Depuis le début de l’année, plus de 340 cas d’infection cutanée, surnommée la ‘’mangeuse de chair’’, ont été enregistrés dans l’État de Victoria, situé dans le sud-est de l’Australie. Les autorités sanitaires de l’État sont en alerte face à cette épidémie croissante.
Une propagation inquiétante
En date du 19 décembre, 344 cas d’infection bactérienne de la peau, également connue sous le nom de ‘’Buruli’’, ont été recensés, un chiffre en augmentation par rapport à l’année précédente avec 81 cas de plus. Cette bactérie, Mycobacterium ulcerans, a été identifiée pour la première fois en Australie dans les années 1930. Elle appartient à la même famille que les bactéries responsables de la tuberculose et de la lèpre.Les autorités de santé de l’État de Victoria ont lancé un avis sanitaire pour sensibiliser la population aux risques liés à cette infection et mettre en place des mesures préventives.

Comment la bactérie se transmet-elle ?
La Mycobacterium ulcerans n’est pas transmissible d’homme à homme. Cependant, les autorités sanitaires soulignent le rôle probable des moustiques et des opossums dans la transmission de cette bactérie. Il est recommandé aux habitants d’éviter tout contact avec les opossums et leurs excréments, qui peuvent être contaminés. De plus, pour se protéger des moustiques, l’utilisation de répulsifs est vivement conseillée.
Qui sont les personnes à risque ?
Bien que tout le monde puisse être susceptible de contracter cette infection, les adultes de 60 ans et plus semblent plus vulnérables. En 2023, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé que cette bactérie affectait déjà 33 pays à travers le monde, signalant son caractère global.Les autorités sanitaires recommandent une vigilance accrue, notamment pour les personnes âgées, et soulignent l’importance de la prévention.
Signes et symptômes : de l’indolore à la déformation
L’infection commence souvent de manière insidieuse, par l’apparition d’une tuméfaction indolore, d’un nodule ou d’une plaque dure et indolore sur la peau, souvent localisée sur les membres ou le visage. Les symptômes peuvent se développer sans douleur ni fièvre, et il n’est pas rare que la maladie progresse sans manifestation évidente.
Sans traitement, ou parfois pendant l’antibiothérapie, l’infection peut s’aggraver et provoquer une ulcération de la zone touchée. Cette ulcération peut se propager aux os et provoquer des déformations graves.
Les membres inférieurs sont les plus souvent touchés (55%), suivis des membres supérieurs (35%). Cependant, les lésions peuvent aussi affecter d’autres parties du corps (10%).
Diagnostic : des défis pour les professionnels de santé
Le diagnostic clinique est souvent posé par des professionnels de santé expérimentés, notamment dans les zones d’endémie. Cependant, plusieurs autres pathologies peuvent ressembler à l’ulcère de Buruli, ce qui complique le diagnostic. Parmi ces pathologies, on retrouve les ulcères tropicaux, les ulcères diabétiques, ou encore les ulcères dus à une insuffisance artérielle.
Les tests de diagnostic incluent l’amplification en chaîne par polymérase (PCR), l’examen histopathologique, et la culture bactérienne. En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi un réseau de laboratoires en Afrique pour renforcer la capacité de diagnostic. Des travaux sont également en cours pour développer un test rapide, ce qui permettrait une prise en charge plus rapide de la maladie.
Traitement : un protocole antibiotique et des soins complémentaires
Le traitement de l’ulcère de Buruli repose principalement sur une antibiothérapie. L’OMS recommande une combinaison de rifampicine et de clarithromycine (ou parfois de moxifloxacine en Australie). Ce traitement est efficace pour éradiquer l’infection, mais sa durée est actuellement de huit semaines, et des recherches sont en cours pour réduire cette durée.En cas de complications, des interventions comme le débridement chirurgical et des greffes cutanées peuvent être nécessaires. Les patients souffrant de handicaps graves doivent également bénéficier de réadaptation à long terme.
Prévention : vers une lutte mondiale
Actuellement, il n’existe pas de méthode de prévention primaire efficace contre l’ulcère de Buruli. Le mode exact de transmission reste flou, bien que certaines études suggèrent que la vaccination avec le ‘’bacille Calmette-Guérin (BCG)’’ pourrait offrir une protection limitée.La détection précoce reste la stratégie principale de lutte contre la maladie. L’OMS recommande également de mettre l’accent sur les agents de santé communautaires pour repérer rapidement les cas et initier le traitement antibiotique.
Lutte contre l’ulcère de Buruli : objectifs et mesures
L’objectif principal de la lutte contre l’ulcère de Buruli est de réduire la souffrance des patients et d’éviter les handicaps associés à l’infection.
Parmi les indicateurs clés de succès, on trouve :
• La réduction du nombre de cas graves (catégorie III) au moment du diagnostic.• La confirmation de la maladie par des tests de laboratoire.
• L’achèvement du cycle complet d’antibiothérapie pour les patients.En dépit des défis, les efforts de prévention et de traitement continuent de progresser grâce aux initiatives mondiales, à la recherche en cours et à l’implication croissante des communautés locales dans la détection et la gestion des cas.
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