Le Leqembi® (lecanemab), un traitement contre la maladie d’Alzheimer, vient de recevoir l’autorisation de l’Agence européenne du médicament (EMA), après un premier refus en juillet dernier. À l’époque, la molécule avait été rejetée en raison de risques d’effets secondaires graves, notamment des saignements cérébraux. Cependant, après une nouvelle évaluation demandée par les laboratoires Eisai, l’EMA a conclu que le bénéfice du médicament l’emportait sur les risques, mais seulement pour une population spécifique de patients, à savoir ceux qui n’ont pas encore atteint un stade avancé de la maladie.
Le Leqembi® a été approuvé en 2023 aux États-Unis et au Japon, puis en 2024 en Chine, Corée du Sud et Hong Kong.
À quels patients le Leqembi® est-il destiné ?
Le Leqembi® est réservé aux patients pré-symptomatiques de la maladie d’Alzheimer, n’ayant pas encore atteint un stade avancé. Il cible spécifiquement ceux présentant une déficience cognitive légère (troubles de la mémoire et de la pensée) ou un stade de démence légère. Ces patients doivent également posséder un patrimoine génétique spécifique, c’est-à-dire ne pas être porteurs du gène Apolipoprotéine E4, qui est lié à un risque accru d’hémorragies cérébrales.
La Fondation Vaincre Alzheimer rappelle que ce gène est le facteur de risque génétique majeur de la maladie et peut augmenter le risque d’effets secondaires graves sous traitement.
Le médicament est disponible sous forme de solution, et le laboratoire Eisai prévoit de soumettre une demande d’accès précoce à la Haute Autorité de Santé (HAS).
Réduire les dépôts amyloïdes dans le cerveau
Le Leqembi® est une immunothérapie anti-amyloïde. Son anticorps monoclonal, lecanemab, cible les dépôts de bêta-amyloïde dans le cerveau, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Après 18 mois de traitement, des études ont montré une réduction des plaques bêta-amyloïdes et un ralentissement du déclin cognitif de 27 %.
Ce traitement agit directement sur le processus pathologique sous-jacent de la maladie, plutôt que de simplement traiter ses symptômes. Il est important de rappeler que la maladie d’Alzheimer est neurodégénérative et incurable, et que les traitements actuels visent principalement à ralentir la progression des symptômes et améliorer la qualité de vie des patients.
Quels sont les effets indésirables du Leqembi® (lecanemab) ?
Les effets indésirables les plus fréquents du Leqembi® incluent des réactions liées à la perfusion, des céphalées, ainsi que des hémorragies et œdèmes cérébraux visibles sur IRM. Ces effets sont liés à l’élimination des dépôts amyloïdes par les vaisseaux cérébraux. C’est pourquoi une surveillance régulière par IRM est essentielle tout au long du traitement.
La maladie d’Alzheimer dans le monde
La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante de démence dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 50 millions de personnes sont actuellement touchées par cette pathologie, et ce chiffre pourrait tripler d’ici 2050, en raison du vieillissement de la population mondiale. Environ 10 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année à l’échelle mondiale, soit une personne toutes les 3 secondes.
Les pays développés, où l’espérance de vie est plus élevée, sont particulièrement affectés, mais la maladie se manifeste de plus en plus dans les pays en développement, à mesure que leur population vieillit. Le coût économique de la maladie d’Alzheimer est également énorme, représentant plusieurs trillions de dollars chaque année, en raison des soins nécessaires et de la perte de productivité.
La recherche dans le domaine est intense, bien que les progrès en matière de traitements restent limités. La plupart des médicaments actuellement disponibles visent uniquement à ralentir la progression des symptômes, sans possibilité de guérison. La prévention est donc un axe clé, avec des recommandations concernant un mode de vie sain, la stimulation cognitive, et la gestion des facteurs de risque tels que l’hypertension, le diabète, et le tabagisme.
La maladie d’Alzheimer en Algérie
La population algérienne vieillit progressivement, ce qui entraîne une augmentation des cas de démence, y compris Alzheimer. Selon certaines estimations, environ 300 000 personnes en Algérie sont atteintes de démence, et une proportion significative de ces cas est probablement liée à Alzheimer. Cependant, en raison du manque de sensibilisation et de diagnostics tardifs, il est difficile d’évaluer avec précision l’étendue exacte de la maladie dans le pays.