La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) touche environ 8 % de la population française et demeure la première cause de handicap visuel chez les plus de 50 ans. Face à cette menace grandissante pour la santé publique, la recherche se penche sur des solutions préventives, explorant notamment les effets de la mélatonine, cette « hormone du sommeil » aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires potentielles.
Une récente étude américaine, publiée dans le JAMA Ophthalmology, relance le débat sur les bénéfices de la mélatonine dans la prévention de la DMLA. Les chercheurs se sont intéressés à deux axes : prévenir l’apparition de la DMLA chez les patients sains et freiner la progression de la forme sèche vers la forme humide de la maladie.
Une étude de cohorte ambitieuse
Entre décembre 2023 et mars 2024, une vaste étude rétrospective a analysé les dossiers médicaux de plus de 180 000 patients de 50 ans et plus aux États-Unis. Parmi eux, 121 523 n’avaient aucun antécédent de DMLA, tandis que 66 253 présentaient déjà une DMLA non exsudative.
Les chercheurs ont divisé les participants en deux groupes : un groupe « contrôle » qui n’avait jamais reçu de mélatonine et un groupe « mélatonine » dont les membres avaient reçu au moins quatre prescriptions de cette hormone en trois mois. L’objectif ? Mesurer l’impact de la mélatonine sur l’apparition de la DMLA pour les premiers et sur l’évolution vers la forme humide pour les seconds.
Des résultats prometteurs
Les résultats ont révélé une réduction significative du risque de développer la DMLA chez les patients ayant pris de la mélatonine (RR = 0,42) par rapport à ceux n’en ayant pas consommé. De plus, pour ceux souffrant déjà de DMLA sèche, la prise régulière de mélatonine a réduit de 56 % le risque de progression vers une forme plus sévère et invalidante de la maladie (RR = 0,44).
Une nouvelle piste à explorer
Les conclusions de cette étude ouvrent la voie à de nouvelles perspectives de recherche, mais elles invitent également à la prudence. Les auteurs reconnaissent que des facteurs tels que le mode de vie ou d’autres variables non contrôlées ont pu influencer ces résultats. Malgré cela, les chercheurs soulignent l’importance de considérer la mélatonine comme une piste sérieuse dans la lutte contre la DMLA.
Cependant, le grand public ne doit pas s’emballer. Ces résultats préliminaires, bien qu’encourageants, doivent être confirmés par des études cliniques plus approfondies avant que la mélatonine ne soit recommandée officiellement dans la prévention de la DMLA. En attendant, la prise de cette hormone, souvent utilisée comme complément pour réguler le sommeil, doit rester sous surveillance médicale.
Un espoir pour les patients ?
Si les conclusions de cette étude se confirment, la mélatonine pourrait bien devenir un outil incontournable dans la lutte contre la DMLA. En attendant, la prévention classique, notamment par une alimentation riche en antioxydants et un suivi ophtalmologique régulier, reste le meilleur moyen de préserver la vue des plus de 50 ans.
La DMLA, véritable fléau visuel des temps modernes, pourrait donc trouver un adversaire de taille dans une petite molécule que l’on associe habituellement au sommeil. Une bataille entre la lumière et l’ombre, où la recherche scientifique ne cesse de repousser les limites de la connaissance.
Mots clés : santé ; DMLA ; mélatonine ; recherche