Le 17 mai 2025, le monde célèbre la Journée mondiale de l’hypertension artérielle. Portée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la World Hypertension League, cette journée vise à alerter sur les dangers d’une maladie aussi fréquente que silencieuse, tout en encourageant des gestes simples pour la prévenir.
L’hypertension artérielle : un tueur silencieux
L’hypertension artérielle (HTA) correspond à une pression trop élevée du sang sur les parois des artères. Cette anomalie chronique peut évoluer sans le moindre symptôme visible, tout en endommageant progressivement les organes vitaux. Elle est à l’origine de complications graves comme les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), ou encore l’insuffisance rénale chronique.
Selon l’OMS, 62 % des AVC et près de la moitié des infarctus du myocarde sont directement liés à une tension artérielle élevée. Malgré cela, la pathologie reste souvent méconnue : elle est facile à diagnostiquer mais rarement dépistée à temps.
Une épidémie silencieuse en Algérie
En 2025, l’hypertension artérielle (HTA) demeure un enjeu majeur de santé publique en Algérie, affectant une proportion significative de la population adulte. Voici un état des lieux actualisé basé sur les données les plus récentes disponibles.
Prévalence de l’hypertension en Algérie
- 31,6 % des adultes algériens souffrent d’hypertension artérielle, selon une étude publiée en 2022.
- 36,2 % présentent une préhypertension, état précurseur de l’HTA.
Ces chiffres indiquent qu’environ deux tiers de la population adulte sont concernés par des niveaux de pression artérielle supérieurs à la normale.
Disparités selon le sexe
- La préhypertension est plus fréquente chez les hommes.
- L’hypertension est plus répandue chez les femmes .
Ces différences suggèrent des facteurs de risque spécifiques liés au sexe, nécessitant des approches de prévention ciblées.
Facteurs de risque identifiés
Les principaux facteurs associés à l’HTA en Algérie incluent :
- Âge avancé
- Obésité et obésité abdominale
- Hypercholestérolémie
- Statut marital (divorcé ou séparé)
Ces éléments soulignent l’importance d’une approche holistique dans la prévention et la gestion de l’hypertension.
Prise en charge et contrôle de l’HTA
Une étude de 2021 a révélé que seulement 17,4 % des patients hypertendus atteignent les objectifs tensionnels recommandés.
Selon l’OMS, sur les 6,6 millions d’adultes âgés de 30 à 79 ans hypertendus en Algérie, une proportion significative n’est pas correctement traitée.
Ces données mettent en évidence la nécessité d’améliorer le dépistage, le traitement et le suivi des patients hypertendus.
Impact chez les jeunes
Des études ont montré que l’hypertension touche également les jeunes en Algérie. Par exemple, une enquête menée à Ghardaïa a révélé que 13 % des jeunes étaient hypertendus.
Cette tendance alarmante souligne l’importance d’une sensibilisation précoce et d’interventions adaptées pour cette tranche d’âge.
Perspectives et recommandations
Face à cette situation préoccupante, il est impératif de :
- Renforcer les campagnes de sensibilisation sur les facteurs de risque de l’HTA.
- Améliorer l’accès au dépistage et aux soins, notamment dans les zones rurales.
- Promouvoir des modes de vie sains, incluant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.
Une action concertée des autorités sanitaires, des professionnels de santé et de la société civile est essentielle pour inverser la tendance et réduire l’impact de l’hypertension en Algérie.
Comment mesure-t-on la tension artérielle ?
La tension artérielle se mesure à l’aide d’un tensiomètre à brassard, électronique ou manuel. La personne doit être assise ou allongée, au repos pendant 3 à 5 minutes avant la mesure.
Qu’est-ce qu’une tension normale ?
La tension optimale est de 120/80 mmHg. On parle d’hypertension lorsque la pression dépasse ou atteint 140/90 mmHg.
Des repères selon l’âge
- À partir de 13 ans, une tension inférieure à 120/80 mmHg est considérée comme normale.
- Chez les enfants, les valeurs sont comparées à celles de pairs du même âge, sexe et taille.
- Après 50 ans, la tension tend à augmenter. Il est recommandé de la maintenir en dessous de 140/90 mmHg pour éviter les complications.
Quels sont les signes d’alerte ?
L’hypertension est souvent asymptomatique. Elle est généralement découverte par hasard lors d’un examen médical ou d’un bilan de santé au travail.
Certains signes discrets peuvent toutefois alerter :
- Céphalées (maux de tête) ;
- Agitation, insomnie ;
- Sueurs inexpliquées ;
- Sensation de “mouches” devant les yeux ;
- Saignements de nez.
Ces symptômes sont non spécifiques et peuvent passer inaperçus.
Comment faire baisser sa tension ?
Avant tout traitement, des mesures hygiéno-diététiques sont recommandées :
- Réduire le sel ;
- Adopter une alimentation riche en fruits et légumes ;
- Maintenir un poids santé ;
- Pratiquer une activité physique régulière.
En cas d’échec, le médecin peut prescrire un traitement antihypertenseur.
Pourquoi une prise en charge rapide est essentielle ?
Un patient diagnostiqué et traité à temps voit son risque d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus, de démence ou d’insuffisance cardiaque fortement réduit. Le traitement permet aussi de retarder l’évolution vers l’insuffisance rénale terminale.
Les traitements disponibles
Les principales classes de médicaments sont :
- Diurétiques ;
- Bêtabloquants ;
- Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ;
- Antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2).
Si l’hypertension est secondaire à un autre traitement, le médecin adaptera ce dernier.
L’automesure, un outil précieux
Les patients suivis pour HTA peuvent effectuer des mesures régulières à domicile. Ces résultats doivent être analysés par le médecin lors des consultations. En cas de valeurs élevées, un contact rapide avec le professionnel de santé est indispensable.
Mieux vivre avec une tension équilibrée
L’hypertension est évitable dans une grande majorité des cas. Pourtant, à l’échelle mondiale, seule une personne hypertendue sur deux est diagnostiquée. Adopter un mode de vie sain permet non seulement de prévenir l’apparition de la maladie, mais aussi de mieux la gérer une fois installée.
Quelques gestes recommandés par les professionnels de santé :
- Éviter le tabac : Le tabagisme augmente la fréquence cardiaque et resserre les vaisseaux sanguins. Cela entraîne une élévation immédiate de la pression artérielle et accélère la dégradation des artères.
- Manger équilibré : Une alimentation riche en fruits et légumes favorise un bon équilibre de la tension grâce au potassium qu’ils contiennent. Il est conseillé de consommer au moins 5 portions par jour, de limiter le sel (maximum 5 g/jour), d’éviter les produits ultra-transformés, et de privilégier les bonnes graisses (huile d’olive, colza, poissons gras).
- Eviter la consommation d’alcool : Même en petites quantités, l’alcool peut élever durablement la tension artérielle. Il est donc recommandé de limiter sa consommation, voire de l’éviter en cas d’HTA confirmée.
- Maintenir un poids stable : Le surpoids est l’un des principaux facteurs de risque. Une perte de poids, même modérée, a un effet significatif sur la baisse de la tension artérielle.
- Bouger chaque jour : L’OMS recommande 150 minutes d’activité physique modérée par semaine, ou 75 minutes d’activité intense. Marcher, nager, faire du vélo ou du jardinage au moins 30 minutes par jour contribue à réguler la pression sanguine.
- Surveiller régulièrement sa tension : La prise de tension doit devenir un réflexe, surtout après 40 ans ou en cas de facteurs de risque. Elle peut être réalisée en consultation médicale ou par automesure à domicile avec un tensiomètre validé.
Une prise en charge qui change la vie
Un diagnostic précoce permet de limiter les complications cardiovasculaires. Pris en charge à temps, un patient hypertendu peut éviter des pathologies graves comme les AVC, l’insuffisance cardiaque, les infarctus, ou encore la démence vasculaire.
Les traitements prescrits sont adaptés à chaque cas : diurétiques, bêtabloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), ou antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA2). En cas d’HTA secondaire liée à un autre traitement, une adaptation thérapeutique est proposée.
Un enjeu de santé publique mondial
La lutte contre l’hypertension artérielle passe par une meilleure information du public, un accès facilité aux soins, et une implication active de chacun dans la surveillance de sa santé.
Le 17 mai, cette journée mondiale est une piqûre de rappel : mesurer sa tension, c’est se protéger.
