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Myopie : l’épidémie silencieuse du siècle

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSA | Journaliste
30 octobre 2025

Une affection sans virus, sans contagion… mais qui touche déjà des millions de personnes

La myopie n’est pas une maladie infectieuse, pourtant elle se propage à la vitesse d’une épidémie. En France, près de 27 millions de personnes sont concernées, selon les dernières estimations. À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit qu’un habitant sur deux sera myope d’ici 2050.

Une progression fulgurante et mondiale

Un phénomène qualifié d’« épidémie sans virus », alimenté par nos modes de vie modernes : excès d’écrans, manque de lumière naturelle et travail prolongé en vision rapprochée.

Un œil adulte mesure en moyenne 23 millimètres de long. Chez la personne myope, ce globe oculaire est légèrement plus long, parfois de seulement quelques millimètres.

Ce petit écart suffit à brouiller la vision : l’image des objets lointains se forme devant la rétine au lieu de s’y projeter.

Résultat : tout ce qui est distant devient flou.

Mais cet allongement n’est pas qu’une gêne optique : il fragilise la structure de l’œil. À long terme, il peut augmenter le risque de décollement de la rétine, de cataracte précoce ou encore de glaucome.

D’où l’importance de surveiller la myopie tout au long de la vie, même lorsqu’elle semble stabilisée.

Les spécialistes s’accordent : la myopie s’installe de plus en plus tôt.

« Les enfants passent beaucoup de temps à l’intérieur, souvent devant les écrans, et trop peu à la lumière naturelle », explique des ophtalmologistes pédiatriques de la cynique ophtalmique Mohib Eddine de Bordj Bou Arreridj.

Or, la lumière du jour joue un rôle essentiel dans la croissance harmonieuse de l’œil.

Des études montrent que deux heures quotidiennes passées à l’extérieur suffisent à réduire le risque de myopie ou à en ralentir l’évolution.

Les activités en plein air — sport, marche, jeux en extérieur — sont donc un véritable traitement préventif.

Freiner la myopie est aujourd’hui possible, à condition d’agir tôt. Plusieurs solutions existent, adaptées à l’âge et au degré d’atteinte :

  • L’atropine en collyre : administrée à faible dose, cette molécule réduit la progression de la myopie chez l’enfant. Utilisée sur plusieurs années, elle permet de freiner l’allongement du globe oculaire sans effets secondaires majeurs.
  • Les lentilles d’orthokératologie : portées la nuit, elles remodèlent temporairement la cornée, corrigeant la vision le jour et ralentissant la progression du trouble.
  • Les verres “frénateurs” de myopie : conçus pour modifier la focalisation de la lumière, ils offrent une correction stable tout en agissant sur la croissance de l’œil.
  • La rééducation comportementale : pauses visuelles régulières, limitation du temps d’écran (surtout avant 6 ans) et ergonomie adaptée à la lecture sont autant de mesures simples mais efficaces.

Contrairement à une idée reçue, la myopie ne disparaît pas à l’âge adulte. Si elle se stabilise vers 20 à 25 ans, l’œil myope reste plus fragile. Un suivi ophtalmologique régulier est donc indispensable, notamment pour dépister précocement les complications rétiniennes.

Les experts recommandent :

  • un bilan visuel annuel pour les enfants et les jeunes adultes myopes ;
  • un contrôle tous les deux ans pour les adultes stabilisés ;
  • un examen du fond d’œil régulier après 40 ans, afin de prévenir les risques de maculopathie myopique.

Les chercheurs poursuivent leurs efforts pour comprendre les mécanismes biologiques de la myopie et développer de nouveaux traitements.

Des pistes prometteuses explorent le rôle des neurotransmetteurs de la rétine, la régulation hormonale de la croissance oculaire, ou encore l’impact de la lumière artificielle bleue sur la production de dopamine rétinienne — un facteur clé de la santé visuelle.

« La myopie est un marqueur de notre époque : elle reflète nos modes de vie sédentaires et nos environnements clos », souligne Dr Salim BENLEFKI, chercheur en neurosciences.

« Il ne s’agit pas seulement de corriger la vue, mais de repenser la manière dont nos enfants interagissent avec le monde visuel. »

La lutte contre la myopie passe avant tout par la prévention et l’éducation visuelle :

  • Encourager les activités extérieures quotidiennes ;
  • Réduire le temps d’écran, surtout avant 12 ans ;
  • Maintenir une distance d’au moins 30 cm entre les yeux et les supports de lecture ;
  • Préférer une bonne luminosité naturelle pour les devoirs ou le travail de bureau ;
  • Consulter dès les premiers signes de fatigue visuelle ou de vision floue à distance.

Sans être contagieuse, la myopie s’impose comme la grande épidémie du XXIe siècle Invisible, silencieuse, elle transforme notre rapport au monde. Entre prévention, innovation et éducation, la bataille ne se jouera pas dans les laboratoires seulement, mais aussi dans nos foyers, nos écoles et nos écrans. Parce qu’un regard sur l’horizon commence… par un pas dehors.

Mots clés : myopie ; œil ; oculaire ; OMS ; contagieuse ; Affection ; virus ;

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