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La stévia fermentée : un espoir thérapeutique contre le cancer du pancréas

Edité par : Dr Souad BRAHIMI | Docteur en médecine
27 juillet 2025

Un substitut sucrant aux vertus inattendues

Longtemps connue pour ses propriétés édulcorantes naturelles, la stévia, plante originaire d’Amérique du Sud, pourrait bien jouer un tout autre rôle. Une étude japonaise récente, publiée dans International Journal of Molecular Sciences, révèle que, fermentée avec certaines bactéries issues de feuilles de bananier, la stévia présenterait une activité anticancéreuse prometteuse, notamment contre le cancer du pancréas.

Le cancer du pancréas reste l’un des plus meurtriers. Sa progression silencieuse, son agressivité et sa résistance aux traitements en font une pathologie difficile à combattre. Le taux de survie à cinq ans demeure inférieur à 10 %, avec une mortalité en constante augmentation à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, chaque piste thérapeutique innovante est précieuse.

Les chercheurs se sont penchés sur un processus de fermentation bactérienne, ou biotransformation microbienne, pour augmenter la biodisponibilité des composés bioactifs présents dans les feuilles de stévia. Ils ont isolé plus de 1 300 souches de bactéries lactiques provenant de végétaux (fruits, légumes, fleurs, plantes médicinales) pour identifier celles qui optimiseraient le potentiel thérapeutique de la plante.

C’est la souche Lactobacillus plantarum, issue de feuilles de bananier, qui a offert les résultats les plus prometteurs. Fermenté avec cette bactérie, l’extrait de stévia a démontré une efficacité ciblée contre les cellules cancéreuses du pancréas (ligne cellulaire PANC-1), sans nuire aux cellules saines humaines (HEK-293).

Le traitement à base de stévia fermentée a considérablement réduit la prolifération et la migration des cellules tumorales, tout en épargnant les cellules rénales non cancéreuses. Cette sélectivité ouvre des perspectives intéressantes pour le développement de traitements moins toxiques que la chimiothérapie conventionnelle.

Cette recherche met aussi en lumière le rôle potentiellement clé des probiotiques comme agents de transformation et de valorisation de composés végétaux aux effets antitumoraux. En favorisant l’activation de molécules bioactives via la fermentation, certaines souches bactériennes pourraient devenir des cofacteurs thérapeutiques d’intérêt majeur.

Narandalai Danshiitsoodol, coauteur de l’étude, souligne l’intérêt de cette découverte : « Elle améliore notre compréhension du rôle des bactéries dans la fermentation d’extraits de plantes et ouvre la voie à l’utilisation de probiotiques comme agents antitumoraux naturels. »

Attention toutefois : l’étude ne prouve en aucun cas une activité anticancer de la stévia utilisée comme édulcorant classique. C’est bien la version fermentée, selon des conditions précises, qui a montré un potentiel thérapeutique spécifique.

Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles pistes de recherche dans le traitement du cancer du pancréas, mais nécessitent encore validation clinique. La stévia fermentée pourrait devenir un complément innovant à l’arsenal thérapeutique actuel, mais elle ne doit pas être interprétée comme un traitement à part entière à ce stade.

Pour les professionnels de santé, les chercheurs et l’industrie agroalimentaire, cette étude pose les bases d’une synergie entre nutrition, microbiologie et oncologie. Elle illustre l’intérêt d’explorer les interactions entre végétaux, probiotiques et cellules humaines dans une optique thérapeutique. Pour le grand public, elle rappelle que derrière un simple édulcorant, la nature peut receler des ressources inattendues – à condition de savoir les révéler.

Mots clés : santé ; sucre ; agroalimentaire ; microbiologie ; oncologie ; édulcorant ; nature ;

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