Le geste chirurgical des femmes serait-il plus sûr ? C’est ce que suggère une étude parue le 23 avril dans la revue ‘’JAMA’’ (Journal of the American Medical Association). Menée à partir des données de l’assurance maladie publique des seniors américains (*Medicare*), l’analyse révèle une différence notable de mortalité après une opération, selon le sexe du ou de la chirurgien·ne.
Moins de décès post-opératoires chez les patients pris en charge par des femmes
Dans les 90 jours suivant une intervention, 3 % des patient·es opéré·es par un homme sont décédé·es, contre seulement 2,6 % pour celles et ceux pris·es en charge par une femme. Un écart modeste en apparence, mais significatif à l’échelle d’une population de plus de 2 millions de patient·es.
Une base de données massive, mais limitée
Pour aboutir à ces résultats, les chercheur·es — affilié·es à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et à plusieurs centres hospitaliers — ont épluché les dossiers de personnes âgées de 65 ans et plus, ayant subi une opération entre 2016 et 2019. Toutes avaient déposé une demande de remboursement auprès de Medicare.
Malgré l’ampleur de l’échantillon, les auteurs reconnaissent plusieurs limites méthodologiques. L’étude concerne exclusivement des patient·es âgé·es, vivant aux États-Unis, un contexte où les femmes représentent seulement 24 % des chirurgiens généralistes. Il est donc possible que les chirurgiennes soient affectées à des cas moins complexes, ce qui pourrait influencer les résultats.
Des hypothèses comportementales et médicales
Première hypothèse : le respect rigoureux des protocoles médicaux. Des travaux antérieurs montrent que les femmes médecins prescrivent plus volontiers des traitements complémentaires recommandés. Par exemple, en oncologie, elles sont plus nombreuses à proposer une radiothérapie adjuvante à leurs patientes atteintes d’un cancer du sein, afin de limiter les récidives.
Deuxième piste : une meilleure communication. Les chirurgiennes échangeraient davantage avec les patient·es et les équipes médicales, facilitant ainsi la détection précoce de complications post-opératoires.
Enfin, elles prendraient davantage leur temps au bloc opératoire. Pour une ablation programmée de la vésicule biliaire, par exemple, les femmes passent en moyenne 100 minutes, contre 89 minutes pour les hommes. Un soin plus méticuleux qui pourrait contribuer à de meilleurs résultats.
Un avantage accru en cas de binôme femme-femme

Autre observation intéressante : les femmes opérées par des chirurgiennes ont de meilleurs résultats que celles suivies par des hommes. Le taux de réadmission dans les trois mois chute de 7,7 % à 7,3 % lorsque médecin et patiente sont du même sexe.
Selon les auteurs, cette “concordance de genre” favorise une relation de confiance. Les patientes se sentiraient plus à l’aise pour signaler des symptômes, discuter de leurs préoccupations ou subir des examens physiques. Ce climat de confiance contribuerait à une prise en charge plus précoce et plus efficace des complications.
Mots clés : chirurgienne ; santé ; post-opératoire ; patient ;