C’est une découverte majeure et troublante. Pour la première fois, des scientifiques néerlandais ont identifié et quantifié la présence de microplastiques directement dans le sang humain. Publiée le 24 mars dans la revue Environnement International, l’étude marque une étape importante dans la compréhension de l’impact de la pollution plastique sur notre organisme.
Une première mondiale : des microplastiques détectés dans le sang humain
Cette recherche pionnière a été menée par l’Université libre d’Amsterdam et le Centre médical universitaire d’Amsterdam, avec le soutien de l’ONG britannique Common Seas, engagée dans la lutte contre la pollution plastique.
Une analyse sur des volontaires sains
Les chercheurs ont prélevé et analysé des échantillons sanguins de 22 adultes en bonne santé.
Résultat : 77 % d’entre eux présentaient des traces mesurables de polymères plastiques. C’est la toute première fois que des concentrations massiques de microplastiques ont pu être détectées et quantifiées dans le sang humain.
Quels plastiques dans notre sang ?

L’analyse a révélé la présence de plusieurs types de plastiques très courants dans la vie quotidienne :
- Polyéthylène téréphtalate (PET) : présent dans la moitié des échantillons, ce plastique est utilisé dans les bouteilles d’eau, les emballages alimentaires et les textiles synthétiques comme les vêtements polaires ou les tissus microfibres.
- Polystyrène : retrouvé dans environ un tiers des échantillons, il sert notamment à fabriquer des emballages alimentaires, des appareils électroménagers et même les célèbres briques Lego.
- Polyéthylène (PE) : détecté dans un quart des cas, ce plastique est omniprésent dans les sacs, les boîtes de rangement, les cosmétiques et les détergents.
- Polyméthacrylate (plexiglas) : observé en plus faible quantité.
- Polypropylène : identifié, mais en quantité trop faible pour être quantifié avec précision.
Un cocktail plastique en circulation
Dans certains cas, plusieurs types de plastiques étaient présents simultanément dans un même échantillon sanguin. Ces données confirment que les microplastiques ne se contentent plus d’envahir notre environnement : ils circulent désormais dans notre système sanguin, ouvrant la voie à une exposition systémique de nos organes.
Une pollution corporelle encore mal comprise
Les chercheurs soulignent que les implications sanitaires restent à déterminer. L’échantillon de volontaires est restreint, et les concentrations varient fortement d’un individu à l’autre. Mais la méthode de détection est validée : les microplastiques sont bel et bien « biodisponibles » dans le sang humain, c’est-à-dire capables de pénétrer dans la circulation sanguine et potentiellement de se déposer dans les organes.
« Non seulement le plastique pollue notre planète, mais il contamine aussi notre corps », alerte l’ONG ‘’Common Seas’’, co-financeur’= de l’étude.
Des sources d’exposition multiples
Comment ces particules ont-elles atteint la circulation sanguine ? Les chercheurs avancent plusieurs pistes probables :
- La consommation d’eau en bouteille ou d’aliments emballés sous plastique
- L’inhalation de fibres plastiques présentes dans l’air ambiant
- Le port prolongé de masques chirurgicaux (surtout durant la pandémie)
Jusqu’ici, les plastiques avaient été identifiés dans les selles, le placenta, les poumons et les tissus humains. Mais leur présence directe dans le sang humain n’avait jamais été prouvée.
Une urgence pour la recherche biomédicale
Pour Dick Vethaak, écotoxicologue et co-auteur de l’étude, cette découverte est à la fois « révolutionnaire » et « préoccupante ». Il s’inquiète notamment de la vulnérabilité des nourrissons et des jeunes enfants à cette exposition invisible.
« Ces niveaux sont-ils suffisamment élevés pour provoquer des maladies ? Nous devons de toute urgence financer d’autres recherches pour le découvrir », insiste-t-il.
Vers une nouvelle alerte sanitaire mondiale ?
Cette étude ne démontre pas (encore) un lien direct entre les microplastiques dans le sang et des pathologies humaines. Mais elle révèle une pollution interne insidieuse, dont les effets à long terme pourraient bouleverser notre compréhension des maladies chroniques, de l’immunité ou des perturbations endocriniennes.
À mesure que le plastique s’insinue dans tous les milieux de vie — océans, air, sol, alimentation —, il franchit aussi les barrières biologiques les plus protectrices. Cette découverte appelle à un changement radical de nos modes de production, de consommation et de protection de la santé publique.
Mots clés : plastique ; sang ; santé ; humain ; microplastique ;