Dans la salle lumineuse et sobre du Consulat d’Algérie à Montpellier, l’émotion et la solidarité se mêlent à la rigueur scientifique. Ce soir du 10 octobre 2025, pour la première fois, la diaspora algérienne s’est réunie en nombre pour assister à une conférence exceptionnelle consacrée au cancer du sein, dans le cadre du mois d’Octobre Rose, consacré à la prévention et au dépistage précoce de cette maladie qui touche chaque année des millions de femmes dans le monde.
Une initiative du Consulat : la santé comme lien communautaire
Dès l’ouverture de la soirée, le Consul d’Algérie à Montpellier, M. Nadjib BOUKHATEM, a tenu à saluer les participants et à rappeler le sens profond de cette rencontre et a rappelé dans son discours « l’importance de la prévention, du dépistage précoce et du dialogue autour du cancer du sein ». Et d’ajouter : « Parler du cancer du sein, c’est parler de vie, de prévention et de dignité. Notre rôle, en tant qu’institution et communauté, est de briser le silence, d’encourager le dépistage et de soutenir celles et ceux qui luttent. »
Ses mots empreints d’humanité ont donné le ton d’une soirée marquée par la bienveillance et la solidarité.
Contenu scientifique et message clé
Des interventions riches et complémentaires
Deux spécialistes algériens ont ensuite captivé l’auditoire par leurs présentations à la fois scientifiques, pédagogiques et profondément humaines.
Les conférenciers ont insisté sur plusieurs points essentiels :
- Le dépistage précoce reste la meilleure arme contre le cancer du sein.
- L’importance d’un accompagnement pluridisciplinaire : oncologues, psychologues, nutritionnistes, kinésithérapeutes.
- Le rôle des campagnes communautaires dans la diffusion de l’information et la levée des tabous.
- Les avancées des traitements personnalisés, rendus possibles grâce à la recherche génétique et aux nouvelles thérapies biologiques.
Dre Souad Brahimi ‘’Comprendre, prévenir et dépister : les clés du combat contre le cancer du sein’’
Lors d’une visioconférence animée depuis Alger, Dre Souad Brahimi, médecin spécialiste et rédactrice en chef du magazine ‘’Ma Santé, Ma Vie’’, a livré une présentation claire et documentée sur le thème « Comprendre, prévenir et dépister : les clés du combat contre le cancer du sein ».
Son intervention a mis en lumière les avancées majeures dans la lutte contre le cancer du sein, en Algérie comme à l’international, tout en rappelant les défis à relever pour une détection toujours plus précoce.
‘’La prévention et le dépistage, piliers de la lutte’’
Dre Brahimi a ouvert sa communication en soulignant l’importance cruciale du dépistage précoce, véritable clé de la survie.
Chaque année, plus de 12 000 femmes sont touchées en Algérie. Pourtant, détecté à un stade initial, le cancer du sein peut être guéri dans plus de 90 % des cas.
Elle a rappelé les principaux facteurs de risque : l’âge, les antécédents familiaux, la sédentarité, le tabagisme, la consommation d’alcool, ainsi qu’une alimentation déséquilibrée.
D’où l’importance, insiste-t-elle, d’adopter un mode de vie sain, d’encourager l’activité physique régulière et de participer aux campagnes de dépistage à partir de 40 ans, âge recommandé par les autorités sanitaires.
« Aujourd’hui, les campagnes de sensibilisation et la mammographie régulière sauvent des vies. Le cancer du sein n’est plus une fatalité », souligne Dre Brahimi.
‘’L’engagement de l’Algérie’’ : accès gratuit et dépistage jusque dans les zones reculées’’
Dans un passage très applaudi, la spécialiste a détaillé les efforts déployés par l’Algérie pour renforcer la lutte nationale contre le cancer du sein.
Le pays a mis en place une politique de santé publique ambitieuse, axée sur la gratuité du dépistage, des traitements et du suivi post-thérapeutique dans les structures publiques.
Elle a salué notamment les unités mobiles de mammographie, un dispositif novateur permettant de toucher les femmes des zones rurales et sahariennes, souvent éloignées des hôpitaux et centres de radiologie.
Ces camions équipés sillonnent désormais plusieurs wilayas, offrant des examens gratuits, anonymes et rapides, dans le cadre des campagnes nationales de sensibilisation au cancer du sein. « Ces initiatives sont essentielles pour réduire les inégalités d’accès aux soins. Le dépistage mobile rapproche la médecine des femmes les plus isolées », a insisté Dre Brahimi.
‘’Des progrès thérapeutiques porteurs d’espoir’’
La spécialiste a ensuite évoqué les avancées médicales récentes, notamment les thérapies ciblées et l’immunothérapie, qui révolutionnent la prise en charge des cancers du sein avancés.
Ces approches, explique-t-elle, permettent d’adapter le traitement au profil biologique de chaque tumeur, augmentant ainsi les chances de survie et de rémission durable.
Elle a également rappelé que les campagnes d’information et les mois roses, soutenus par le ministère de la Santé et plusieurs associations, ont permis une meilleure connaissance de la maladie dans la population.
Grâce à cette mobilisation, de plus en plus de femmes consultent à temps, et le diagnostic précoce devient une réalité sur le terrain.
Un message fort d’espoir et de reconnaissance : « La connaissance sauve des vies »
En conclusion, Dre Souad Brahimi a tenu à remercier chaleureusement le Consulat d’Algérie à Montpellier pour son engagement citoyen et humanitaire : « Cette initiative prouve que la santé des femmes algériennes, où qu’elles vivent, reste une priorité nationale. Le travail d’information, d’écoute et de sensibilisation mené ici est une continuité de celui que nous portons sur le terrain en Algérie. »
Elle a clos son intervention sur un message fort : « Comprendre sa santé, c’est déjà la protéger. Ensemble, par la prévention, la connaissance et la solidarité, nous pouvons vaincre le cancer du sein. »
Neurosciences et cancer du sein : comprendre le lien entre le corps et l’esprit
Présent sur place, Dr Salim Benlefki, chercheur en neurosciences et fondateur du cabinet Celliogene, a captivé l’auditoire par une intervention à la croisée de la science, de la psychologie et de la biologie cellulaire.
Sous un angle à la fois humain et scientifique, il a exploré les nouvelles approches neurobiologiques du cancer du sein, ainsi que les liens étroits entre le mental, le stress et la maladie.
Le cerveau, le stress et la cellule : un dialogue permanent
Dr Benlefki a expliqué comment le stress chronique, les perturbations hormonales et certains facteurs environnementaux peuvent influencer le développement tumoral.
Selon lui, le système nerveux, le système immunitaire et le système hormonal forment un réseau d’interactions dynamiques : lorsqu’un déséquilibre s’installe, il peut favoriser l’inflammation et altérer les mécanismes de défense cellulaire.
« Le corps et l’esprit sont intimement liés : comprendre cette interaction permet de mieux accompagner les patientes sur le plan global, médical et émotionnel », a-t-il souligné.
Ces recherches récentes ouvrent la voie à une médecine intégrative, qui prend en compte non seulement la tumeur, mais aussi le vécu psychologique, les émotions et la qualité de vie des patientes.
Les nouvelles frontières du diagnostic et du traitement
Le chercheur a ensuite présenté les dernières innovations scientifiques qui transforment la détection et la prise en charge du cancer du sein.
Parmi elles, les tests salivaires et sanguins capables de repérer des traces d’ADN tumoral circulant ou des biomarqueurs spécifiques. Ces méthodes non invasives pourraient, à terme, compléter ou remplacer certaines mammographies, notamment dans les zones où l’accès à l’imagerie médicale reste limité. « Ces outils de dépistage moléculaire offriront bientôt un diagnostic plus simple, rapide et accessible à toutes, y compris dans les régions éloignées », a précisé Dr Benlefki.
Sur le plan thérapeutique, il a mis en avant les progrès des thérapies ciblées, des inhibiteurs de PARP – particulièrement efficaces dans les cancers liés aux mutations génétiques BRCA1/2 – et de l’immunothérapie, qui mobilise les défenses naturelles de l’organisme pour détruire les cellules cancéreuses.
Il a également évoqué les vaccins thérapeutiques expérimentaux, actuellement en évaluation, qui visent à prévenir les rechutes après traitement.
Stress, nutrition et équilibre intérieur : une approche globale
En abordant la dimension psychobiologique, Dr Benlefki a rappelé que le stress chronique agit comme un « perturbateur silencieux » du système immunitaire et hormonal, affaiblissant la résistance de l’organisme face à la maladie.
Pour lui, la gestion du stress, le soutien psychologique et la nutrition équilibrée sont des piliers essentiels de la prévention.
Il a notamment cité la datte Ajwa, fruit emblématique riche en antioxydants et en composés anti-inflammatoires, dont plusieurs études ont démontré le potentiel protecteur dans la prévention de certains cancers. « Manger sainement, c’est aussi nourrir son système immunitaire. L’alimentation et l’équilibre émotionnel sont nos premiers boucliers », a-t-il affirmé.
Un message d’espoir et d’unité
Cette rencontre, organisée avec le soutien du Consulat d’Algérie à Montpellier, a mis en lumière la complémentarité entre la prévention, la recherche et l’éducation à la santé.
Les interventions du Dr Souad Brahimi et du Dr Salim Benlefki ont illustré une même conviction : la lutte contre le cancer du sein dépasse le cadre médical.
Elle implique toute la société — des chercheurs aux associations, des médecins aux femmes informées, unies par un même objectif : vaincre la maladie par la connaissance, la solidarité et l’innovation. « La science progresse, mais la bienveillance et l’écoute restent les meilleurs des traitements », a conclu Dr Benlefki, laissant dans la salle un souffle d’espoir et de détermination partagée.
Témoignages et émotions partagées
La soirée a pris une tournure encore plus humaine lorsque plusieurs participantes ont pris la parole.
Une femme d’une cinquantaine d’années, ancienne patiente, a partagé son parcours avec beaucoup de courage : « J’ai découvert ma tumeur par hasard, grâce à une simple palpation. Le diagnostic précoce m’a sauvé la vie. Aujourd’hui, je témoigne pour que d’autres femmes n’attendent pas. »
Son témoignage a profondément ému la salle, rappelant que derrière les chiffres, il y a des visages, des histoires, des familles.
Un jeune homme, membre de la diaspora, a ajouté : « Ce genre d’événement nous permet de mieux comprendre, de parler de ce qu’on fait souvent par peur ou pudeur. C’est un vrai moment d’unité. »
Une ambiance à la fois studieuse et fraternelle
L’atmosphère dans la salle était empreinte de respect et d’écoute. Les échanges entre les participants, venus de divers horizons – étudiants, médecins, mères de famille, associations – ont été intenses et bienveillants.
Les questions ont fusé sur les symptômes à surveiller, les modes de dépistage, les progrès thérapeutiques, mais aussi sur les accompagnements psychologiques et les initiatives solidaires.
Un public attentif et des échanges nourris
La salle du Consulat, pleine à craquer, rassemblait des femmes, des hommes, des jeunes étudiants, des médecins et des représentants associatifs. Les échanges ont été à la fois techniques et profondément humains.
Les participants ont posé des questions sur les signes précoces du cancer, les modes de dépistage, la prise en charge hospitalière et l’accompagnement psychologique des patientes.
L’ambiance était à la fois studieuse et fraternelle, ponctuée d’applaudissements et de moments d’émotion.
Une soirée d’union et d’engagement
En clôturant la conférence, le Consul a salué le travail des intervenants et remercié la diaspora pour sa présence et son implication. « Ce type de rencontre montre la force du lien entre nos deux rives. Ensemble, nous pouvons œuvrer pour une meilleure santé, une meilleure connaissance et plus d’humanité. »
La soirée s’est prolongée autour d’un buffet convivial, où les échanges se sont poursuivis dans une ambiance fraternelle et inspirante.
Les participants sont repartis mieux informés, touchés et motivés à relayer le message de prévention et d’espoir.
Mots clés : Consulat ; Montpelier ; cancer ; sein ; octobre rose ;
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