Toujours à portée de main, dans la poche, sur la table de nuit, voire aux toilettes, le smartphone s’impose comme un objet inséparable du quotidien. Ce réflexe constant de vérifier l’écran, même sans notification, est devenu un automatisme pour beaucoup. Une nouvelle étude révèle pourtant un lien surprenant entre l’usage excessif du smartphone et la baisse de perception des signaux internes du corps.
Une conscience corporelle affaiblie
Publiée dans la revue ‘’Communications Psychology’’, cette étude montre que les personnes les plus facilement distraites par leur téléphone présentent une faible conscience intéroceptive. Cela signifie qu’elles ont plus de mal à reconnaître et comprendre ce qui se passe à l’intérieur de leur corps — comme ressentir leur rythme cardiaque, une sensation de faim ou de stress.
Autrement dit, plus on est attiré par les stimuli du smartphone (notifications, appels, messages), moins on est connecté à ses propres sensations physiques.
Une expérience pour tester l’attention… et la réactivité
Pour explorer ce lien, les chercheurs ont recruté 58 jeunes adultes en bonne santé. Leur tâche : repérer rapidement certaines lettres sur un écran. En parallèle, des images de smartphones (écrans d’appel, interfaces connues) ou des images brouillées (groupe témoin) s’affichaient en arrière-plan.
Selon Yusuke Haruki, coauteur de l’étude, cette expérience visait à mesurer dans quelle mesure ces images parasitaient l’attention, surtout selon la difficulté de la tâche.
Deux profils de distraction
À l’issue des tests, les participants ont été répartis en deux groupes :
– Ceux qui étaient systématiquement distraits par les images de smartphones, quelle que soit la complexité de la tâche ;
– Ceux qui n’étaient distraits que lorsque la tâche était facile, montrant une meilleure capacité de concentration lorsque l’effort cognitif était plus intense.
Une réactivité physiologique accrue chez les plus distraits
Les chercheurs ont ensuite mesuré la fréquence cardiaque des participants pendant l’exposition aux images de smartphones. Résultat : le groupe le plus distrait a montré une accélération significative du rythme cardiaque, signe d’une hyperréactivité physiologique face aux signaux numériques.
Ces participants ont aussi obtenu de moins bons scores de conscience corporelle dans les questionnaires. Ce profil est similaire à celui observé chez des personnes en situation d’addiction comportementale, comme les joueurs compulsifs ou les consommateurs de drogues.
Vers une meilleure compréhension des addictions numériques
Selon les chercheurs, ce type de distraction excessive pourrait être un premier indicateur d’une dépendance au smartphone, en particulier chez les jeunes. Le fait d’être à la fois moins connecté à ses sensations corporelles et plus réactif aux stimuli externes du téléphone dessine un schéma d’addiction bien connu en psychologie.
L’objectif des prochaines recherches sera d’observer l’activité cérébrale des personnes distraites par leur smartphone, afin de mieux détecter les signes précoces d’addiction, dès l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
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