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Grippe aviaire : l’OMS s’inquiète de la propagation à l’être humain

Edité par : Chabane BOUARISSA | journaliste
22 avril 2024

Faut-il craindre le virus H5N1 ? Face à la propagation croissante de la souche H5N1 de la grippe aviaire à de nouvelles espèces, y compris les humains, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est dit ce jeudi 18 avril 2024 “très inquiète”.

 « Pour le moment cela reste une énorme inquiétude », pensent de nombreux spécialistes. La crainte est que le virus du H5N1, qui chez les personnes contaminées par leur contact avec des animaux infectés a démontré «un taux de mortalité extraordinairement élevé», s’adapte pour devenir capable de se transmettre d’humain à humain. En sachant qu’il n’y a pour l’heure aucune preuve d’une transmission d’humain à humain du H5N1.

Ces cas de contaminations de l’animal à l’homme ne sont toutefois pas surprenants, selon l’OMS. «Chaque fois que des virus de la grippe aviaire circulent chez les oiseaux, il existe un risque d’infections sporadiques chez les mammifères et les humains en raison de l’exposition à des animaux infectés (y compris le bétail) ou à des environnements contaminés. Par conséquent, d’autres cas humains ne sont pas inattendus», écrit l’Organisation dans un rapport.

Depuis le mois de décembre 2023, cinq personnes ayant contracté le virus au contact de poulets malades ont par exemple été signalées au Cambodge. L’une d’elles, un enfant de 10 ans, est décédée. Plus récemment, début avril, les autorités américaines ont déclaré qu’un employé d’une ferme au Texas avait été testé positif à la grippe aviaire après avoir été au contact de vaches laitières. Le patient avait développé une conjonctive pour seul symptôme. Il a été isolé et traité avec un médicament antiviral utilisé pour la grippe et aucun de ses proches n’a été infecté.

Jeudi, Jeremy Farrar, scientifique en chef de l’OMS, a fait part de son inquiétude sur les capacités de ce virus au «taux de mortalité extraordinairement élevé» à s’adapter pour se transmettre d’homme à homme.

Au-delà de la surveillance des humains infectés par des animaux, « il est encore plus important de comprendre combien d’infections humaines surviennent sans que vous en ayez connaissance, car c’est là que se produira l’adaptation » du virus, a expliqué Jeremy Farrar. « C’est tragique à dire, mais si je suis infecté par le H5N1 et que je meurs, c’est fini », a-t-il pointé.

Autrement dit, la chaîne de transmission est rompue. Mais « si je fais le tour de la communauté et que je le transmets à quelqu’un d’autre, alors vous démarrez le cycle », a-t-il expliqué, estimant que les systèmes de surveillance et de détection des infections « ne sont jamais suffisants » face à un tel risque.

Cependant, l’agence onusienne s’était montrée plus rassurante dans un récent rapport. «Étant donné que le virus n’a pas acquis de mutations facilitant la transmission entre humains et, sur la base des informations disponibles, l’OMS estime que le risque pour la santé publique que pose ce virus pour la population générale est faible», écrivaient ses experts. Ce qu’ont confirmé des spécialistes : « À ce stade, les H5N1 appartenant à ce groupe génétique sont très peu adaptés à l’humain et le risque de transmission est mineur». 

Pour l’instant, il n’y a pas de preuve de transmission d’homme à homme. En passant chez les mammifères, les scientifiques s’attendent à ce que le virus mute. Il sera alors plus susceptible de se propager vers d’autres mammifères. Cela s’est déjà illustré il y a peu chez des bovins aux Etats-Unis. Le COVARS appelle à accélérer le niveau de surveillance, notamment auprès des éleveurs.

Pour les travailleurs en contact avec des animaux, le risque individuel est logiquement plus élevé.

Pour l’heure, il n’existe pas de vaccin permettant de prévenir l’infection par les virus de la grippe aviaire. Quant aux vaccins déjà disponibles contre la grippe saisonnière, ils sont inefficaces contre eux. En revanche, le séquençage génétique suggère que les virus aviaires ont de bonnes chances d’être sensibles aux traitements antiviraux existants.

Pour le Dr Farrar, il s’agit d’un premier pas « extrêmement important », mais il faut « faire en sorte que les disciplines et les experts restent ensemble ».

« Nous utilisons la même terminologie, le même langage, et nous devons maintenant faire des recherches scientifiques qui fournissent des preuves sur la tuberculose, la COVID-19 et d’autres agents pathogènes respiratoires, afin que nous sachions comment contrôler ces infections mieux que nous ne l’avons fait dans le passé », a-t-il précisé.

En ce qui concerne le risque potentiel pour la santé publique du virus HN51, le Scientifique en chef de l’OMS a averti que le développement d’un vaccin n’était pas « là où nous devrions être ». De même; « les bureaux régionaux, les bureaux nationaux et les autorités de santé publique du monde entier ne sont pas en mesure de diagnostiquer le H5N1 ».

La grippe aviaire est une infection virale contagieuse qui touche principalement les oiseaux mais qui peut parfois infecter l’homme et d’autres mammifères. Il existe de nombreux types de grippe aviaire, qui sont tous causés par différentes souches du virus de la grippe de type A (par exemple, H5N1, H7N3, H9N2). La maladie de la grippe aviaire A (H5N1) est causée par le virus de la grippe aviaire A (H5N1).

Les infections humaines par la grippe aviaire A (H5N1) sont rares et surviennent le plus souvent après un contact étroit avec des oiseaux infectés ou des environnements hautement contaminés tels que des élevages de volailles ou des marchés d’oiseaux vivants. Certaines personnes infectées peuvent ne développer aucun symptôme.

Cependant, si des symptômes apparaissent, la maladie peut aller de légère à très grave, y compris la mort. Il faut généralement de 1 à 5 jours, et parfois plus, pour que les symptômes apparaissent après l’exposition.

  • Les symptômes commencent souvent par une toux, un essoufflement, une fièvre, supérieure à 38 °C (100,4 °F), des douleurs musculaires et maux de tete.
  • Les autres symptômes précoces peuvent se résumer à une diarrhée, ecoulement nasal, un mal de gorge et une fatigue. Parfois s’ajoutent une conjonctivite (yeux rouges) et saignement des gencives.
  • Dans de rares cas, l’infection peut évoluer rapidement vers une maladie respiratoire grave, qui peut inclure une detresse respiratoire, une pneumonie
  • Parfois des changements neurologiques (changement d’état mental ou crises d’épilepsie)

Dans les cas graves, l’infection peut également entraîner une défaillance de plusieurs organes, notamment un dysfonctionnement des reins et du foie et une insuffisance cardiaque, et conduire au décès.

C. B.