
Et si certaines infections courantes laissaient des traces bien plus profondes qu’on ne le pensait ? Selon une vaste étude internationale publiée dans la revue Neuron, avoir été victime d’une infection grave pourrait, des années plus tard, accroître le risque de développer une maladie neurodégénérative comme Alzheimer ou Parkinson.
Une découverte inquiétante
Les chercheurs ont identifié une corrélation forte entre plusieurs infections virales et une augmentation du risque de troubles neurologiques. Leurs conclusions invitent à repenser le lien entre système immunitaire, inflammation et déclin cérébral.
Les maladies neurodégénératives, un enjeu mondial majeur
Le terme de maladie neurodégénérative désigne un ensemble d’affections qui détruisent progressivement les neurones du cerveau et du système nerveux. En Algérie, des centaines de personnes vivent avec des maladies comme Alzheimer, Parkinson ou la sclérose en plaques.
Si elles touchent majoritairement les personnes âgées, plusieurs jeunes adultes en sont également atteints. Et les projections sont préoccupantes : d’ici 2050, le nombre de cas pourrait doubler, faisant de ces pathologies un véritable défi médical, social et économique.
L’étude : un lien entre infections et troubles neurologiques
Conduite par Michael Nalls et Andrew Singleton, l’étude a porté sur près de 500 000 individus. En croisant leurs données de santé sur plusieurs décennies, les chercheurs ont mis en évidence 22 associations significatives entre certaines infections et la survenue ultérieure de maladies neurologiques.
Les résultats sont saisissants :
- Les personnes ayant souffert d’encéphalite virale présentent un risque 31 fois supérieur de développer la maladie d’Alzheimer.
- Celles hospitalisées pour une grippe compliquée de pneumonie voient augmenter leur probabilité de souffrir de démence, de Parkinson ou de sclérose latérale amyotrophique (SLA).
Fait notable : ces effets peuvent apparaître jusqu’à 15 ans après l’infection initiale.
Des virus capables de franchir la barrière cérébrale
Près de 80 % des virus impliqués seraient dits neurotrophes, c’est-à-dire capables de pénétrer le cerveau et d’y provoquer une inflammation persistante. Cette réaction, censée protéger le système nerveux, pourrait à long terme endommager les cellules neuronales et déclencher un processus neurodégénératif.
Cependant, les chercheurs insistent : leur étude est observationnelle. Elle révèle des corrélations, pas des relations de cause à effet. On ne peut donc pas encore affirmer que ces virus provoquent les maladies, seulement qu’ils pourraient en être un facteur déclencheur ou aggravant.
Des précédents déjà connus
Ces résultats ne sont pas isolés. En 2022, une étude menée sur plus de 10 millions de personnes avait déjà démontré un lien entre le virus d’Epstein-Barr et un risque multiplié par 32 de développer une sclérose en plaques.
De même, une publication dans le BMJ Open avait établi une association entre le virus de l’herpès simplex de type 1 (HSV-1) et un risque accru de 80 % de maladie d’Alzheimer. Bonne nouvelle toutefois : les patients traités avec des antiviraux présentaient un risque réduit de 17 %, suggérant un rôle protecteur possible de ces traitements.
Plus récemment, en juin 2025, des travaux parus dans eBioMedicine ont mis en évidence un lien entre plusieurs troubles cérébraux — dont les encéphalites — et la survenue d’Alzheimer. Près de 3 200 patients avaient présenté une encéphalopathie quelques mois ou années avant le diagnostic. Ces affections peuvent être secondaires à un traumatisme crânien, une infection sévère ou encore une maladie hépatique.
Une nouvelle pièce dans le puzzle des maladies du cerveau
Les résultats de cette étude apportent plusieurs pièces essentielles au puzzle des maladies neurodégénératives. À l’avenir, nous utiliserons les outils les plus récents en science des données pour identifier d’autres facteurs et comprendre comment les gènes, les infections et l’environnement interagissent dans le développement de ces maladies.
Prévention : les réflexes à adopter
Même si le lien de causalité reste à confirmer, ces données soulignent l’importance de prévenir et traiter rapidement les infections graves, en particulier chez les personnes âgées ou fragiles :
- Vaccination : se protéger contre la grippe, la pneumonie, la COVID-19 ou l’hépatite peut réduire le risque d’infections sévères.
- Hygiène et vigilance : en cas de fièvre, de confusion ou de troubles neurologiques après une infection, consulter sans délai.
- Suivi médical régulier : un contrôle des fonctions cognitives peut être envisagé chez les patients ayant eu des antécédents d’infections cérébrales.
Les infections graves ne laissent pas toujours le corps indemne. Certaines pourraient, à long terme, fragiliser le cerveau et favoriser le développement de maladies neurodégénératives. Si la prudence scientifique reste de mise, ces découvertes rappellent une vérité essentielle : protéger son système immunitaire, c’est aussi protéger son cerveau.
Mots clés : santé ; cerveau ; Parkinson ; Alzheimer ; immunitaire ; médical ;
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