Si l’impact de la pollution sur la santé respiratoire est largement documenté, ses effets sur le risque de cancer de la tête et du cou sont moins connus. Une étude récente a cherché à établir cette corrélation. Publiée en novembre dans la revue ‘’Scientific Reports’’, l’article intitulé “Exposition à la pollution atmosphérique et incidence du cancer de la tête et du cou” résulte d’une collaboration entre des chercheurs de trois universités américaines.
Des liens encore flous
Bien que de précédentes recherches aient déjà étudié les effets de la pollution de l’air sur les cancers respiratoires, l’étude dirigée par John Cramer et John Peleman de l’Université Wayne State met en lumière des conséquences moins explorées, notamment pour le cancer de la tête et du cou.
Selon le Dr Cramer, « Le cancer de la tête et du cou est plus difficile à relier à la pollution, sa fréquence étant bien inférieure à celle du cancer du poumon. Mais puisque, comme le cancer du poumon, il survient aussi après le tabagisme, nous avons souhaité explorer cette piste ».
Le lien potentiel résiderait dans les particules polluantes que nous respirons et leur effet sur la muqueuse de la tête et du cou.
Les particules PM2.5 : un facteur clé
Pour mener leur étude, les chercheurs ont utilisé les données de la base SEER, qui recense les cas de cancer aux États-Unis entre 2002 et 2012. Ils ont observé une association significative entre l’exposition aux particules fines (PM2.5) et l’incidence du cancer aérodigestif de la tête et du cou, avec un délai de cinq ans.
Les PM2.5, des particules inférieures à 2,5 microns, sont particulièrement préoccupantes car elles ne sont pas filtrées par les voies respiratoires supérieures, contrairement aux particules plus grosses. Selon les chercheurs, « La taille des particules est cruciale, car le nez et la gorge servent de filtres pour les particules plus grandes avant qu’elles n’atteignent les poumons. Les PM2.5, cependant, peuvent pénétrer plus profondément dans les voies respiratoires et affecter différentes parties du système aéro-digestif ».
La nécessité d’améliorer les normes de qualité de l’air
Dr Cramer prévoit d’élargir ses recherches en intégrant de nouveaux ensembles de données afin d’approfondir les liens entre pollution et cancers. Son objectif est que ces résultats influencent les politiques publiques. « Ces découvertes soulignent le rôle crucial de la pollution de l’air dans les cancers des voies aérodigestives supérieures, et la nécessité d’intensifier les efforts de sensibilisation, de recherche et de prévention », explique-t-il.
De son côté, la co-auteure de l’étude, Dr Amanda Dilger, souligne également l’importance de la santé environnementale : « La santé environnementale et la santé personnelle sont intimement liées. Cette étude montre qu’il est crucial d’améliorer les normes de qualité de l’air pour réduire le risque de cancers, en particulier ceux de la tête et du cou. »
Les autres facteurs de risque du cancer de la tête et du cou
Le cancer de la tête et du cou, ou cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS), touche différentes zones du corps, notamment la bouche, le pharynx, le larynx, le nez et les sinus. Bien que le tabagisme et la consommation excessive d’alcool demeurent les principaux facteurs de risque, d’autres éléments contribuent à cette maladie. L’inhalation de poussières de bois ou d’amiante est également un facteur reconnu. Depuis quelques années, on constate une augmentation des cancers VADS liés au papillomavirus humain (HPV), responsable aussi du cancer du col de l’utérus.
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