Dans le sillage de la journée mondiale sans tabac, ce 31 Mai, l’association Erahama de Boumerdes, présidée par Mme Malika Razi, a organisé une journée scientifique de sensibilisation sur le cancer du poumon qui est le plus fréquent et le plus mortel des cancers, lié principalement à la consommation du tabac .
A cet effet, lors de cette journée de sensibilisation, des communications ont été présentées par des spécialistes sur l’épidémiologie du cancer du poumon et l’importance du sevrage tabagique.
Communication du Professeur Mohammed Oukkal, chef de service d’oncologie médicale au CHU Beni-Messous.
Lors de son intervention, Le Professeur Mohamed Oukkal a présenté les chiffres épidémiologiques du cancer du poumon qui sont estimés à 2 millions de nouveaux cas enregistrés annuellement dans le monde. En Algérie, au cours de l’année 2017, il en a été observé environ 3000 cas, et actuellement, les chiffres tendent vers la hausse, nous enregistrons 4000 à 4500 cas par an.
Il est à noter que les causes principales du cancer du poumon sont à 90 % liées à la consommation du tabac sous toutes ses formes, que ce soit la cigarette ordinaire ou électronique, les cigares ou encore la chicha. En termes d’incidence, Le cancer du poumon représente la première cause de décès par cancer dans le monde.
En l’absence de symptômes précoces, le diagnostic est malheureusement établi tardivement, déplore le Pr Mohammed Oukkal, et lorsque le patient consulte pour une dyspnée (difficultés à respirer) ou hémoptysie (crachats de sang), il est déjà trop tard et on ne peut, alors, proposer au patient que des soins palliatifs.
Faut-il mettre en place un dépistage organisé du cancer du poumon ?
Pour l’heure, fera savoir le chef de service d’oncologie médicale du CHU de Beni Messous, ni l’OMS, ni autres organisations internationales spécialisées ne recommandent le dépistage car une simple radio ne peut rien révélé et les scanners à répétition sont déconseillés car dangereux. Néanmoins, de nos jours un scanner à faibles doses est testé aux USA permettant de diagnostiquer des lésions anormales précocement.
Constats du Dr Ait Belkacem « les textes législatifs et règlementaires demeurent inefficaces »
Le Dr Ait Belkacem, médecin de santé scolaire et spécialiste en addictologie, nous a fait part, en aparté, de ses constats concernant l’unité de sevrage tabagique de Boumerdes, il fera savoir, dans ce sens, qu’il existe un centre intermédiaire des soins en addictologie(CISA). Cependant, les moyens de lutte viennent à manquer, en effet, il y a un paradoxe entre la volonté émise par les pouvoirs publics de lutter contre le tabagisme à travers une panoplie de textes législatifs et règlementaires mais ceux-ci vont demeurer inefficaces si les produits de substitution à la nicotine restent indisponibles.
Faute d’informations, les patients ne se présentent pas toujours au CISA :
Par défaut de sensibilisation et d’information, les patients ne viennent pas en consultation pour un sevrage, néanmoins, ils se présentent à un cabinet médical, précisément en pneumologie pour un problème respiratoire et à ce niveau, vu l’importance de la demande, il n’est pas toujours possible de se consacrer à l’addictologie.
En outre, un manque d’informations sur l’existence du CISA auprès du grand public et parfois, même auprès des médecins, n’aide pas cette structure à être plus efficace en matière de sensibilisation contre le tabagisme, et encore, moins d’essayer d’aller vers un diagnostic plus précoce. De plus, les médecins au niveau du CISA se retrouvent livrés à eux même devant l’absence des spécialistes et des moyens de communication qu’exigent les compagnes d’information efficaces contre le tabagisme et ses conséquences graves sur la santé publique, mais là on sort un peu du domaine intrinsèque de la médecine.
La journée mondiale anti-tabac, un thème écologique pour 2022
Il s’agit de la journée internationale qui a lieu chaque année le 31 mai depuis 1988 sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette journée a pour but de sensibiliser sur les dangers du tabac pour la santé des consommateurs et de leurs proches. Chaque année l’OMS détermine une thématique de compagne pour lutter contre le tabagisme, Le slogan retenu cette année est : « Le tabac : une menace pour notre environnement ».
En effet, un document rendu public par l’OMS, qui détaille l’impact du tabac sur l’environnement dans son ensemble, allant de la culture à la fabrication des produits du tabac, en passant par la consommation et les déchets. Les conséquences sont assez désastreuses : 84 millions de tonnes de CO2 émises chaque année par l’industrie du tabac et 22 milliards de tonnes d’eau utilisées, le tabac devient l’un des plus grands pollueurs et destructeurs de l’environnement.
La lutte antitabac en Algérie :
L’Algérie a été le premier pays africain qui a ratifié la Convention-cadre de lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS adoptée à Genève le 21 mai 2003, par le décret présidentiel n° 06-120 12 mars 2006. Ce souci de prévention s’est accentué encore plus ces dernières années, aussi, sous l’impulsion du gouvernement et de la société civile, un arsenal juridique s’est également constitué et ce conformément à ladite convention OMS.
Il s’agit en l’occurrence de l’instruction primo-ministérielle n° 04 du 14 juillet 2014, prise sur du MSPRH et relative à la mise en place d’une stratégie multisectorielle de sensibilisation sur les dangers du tabac conduite par un comité d’experts représentant différents ministères à savoir : les Ministères de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’Intérieur, de l’Environnement de la Jeunesse et des sports, du Travail et de la sécurité sociale, du Commerce, de la Communication, des Affaires religieuses et de l’Education nationale.
O. A. A.