Une institution au service de la science et de la santé publique en Afrique
Jeudi soir, à Oran, l’Algérie a franchi une étape majeure dans sa coopération médicale africaine avec l’annonce officielle de la création de l’Académie africaine d’allergologie et d’immunologie clinique. Placée sous le haut patronage du président Abdelmadjid Tebboune, cette structure stratégique aura son siège à Alger. Elle incarne une volonté forte de renforcer la recherche médicale et les capacités cliniques du continent africain face à des pathologies en pleine expansion.
Un projet porté par une vision panafricaine
Cette académie est née à l’initiative du Pr Habib Douagui, figure de référence en allergologie et président de la Société algérienne d’allergologie et d’immunologie clinique (SAAIC). Membre influent du Conseil de la Nation, il a souligné que cette structure vise à concevoir des projets de recherche, harmoniser les protocoles de soins, et former les nouvelles générations de spécialistes en immunologie et allergologie sur le continent. Selon lui, de nombreux pays africains sont encore dépourvus de structures spécialisées ou de données épidémiologiques fiables dans ce domaine, ce qui freine le diagnostic et la prise en charge efficace des patients.
Le 16e Congrès euro-africain comme tremplin
C’est dans le cadre du 16e Congrès euro-africain d’allergologie et d’immunologie clinique, tenu à Oran du 13 au 15 juin, que cette annonce a été faite. L’événement a rassemblé près de 500 spécialistes de 14 pays, venus d’Europe et d’Afrique, et a offert une tribune de choix pour discuter des progrès récents dans le diagnostic moléculaire, les biothérapies, les immunothérapies personnalisées, et d’autres sujets à la croisée de la recherche fondamentale et des soins cliniques.
Une réponse à l’augmentation des maladies allergiques en Afrique
Les maladies allergiques et auto-immunes sont en forte augmentation sur le continent africain, notamment en raison de l’urbanisation rapide, de la pollution, des changements alimentaires, et du dérèglement climatique. Ces pathologies incluent des affections de plus en plus fréquentes : rhinites allergiques, asthme, eczéma, allergies alimentaires, lupus, polyarthrite rhumatoïde…En l’absence de bases de données centralisées, de programmes de dépistage et de traitements innovants, ces maladies sont souvent mal diagnostiquées et mal traitées. L’Académie aura pour objectif de favoriser l’accès à un diagnostic précoce, à travers la formation de professionnels, la diffusion de recommandations cliniques actualisées et le développement de protocoles thérapeutiques adaptés aux réalités africaines.
Un espace de coopération scientifique Sud-Sud et Nord-Sud
La création de cette académie symbolise aussi le rôle moteur de l’Algérie dans la diplomatie scientifique africaine. En rassemblant des chercheurs africains, mais aussi européens, elle incarne un modèle de coopération Sud-Sud et Nord-Sud, fondé sur l’échange de données, la mise en réseau des laboratoires, la mobilité des chercheurs et la mutualisation des ressources scientifiques.
Dans son discours d’ouverture, le Pr Martial Ouédraogo, président de la Société africaine d’allergologie, a souligné l’importance de cette nouvelle plateforme intercontinentale, qualifiant le congrès de véritable “hub africain” pour l’innovation médicale.
L’État algérien affiche son soutien aux sciences médicales
Dans un message lu en son nom, le président du Conseil de la Nation, M. Azouz Nasri, a rappelé que le haut patronage accordé par le président Tebboune traduit l’engagement constant de l’État en faveur du progrès scientifique. Il a salué la tenue de ce congrès en Algérie comme preuve du rôle grandissant du pays en tant que carrefour du savoir médical entre l’Afrique et l’Europe.
Par ailleurs, le président de la République a été symboliquement honoré pour son appui au développement de la recherche médicale. Plusieurs médecins et chercheurs algériens ont également été distingués pour leurs contributions.
Des thématiques à la pointe de la médecine moderne
Parmi les thématiques discutées lors du congrès :
- L’immunothérapie allergénique : une approche révolutionnaire permettant de désensibiliser le système immunitaire à long terme
- Les allergies alimentaires : dont la prévalence augmente rapidement chez les enfants africains
- Les traitements biologiques ciblés : nouvelle génération de médicaments pour les pathologies auto-immunes graves
- L’interaction entre allergies et comorbidités auto-immunes : lupus, diabète de type 1, sclérose en plaques
- Recommandations africaines pour la prise en charge de l’asthme : une pathologie en hausse dans les villes polluées
Enjeux à venir : structurer, former, guérir
La mission de cette académie s’articulera autour de trois axes majeurs :
1. Former : créer un réseau africain de médecins et chercheurs spécialisés, avec des programmes de formation continue certifiés
2. Structurer : harmoniser les lignes directrices de prise en charge, bâtir des registres nationaux et régionaux de patients
3. Soigner mieux : accélérer l’accès aux biothérapies, sensibiliser les professionnels de santé à l’immunologie moderne, améliorer la prévention
Un avenir prometteur pour la médecine de demain en Afrique
La création de cette Académie est un signal fort pour l’avenir de la recherche biomédicale africaine. En investissant dans la science, la coopération internationale et la formation des professionnels, l’Algérie confirme son ambition de devenir un pôle régional d’excellence en santé.
Cette dynamique ouvre la voie à une médecine plus accessible, plus précise et plus humaine, pour répondre aux défis de santé publique du XXIe siècle sur le continent.
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