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Fournitures scolaires : quand stylos et gommes menacent la santé des enfants

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSA | Journaliste
8 septembre 2025

Chaque rentrée, les rayons de fournitures scolaires se remplissent de stylos colorés, de colles parfumées et de gommes aux formes ludiques. Autant d’objets familiers, supposés inoffensifs, qui accompagnent les élèves au quotidien. Pourtant, derrière ces accessoires banals se cachent parfois des substances chimiques nocives, susceptibles de mettre en danger la santé des plus jeunes.

Depuis plusieurs années, des enquêtes révèlent la présence de produits toxiques dans des fournitures scolaires courantes : phtalates, formaldéhyde, solvants, métaux lourds… Autant de composants que l’on retrouve dans des gommes, stylos, colles, surligneurs ou encore cahiers. Inhalés, ingérés ou simplement en contact avec la peau, ces composés peuvent provoquer des effets délétères.

Certains phtalates, par exemple, sont des perturbateurs endocriniens capables d’altérer la fertilité et le développement hormonal. Le formaldéhyde, utilisé comme conservateur, est cancérogène et peut déclencher des allergies cutanées. Quant aux solvants organiques comme le toluène ou le chloroforme, ils sont associés à des troubles neurologiques et hépatiques.

  • Phtalates : perturbateurs endocriniens, altèrent croissance et fertilité.
  • Formaldéhyde : cancérigène, allergisant, retrouvé dans colles et surligneurs.
  • Toluène & chloroforme : solvants toxiques pour le système nerveux.
  • Métaux lourds (plomb, cadmium, chrome, nickel) : effets neurotoxiques.
  • Benzène : cancérigène certain, parfois présent dans certaines colles.
  • Isothiazolinones : conservateurs puissants, déclenchent des allergies cutanées.
  • PFAS (“polluants éternels”) : persistants, s’accumulent dans l’organisme.

Les gestes anodins de la vie scolaire – mâchouiller un crayon, dessiner sur sa peau avec un feutre, respirer l’odeur d’un marqueur – deviennent préoccupants lorsque les produits contiennent des substances dangereuses.

Chez les enfants, la vulnérabilité est accrue :

  • leur peau est plus fine et absorbe davantage de substances ;
  • leur système immunitaire et hormonal est encore en développement ;
  • ils portent plus souvent les objets à la bouche, augmentant le risque d’ingestion accidentelle ;
  • leur organisme élimine moins efficacement les toxiques, favorisant une bioaccumulation.

À long terme, cette exposition répétée peut entraîner des irritations cutanées, des réactions allergiques, des troubles respiratoires, une augmentation du risque d’obésité, voire des pathologies chroniques.

  • Irritations cutanées et réactions allergiques chroniques.
  • Troubles respiratoires (asthme, bronchites).
  • Perturbations hormonales : puberté précoce, baisse de fertilité.
  • Troubles neurodéveloppementaux (difficultés de concentration, hyperactivité).
  • Risque accru de cancers liés à l’exposition prolongée (notamment pour le benzène et le formaldéhyde).

Les analyses menées par des agences sanitaires ont identifié plusieurs familles chimiques préoccupantes :

  • Phtalates : plastifiants présents dans des gommes ou pâtes à modeler, perturbateurs endocriniens avérés.
  • Composés organiques volatils (COV) : formaldéhyde, toluène, chloroforme, retrouvés dans des colles, surligneurs, marqueurs. Irritants, mutagènes ou cancérogènes.
  • Benzène : parfois présent dans les colles, substance hautement cancérigène.
  • Métaux lourds (plomb, cadmium, nickel, chrome hexavalent) : détectés dans certaines peintures pour enfants et encres. Toxiques pour le cerveau et les reins.
  • PFAS (« polluants éternels ») : émis par certaines feuilles de papier, persistants dans l’environnement et l’organisme.
  • Conservateurs comme les isothiazolinones, puissants allergènes.
  • Parfums et colorants artificiels, ajoutés pour séduire les enfants, mais pouvant inciter à l’ingestion ou provoquer des réactions allergiques.

Plusieurs de ces substances sont déjà interdites dans les jouets au niveau européen. Mais paradoxalement, aucune réglementation spécifique ne s’applique encore aux fournitures scolaires, laissant un vide juridique inquiétant.

Plusieurs enquêtes ont mis en évidence des fournitures vendues sans respecter les normes :

  • des gommes contenant des plastifiants au-delà des seuils autorisés ;
  • des marqueurs émettant des solvants toxiques ;
  • des colles ou correcteurs dégageant des composés volatils dangereux ;
  • des stylos avec encres non conformes.

Dans la majorité des cas, les problèmes venaient d’un dépassement des seuils réglementaires ou de l’absence de pictogrammes de sécurité obligatoires.

À cela s’ajoutent des étiquettes trompeuses : certaines colles affichaient la mention ‘’biodégradable’’ sans preuve scientifique, tandis que des gommes portaient ‘’sans PVC’’ alors que des additifs toxiques étaient toujours présents. Des pratiques commerciales qui entretiennent un faux sentiment de sécurité chez les parents.

  • Chercher des labels de qualité : NF Environnement, Écolabel européen, ou certifications locales.
  • Vérifier la présence de pictogrammes de sécurité.
  • Lire les mentions : éviter les produits sans étiquetage clair.
  • Méfiez-vous des prix trop bas ou des marques inconnues.

L’exposition aux produits chimiques présents dans les fournitures scolaires n’est pas anodine. Même si les effets immédiats semblent limités, l’accumulation dans le temps, surtout chez les enfants, peut augmenter les risques de maladies chroniques. Les spécialistes plaident donc pour :

  • aligner la réglementation des fournitures scolaires sur celle des jouets, qui interdit déjà nombre de substances cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction ;
  • renforcer les contrôles auprès des fabricants et distributeurs ;
  • supprimer les substances parfumantes, colorantes ou volatiles inutiles et dangereuses.

En attendant une réglementation plus stricte, quelques précautions simples peuvent réduire l’exposition des enfants :

  • privilégier les fournitures portant un label de qualité reconnu (NF Environnement, Écolabel…) ;
  • éviter les produits parfumés, pailletés ou à bas prix, souvent moins contrôlés ;
  • vérifier la présence de mentions de sécurité sur l’emballage ;
  • apprendre aux enfants à ne pas mettre les stylos ou gommes à la bouche, ni à dessiner sur leur peau.

Chaque rentrée, des millions d’élèves remplissent leurs cartables de fournitures colorées et attrayantes. Mais derrière l’apparente innocuité de ces objets, se cachent parfois des risques invisibles. Pour protéger la santé des plus jeunes, un encadrement plus strict et une vigilance accrue des parents apparaissent indispensables.

Car si l’école doit rester un lieu d’apprentissage et d’épanouissement, elle ne doit pas devenir, à cause de stylos ou de gommes mal contrôlés, une source silencieuse d’exposition chimique.

Mots clés : fourniture ; scolaire ; santé ; enfant ; sécurité ; toxique ; plastique 

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