de santé infantile. Le lot est destiné à la Centrale d’Achats des Médicaments, Équipements et Consommables médicaux (CAMEC) de Mauritanie.

Une opération alignée sur la stratégie nationale

Cette percée sur le marché mauritanien s’inscrit pleinement dans les orientations du président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui a fait de l’exportation hors hydrocarbures un levier de diversification de l’économie nationale. Elle reflète également les directives du ministère de l’Industrie pharmaceutique, visant à positionner l’Algérie comme un acteur majeur dans la production et la distribution de médicaments en Afrique.

D’après M. Bouarara, ce premier succès ne relève pas d’une initiative isolée : Saïdal a récemment participé à plusieurs appels d’offres internationaux, notamment en direction du Sénégal, du Tchad et du Yémen, ce qui confirme sa volonté de s’ancrer durablement sur des marchés émergents.

Un partenariat stratégique avec la Mauritanie

Au-delà de cette première livraison, Saïdal a signé en mai dernier un accord de coopération bilatérale avec la société mauritanienne “Chinguitty Pharma”, spécialisée dans la distribution de médicaments et de dispositifs médicaux. Ce partenariat vise à renforcer l’approvisionnement du marché mauritanien en médicaments algériens, à en assurer la promotion locale, mais surtout à jeter les bases d’une production pharmaceutique conjointe en Mauritanie.

Dans ce cadre, une unité de fabrication est en cours de finalisation à Nouakchott, grâce à un soutien technique fourni par Saïdal. L’objectif est d’initier une production locale de médicaments essentiels, tels que les sirops thérapeutiques et les comprimés courants, pour ensuite élargir la gamme aux traitements des maladies chroniques, notamment le diabète, les affections cardiovasculaires et certains cancers.

Vers une souveraineté sanitaire régionale

Cette coopération s’inscrit dans une logique de souveraineté sanitaire partagée, fondée sur le transfert de savoir-faire, la mutualisation des capacités industrielles et la valorisation des complémentarités économiques. Elle répond aussi à un besoin urgent : réduire la dépendance des pays africains aux importations de médicaments souvent coûteux et peu accessibles.

À travers cette initiative, Saïdal affirme sa volonté de devenir un acteur de référence dans l’architecture sanitaire africaine, en contribuant à la création d’écosystèmes pharmaceutiques régionaux. Pour Younes Bouarara, cette démarche illustre l’ambition de l’Algérie de jouer un rôle pivot dans la coopération sud-sud, en plaçant la santé publique au cœur de sa diplomatie économique.

Un savoir-faire reconnu à l’international

Ce succès en Mauritanie s’ajoute à d’autres exportations réalisées en 2024, notamment vers le Tchad, le Mali et la Tunisie, où les médicaments algériens ont été bien accueillis en raison de leur qualité certifiée, leur conformité aux normes internationales et leur accessibilité. L’industrie pharmaceutique algérienne, longtemps tournée vers le marché national, amorce désormais une transition vers un modèle exportateur.

Le groupe Saïdal entend capitaliser sur sa maîtrise des procédés industriels, sa capacité de production modernisée et son portefeuille de plus de 200 spécialités pharmaceutiques, pour conquérir de nouveaux marchés africains, arabes et asiatiques.

Une dynamique à consolider

Ce virage stratégique nécessitera toutefois un renforcement des capacités logistiques, réglementaires et commerciales. La réussite à l’international implique aussi de gagner la confiance des partenaires étrangers par une transparence accrue, des certifications internationales (comme les normes GMP – Good Manufacturing Practices) et une capacité à livrer dans les délais.

L’exportation de médicaments vers la Mauritanie par Saïdal ne représente pas seulement une livraison commerciale, mais un acte stratégique qui participe à redéfinir le rôle de l’Algérie sur le continent africain, dans un secteur aussi vital que celui de la santé.

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