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Gaza: un médecin emprisonné pour avoir soigné, un an de détention sans procès pour le Dr Hussam Abu Safia

Edité par : Rédaction |
28 décembre 2025

Un an après son arrestation, Israël continue de détenir sans inculpation ni procès le médecin gazaoui Hussam Abu Safia, dont l’état de santé s’est gravement détérioré depuis son interpellation par des soldats israéliens.

Le Dr Hussam Abu Safia, âgé de 52 ans, demeure incarcéré dans une prison israélienne un an après avoir été arrêté sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Sa famille, ses avocats et ses soutiens réclament sa libération immédiate, alors que de nombreux rapports font état de conditions de détention inhumaines.

Directeur de l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, Abu Safia s’est imposé comme une figure centrale des débats internationaux sur la protection du personnel médical dans les conflits armés. Il avait refusé de quitter l’hôpital malgré les attaques israéliennes répétées contre l’établissement, choisissant de rester aux côtés de plusieurs membres du personnel médical pour continuer à soigner les patients.

Après avoir encerclé l’hôpital, l’armée israélienne a contraint le personnel et les patients à évacuer. Depuis cet épisode, Abu Safia est détenu et l’hôpital Kamal Adwan est hors service.

Le médecin a été transféré entre plusieurs lieux de détention, notamment le centre de détention de SdeTeiman, puis la prison d’Ofer, où il aurait subi des mauvais traitements continus.

Aucune accusation formelle n’a été portée contre lui. Il est détenu en vertu de la loi israélienne sur les « combattants illégaux », qui permet une détention sans procès pénal classique et prive les détenus de l’accès aux preuves à charge.

Selon ses avocats, Abu Safia est détenu dans des conditions extrêmes et a perdu plus d’un tiers de son poids corporel. Sa famille s’inquiète vivement pour sa santé, d’autant plus qu’il souffre de problèmes cardiaques, d’arythmie, d’hypertension, d’infections cutanées, ainsi que d’un manque de soins médicaux spécialisés.

Son fils aîné, Ilyas, 27 ans, a déclaré à Al Jazeera lors d’un entretien par visioconférence depuis le Kazakhstan, où la famille s’est réfugiée un mois plus tôt, que le seul « crime » de son père était d’être médecin.

Ilyas, sa mère Albina — citoyenne kazakhe — ainsi que ses quatre frères et sœurs étaient restés avec Abu Safia à l’hôpital Kamal Adwan durant les attaques israéliennes, malgré la possibilité de quitter Gaza.

Le 26 octobre 2024, le frère d’Ilyas, Ibrahim, âgé de 20 ans, a été tué lors d’un bombardement israélien visant l’hôpital Kamal Adwan.

« Tout le personnel médical a pleuré de chagrin pour mon père et pour Ibrahim », a confié Ilyas.

À l’aube du 27 décembre 2024, l’hôpital a été soumis à un siège israélien renforcé, impliquant des chars et des drones. Depuis la mi-octobre, les forces israéliennes encerclaient progressivement l’établissement, détruisant notamment des infrastructures essentielles telles que les réservoirs d’eau, jusqu’à rendre toute sortie impossible.

Le Dr Walid al-Badi, 29 ans, resté avec Abu Safia jusqu’à son arrestation, a relaté que patients et personnel médical avaient été rassemblés aux urgences, tandis que des haut-parleurs ordonnaient l’évacuation.

Abu Safia a été sommé de se présenter près d’un réservoir, contraint de monter dans un véhicule blindé, puis est revenu visiblement agressé. Contrairement aux images diffusées par certains médias israéliens, ses collègues affirment qu’il a été menacé et violenté à l’intérieur du char.

Les forces israéliennes ont exigé qu’Abu Safia établisse une liste de toutes les personnes présentes à l’hôpital, annonçant que seuls vingt membres du personnel pourraient rester. Des ambulances ont ensuite évacué patients, blessés, civils déplacés et la famille du médecin vers l’hôpital indonésien, tandis que le personnel médical partait à pied.

L’armée israélienne aurait proposé à plusieurs reprises à Abu Safia une évacuation sécurisée personnelle, qu’il a refusée, affirmant qu’il resterait avec son personnel. Plus tard, après des bombardements, des incendies et la coupure de l’électricité, l’ordre d’évacuation finale a été donné.

Selon des témoignages, le personnel médical a été emmené à l’école al-Fakhoura, à Jabalia, où il aurait été battu et torturé lors d’interrogatoires. Le Dr Mai Barhouma, cheffe des soins intensifs, est restée bloquée dans une ambulance avec un patient critique, contrainte d’assurer manuellement sa respiration en l’absence d’oxygène.

Après une libération temporaire et l’ordre de marcher vers l’ouest de Gaza, un officier israélien a rappelé Abu Safia, annonçant qu’il serait emmené en Israël. Malgré les tentatives de ses collègues pour l’en empêcher, il leur a demandé de continuer sans lui.

« Je pleurais comme un enfant séparé de son père en le voyant être arrêté », a témoigné le Dr al-Badi.

Selon sa famille, Abu Safia souffre de fractures à la cuisse, d’éclats d’obus dans le pied, de blessures antérieures à son arrestation, ainsi que de sévices physiques et psychologiques graves et répétés.

La famille d’Abu Safia appelle les organisations de défense des droits humains et les institutions juridiques internationales à intervenir. Ses avocats n’ont pu lui rendre visite qu’environ sept fois en un an, chaque visite nécessitant de longues démarches, et constatant à chaque fois une dégradation de son état.

Pour sa famille, Israël cherche à criminaliser son travail médical et son engagement humanitaire. Ils estiment que sa présence à l’hôpital constituait un obstacle majeur aux opérations militaires israéliennes dans le nord de Gaza.

« Mon père sera cité dans le monde entier comme un exemple de courage et de respect de l’éthique médicale », affirme Ilyas. « Je suis immensément fier de lui et j’espère pouvoir bientôt le voir sortir vivant et sain de la prison. »

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