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Lupus : pourquoi un diagnostic précoce change tout

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSA | Journaliste
20 mai 2025

Des experts réunis à Alger appellent à mieux dépister cette maladie auto-immune encore mal comprise

Lors d’une journée de formation médicale continue organisée à Alger, des spécialistes en immunologie et en pneumologie ont souligné l’importance de détecter rapidement le lupus, une maladie auto-immune chronique. Cette pathologie, complexe et encore incurable dans la majorité des cas, peut toutefois être mieux contrôlée si elle est diagnostiquée dès les premiers signes.

Le lupus est une maladie inflammatoire systémique : cela signifie qu’il peut toucher plusieurs organes et systèmes à la fois. Le système immunitaire, censé protéger l’organisme, devient dysfonctionnel et attaque ses propres tissus.

D’après le professeur Réda Djidjik, chef du service d’immunologie au CHU de Beni Messous, le lupus évolue par poussées successives, entrecoupées de phases de rémission, ce qui rend sa prise en charge difficile.

Une maladie où le système immunitaire se retourne contre le corps

Peau, articulations, reins, cœur ou cerveau : tout peut être affecté

La maladie se manifeste par des signes très différents selon les patients :

  • Éruptions cutanées, souvent en forme de papillon sur le visage ;
  • Douleurs ou gonflements articulaires ;
  • Atteintes pulmonaires ou cardiaques ;
  • Troubles neurologiques (migraines, convulsions, confusion) ;
  • Problèmes rénaux sévères (néphropathie lupique).

Ces signes peuvent apparaître progressivement ou brutalement, rendant le diagnostic difficile, notamment chez les enfants ou adolescents, dont les symptômes peuvent être atypiques.

Une détection rapide permet de limiter les dommages permanents

Pr Djidjik rappelle que certains traitements, comme les biothérapies ciblées, sont plus efficaces s’ils sont administrés précocement. Ces traitements permettent de réduire l’inflammation, de freiner les poussées et d’éviter les complications irréversibles (notamment rénales et neurologiques).

Sans traitement adapté, le lupus peut altérer gravement la qualité de vie, voire engager le pronostic vital.

Neuf patients sur dix sont des femmes jeunes

Le lupus touche principalement les femmes, surtout entre 15 et 45 ans. Cette forte prévalence féminine s’explique par :

  • Des facteurs hormonaux : les œstrogènes semblent jouer un rôle aggravant ;
  • Des facteurs génétiques : certaines mutations sont plus fréquentes chez les femmes ;
  • Des facteurs environnementaux : exposition au soleil, infections virales, stress, etc.

Les médecins insistent sur la nécessité d’informer les femmes à risque, notamment si des cas sont recensés dans la famille.

Des analyses plus précises pour détecter la maladie plus tôt

Les techniques de diagnostic ont progressé :

  • Dosage des auto-anticorps spécifiques (anti-ADN, anti-Sm…) ;
  • Biopsies rénales en cas d’atteinte ;
  • Examens d’imagerie (scanner, IRM) selon les symptômes ;
  • Tests biologiques de suivi de l’inflammation.

Ces avancées permettent une prise en charge plus ciblée et plus précoce, réduisant les hospitalisations et les complications.

Dermato, néphro, cardio, neuro : le lupus demande un travail d’équipe

La gestion du lupus exige la coordination de plusieurs spécialistes :

  • Dermatologues pour les formes cutanées ;
  • Néphrologues pour les atteintes rénales ;
  • Cardiologues et neurologues pour les organes internes ;
  • Rhumatologues pour les articulations.

Le suivi doit être régulier et adapté à l’évolution du patient. L’enjeu est d’ajuster les traitements, de limiter les effets secondaires, et de préserver les fonctions vitales.

Des formes plus graves, plus difficiles à diagnostiquer

Les participants ont aussi évoqué le lupus pédiatrique, souvent plus agressif que chez l’adulte. Les enfants présentent fréquemment des atteintes rénales précoces et doivent être suivis par des pédiatres formés à cette pathologie rare mais grave.

Le lupus augmente aussi le risque d’hypertension artérielle, de maladies coronariennes, voire d’AVC. La prévention passe par un meilleur contrôle des facteurs de risque, une surveillance cardiologique régulière, et un mode de vie adapté (alimentation, activité physique modérée, arrêt du tabac…).

Le CHU de Beni Messous est devenu une référence dans la prise en charge de la néphropathie lupique. Son laboratoire d’immunologie collabore avec d’autres structures nationales pour renforcer le diagnostic, le traitement et la formation médicale continue.

Cet événement a été organisé conjointement par l’Académie algérienne d’allergologie et d’immunologie clinique (AAAIC) et la Société algérienne de pneumologie (SAP), à l’occasion de la Journée mondiale du Lupus, célébrée chaque 10 mai. L’objectif est de sensibiliser le corps médical, améliorer le dépistage, et renforcer la recherche clinique locale sur cette maladie souvent invisible.

Mots clés : Lupus ; Ben Messous ; CHU ; santé ; néphropathie ;