Face à l’escalade dramatique des violences dans la bande de Gaza, l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a lancé lundi un appel pressant à l’Union européenne, l’exhortant à abandonner sa “rhétorique vide” et à adopter des mesures concrètes pour contraindre Israël à mettre fin à ce qu’elle qualifie de “crimes génocidaires” commis contre les Palestiniens.
Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants des États membres de l’Union et aux responsables des institutions communautaires, MSF dénonce avec force l’inaction persistante de Bruxelles face à la catastrophe humanitaire qui s’aggrave chaque jour dans l’enclave palestinienne, soumise à une campagne militaire israélienne sans précédent depuis plus de huit mois.
Un crime de guerre en cours
« Le blocus permanent de Gaza n’est pas une mesure de sécurité légitime, c’est un crime de guerre », affirme MSF dans son courrier, en référence au siège total imposé depuis octobre 2023, qui prive les habitants de nourriture, d’eau potable, de carburant et de médicaments. Pour l’ONG, l’UE ne peut plus se contenter de déclarations de principe et doit désormais « utiliser tous les leviers diplomatiques, économiques et juridiques » pour forcer Israël à respecter le droit international humanitaire.
MSF insiste notamment sur l’urgence d’ouvrir des corridors humanitaires sécurisés permettant l’acheminement de l’aide vitale aux 2,3 millions de civils toujours piégés dans la bande de Gaza, largement détruite par les bombardements.
Evacuations médicales toujours bloquées
Parallèlement à l’acheminement de l’aide humanitaire, l’organisation médicale demande un renforcement massif des évacuations médicales. Selon ses estimations, près de 13 000 patients, dont plus de 4 500 enfants, nécessitent toujours une évacuation urgente pour des soins chirurgicaux, oncologiques ou traumatologiques impossibles à prodiguer sur place faute d’infrastructures encore fonctionnelles.
« Les patients arrivent dans nos hôpitaux dans des états critiques : amputations, brûlures étendues, blessures par éclats d’obus, traumatismes psychologiques sévères », déplore l’ONG, qui dénonce également les attaques répétées contre les structures médicales à Gaza.
Des livraisons d’armes européennes sous le feu des critiques
Au-delà de la question humanitaire, MSF pointe l’hypocrisie de plusieurs États membres de l’UE qui, tout en condamnant verbalement les violences, continuent de fournir à Israël des armes utilisées dans les opérations militaires contre la population palestinienne.
« Ces armes tuent, brûlent ou mutilent à vie les civils qui remplissent ensuite nos hôpitaux. Cela doit cesser », martèle l’organisation. Plusieurs ONG et experts indépendants appellent également à un embargo militaire immédiat sur Israël, invoquant des violations systématiques du droit international.
Un bilan humain dévastateur
Selon les autorités sanitaires de Gaza, le bilan de l’offensive israélienne, déclenchée le 7 octobre 2023, s’élève désormais à 55 432 morts et 128 923 blessés, la majorité étant des femmes et des enfants. Des chiffres qualifiés de « bilan génocidaire » par les autorités palestiniennes, appuyées par plusieurs experts de l’ONU qui parlent ouvertement de crimes contre l’humanité et de nettoyage ethnique.
Malgré les multiples résolutions des Nations unies, les appels des ONG internationales et les manifestations de solidarité dans le monde entier, l’offensive israélienne se poursuit, notamment à Rafah, dernier refuge de centaines de milliers de déplacés.
L’Europe face à ses contradictions
Le silence ou la timidité de l’Union européenne face à cette tragédie soulève de vives critiques. Tandis que certains pays membres, comme l’Espagne, l’Irlande et la Belgique, appellent ouvertement à des sanctions et ont reconnu l’État de Palestine, d’autres, comme l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas, continuent de privilégier des positions ambiguës, invoquant “le droit d’Israël à se défendre” tout en exprimant des “préoccupations humanitaires”.
Pour MSF, cette duplicité est désormais intenable. « Chaque jour de retard, chaque déclaration creuse contribue à l’aggravation du massacre », conclut l’ONG.
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