Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Et si le fromage faisait aussi du bien à votre cerveau ?

Edité par : Dr Salim BENLEFKI | Docteur en neurosciences
23 décembre 2025

Matières grasses, mémoire et démence : ce que dit vraiment la science

Aliment emblématique du patrimoine culinaire, le fromage est avant tout associé au plaisir. Mais pourrait-il aussi jouer un rôle dans la santé cérébrale ? Une étude récente relance le débat et bouscule certaines idées reçues sur les matières grasses et le cerveau.

Selon une étude publiée dans la revue Neurology, une consommation plus élevée de fromages et de crèmes riches en matières grasses pourrait être associée à un risque réduit de développer une démence. Les chercheurs insistent toutefois sur un point essentiel : il s’agit d’une association statistique, et non d’une preuve de causalité.

« Pendant des décennies, les recommandations nutritionnelles ont opposé régimes riches et pauvres en graisses, allant jusqu’à considérer le fromage comme un aliment à limiter », explique Emily Sonestedt, chercheuse à l’université de Lund, en Suède. « Nos résultats suggèrent que certains produits laitiers riches en matières grasses pourraient, au contraire, avoir un effet protecteur sur la santé cérébrale. »

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les données de 27 670 personnes vivant en Suède, âgées en moyenne de 58 ans au début du suivi. Tous les participants ont renseigné précisément leur alimentation pendant une semaine, en indiquant notamment la fréquence de leur consommation de fromage.

Au cours de l’étude, 3 208 participants ont développé une démence. Les analyses ont ensuite comparé les habitudes alimentaires des personnes atteintes et non atteintes.

Les résultats montrent des différences notables. Parmi les participants consommant davantage de fromages riches en matières grasses, 10 % ont développé une démence, contre 13 % chez ceux qui en consommaient peu.

Plus précisément, les amateurs de fromages riches en matières grasses présentaient :

  • un risque de démence vasculaire réduit de 29 % ;
  • un risque plus faible de maladie d’Alzheimer, mais uniquement chez les personnes ne portant pas la variante génétique APOE E4, connue pour augmenter le risque de cette pathologie.

En revanche, aucune association protectrice n’a été observée avec :

  • les fromages allégés,
  • les crèmes allégées,
  • le lait, qu’il soit riche ou pauvre en matières grasses,
  • le beurre,
  • ni les laits fermentés comme le yaourt, le kéfir ou le babeurre.

Les mécanismes exacts restent à élucider. Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses. Les fromages riches en matières grasses contiennent des acides gras spécifiques, des vitamines liposolubles (A, D, K) et des composés bioactifs susceptibles d’influencer l’inflammation, la santé vasculaire et le métabolisme cérébral.

La démence vasculaire étant étroitement liée à l’état des vaisseaux sanguins, une amélioration de la santé cardiovasculaire pourrait indirectement bénéficier au cerveau.

Ces résultats ne doivent pas conduire à une consommation excessive de fromage. Les experts rappellent que le fromage reste un aliment dense en calories, en sel et en graisses saturées.

Les recommandations actuelles restent inchangées :

  • privilégier une alimentation variée et équilibrée ;
  • consommer le fromage avec modération, en l’intégrant dans un régime de type méditerranéen ;
  • associer les produits laitiers à une forte consommation de fruits, légumes, céréales complètes et poissons ;
  • maintenir une activité physique régulière, facteur majeur de prévention des maladies neurodégénératives.

Chez les personnes à risque cardiovasculaire ou présentant une hypercholestérolémie, un avis médical ou diététique reste indispensable.

Cette étude ouvre des pistes de réflexion intéressantes sur le rôle des matières grasses dans la santé cérébrale. Elle invite à nuancer les discours trop simplistes opposant « bon » et « mauvais » gras.

Le fromage, consommé avec discernement, pourrait s’inscrire dans une approche globale de prévention, sans jamais se substituer aux piliers reconnus de la santé cérébrale : alimentation équilibrée, stimulation cognitive, activité physique et suivi médical régulier.

La science, une fois encore, rappelle que la nutrition est affaire de subtilité, bien plus que d’interdits.

Mots clés : fromage ; santé ; protéine ; cerveau ; démence ; Alzheimer ; cognitif ;

à lire aussi: