Des microcaillots et une réponse immunitaire altérée pourraient expliquer la persistance des symptômes

Pour la plupart des malades, l’infection au SARS-CoV-2 disparaît en quelques jours ou quelques semaines. Mais pour d’autres, les symptômes s’installent. Fatigue chronique, essoufflement, douleurs diffuses, troubles cognitifs… le Covid long continue d’affecter durablement une partie de la population.

Un trouble encore méconnu qui persiste chez des millions de personnes

Selon l’Institut Pasteur, près de 4 % des adultes en France présentaient encore, fin 2022, des manifestations prolongées de la maladie. Malgré les recherches, les mécanismes biologiques à l’origine de cette forme persistante restaient largement obscurs.

Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Medical Virology apporte aujourd’hui un éclairage inédit.

Une anomalie sanguine inattendue : microcaillots et cellules immunitaires altérées

Les chercheurs ont analysé le plasma sanguin de patients atteints de Covid long et l’ont comparé à celui de volontaires en bonne santé. Le résultat est surprenant :

• Les malades présentent des taux beaucoup plus élevés de microcaillots. Ces microcaillots sont de minuscules amas de protéines de coagulation, anormaux, résistants et difficiles à éliminer. À cela s’ajoute une surproduction de pièges extracellulaires de neutrophiles (NET). Les NET sont des structures libérées par certains globules blancs pour neutraliser les agents pathogènes.

L’étude décrit un phénomène jusqu’ici peu documenté :

• les microcaillots interagissent directement avec ces NET anormaux.  Cette association pourrait entraîner une inflammation chronique et perturber durablement la circulation sanguine. Elle expliquerait certains symptômes persistants comme la fatigue extrême, les douleurs musculaires, les troubles respiratoires ou les maux de tête. « Lorsqu’elles deviennent incontrôlées, ces interactions peuvent devenir pathogènes », résume Alain Thierry, co-auteur de l’étude et chercheur à l’Institut de recherche sur le cancer de Montpellier. Selon lui, une boucle inflammatoire auto-entretenue favoriserait la production continue de ces structures, aggravant l’état clinique des patients.

Un mécanisme commun à d’autres maladies inflammatoires

Les auteurs rappellent que des anomalies similaires ont été observées dans d’autres pathologies inflammatoires sévères, comme certaines cirrhoses.

Ils formulent une hypothèse :

• un déséquilibre dans la formation des NET stabiliserait les microcaillots, multipliant leur nombre dans la circulation sanguine.

Cette présence accrue, combinée à une réponse immunitaire perturbée, formerait un terrain propice à la persistance du Covid long.

Une piste majeure pour le diagnostic et les traitements

Cette découverte ouvre deux perspectives cruciales :

• Un outil de diagnostic potentiel, basé sur la détection des microcaillots et des NET dans le sang.
• De nouvelles cibles thérapeutiques pour interrompre la boucle inflammatoire et limiter la formation de microcaillots.

Les chercheurs estiment que comprendre cette interaction pourrait permettre d’élaborer des traitements spécifiques pour réduire la charge inflammatoire et améliorer les symptômes.

Quelles recommandations médicales pour les patients concernés ?

En attendant des thérapies dédiées, les médecins recommandent aux personnes souffrant de symptômes persistants :

1. Une surveillance clinique régulière : Fatigue anormale, palpitations, essoufflement, douleurs thoraciques ou troubles cognitifs nécessitent un suivi par un médecin généraliste ou spécialisé (cardiologue, pneumologue, interniste).

2. Un bilan sanguin adapté : Même si le test des microcaillots n’est pas encore disponible en clinique, des analyses permettent d’évaluer :

• l’inflammation (CRP, ferritine),
• la coagulation,
• la fonction immunitaire.

3. Une prise en charge multidisciplinaire : La réadaptation respiratoire, la kinésithérapie, la gestion de la fatigue, le soutien psychologique et la surveillance cardiaque peuvent réduire l’intensité des symptômes.

4. Une vigilance renforcée face à tout signe d’aggravation : Essoufflement aigu, douleur thoracique, malaise ou déficit neurologique nécessitent une consultation urgente.

5. Continuer la prévention : Vaccination à jour, hygiène de vie (sommeil, activité physique graduée), gestion du stress, alimentation équilibrée.

Un pas décisif vers la compréhension du Covid long

Cette étude constitue une avancée notable dans l’exploration des mécanismes biologiques du Covid long.

En mettant en évidence des marqueurs sanguins spécifiques, elle offre une meilleure compréhension du phénomène et ouvre la voie à des approches thérapeutiques enfin adaptées.

Mots clés : Covid long ; santé ; précaution ; soins ; vaccin ; microcaillots ; NET ;

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