Le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné ce dimanche, lors du Conseil des ministres, la création d’un centre national et de structures régionales dédiées à la prise en charge des enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Un signal fort, qui marque une volonté politique d’améliorer durablement les conditions d’accueil, de suivi et d’inclusion de ces enfants à l’échelle du pays.
Une réponse concrète à un besoin urgent
Longtemps relégué au second plan, l’autisme est aujourd’hui reconnu comme une priorité de santé publique. En Algérie, comme dans de nombreux pays, les familles sont souvent confrontées à un manque cruel de structures adaptées, de professionnels formés, et de solutions d’accompagnement sur le long terme. En réponse à cette réalité, le chef de l’État a ordonné la création d’un centre national de référence, appuyé par des annexes régionales réparties sur le territoire, afin de garantir une couverture plus équitable.
Des structures spécialisées pour un encadrement global
L’objectif de ces nouveaux centres est d’offrir aux enfants autistes un cadre stable, sécurisé et structuré, où ils pourront bénéficier d’une prise en charge globale : bilans diagnostiques, suivi psychologique, accompagnement éducatif, orthophonie, psychomotricité, et soutien aux familles. Il s’agira aussi de favoriser la formation continue des professionnels de santé, des éducateurs et des enseignants, pour assurer une qualité d’accueil et de suivi conforme aux standards internationaux.
Ces établissements devront également intégrer une approche individualisée, respectueuse des particularités et du rythme de chaque enfant. L’autisme, qui regroupe une grande diversité de profils et de niveaux de fonctionnement, nécessite une adaptation fine des interventions éducatives et thérapeutiques.
Protéger le lien familial pendant la prise en charge
Le président Tebboune a insisté sur un point souvent négligé : le bien-être émotionnel et psychologique des enfants accueillis. Il a demandé à ce que l’éloignement des parents lors des périodes de prise en charge ne nuise pas à leur stabilité affective. Il s’agit donc d’encourager des modèles d’accueil inclusifs et respectueux des besoins affectifs, permettant des visites régulières, voire la participation active des parents dans certaines activités thérapeutiques.
Car de nombreuses études montrent que le maintien du lien avec les proches a un impact direct sur l’évolution du comportement, le développement du langage, et la réduction de l’anxiété chez les enfants avec TSA.
Un pilier central du futur Plan national autisme
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un Plan national autisme en cours d’élaboration. Ce plan vise à structurer une politique publique cohérente, intégrant toutes les étapes : dépistage précoce, diagnostic fiable, intervention intensive, inclusion scolaire et insertion professionnelle. Il prendra appui sur les recommandations des spécialistes, des scientifiques, des associations de familles, et sur les données épidémiologiques disponibles.
L’approche sera interdisciplinaire et intersectorielle, associant les ministères de la Santé, de l’Éducation, de la Solidarité nationale et de la Formation professionnelle. Elle devra aussi garantir un accès équitable aux soins, indépendamment de la région ou du niveau socio-économique des familles.
Un pas vers une société plus inclusive
Avec cette annonce, l’Algérie amorce un tournant dans sa politique de santé et de solidarité à destination des enfants autistes. Au-delà des structures à venir, il s’agit de faire évoluer les regards, d’encourager la tolérance, et de construire une société plus inclusive, plus accessible et plus juste.
L’implication de l’État dans ce domaine crucial pourrait, à terme, réduire les retards de diagnostic, les ruptures de parcours, et soulager des milliers de familles souvent livrées à elles-mêmes. Il reste désormais à traduire cette volonté politique en actions concrètes, visibles et durables.
Autisme chez l’enfant : ‘’repérer les signes précoces et comprendre la prise en charge’’
Votre magazine ‘’Ma Santé, Ma Vie’’, profite de cette occasion pour vous apporter plus d’explication sur l’autisme.
Selon nos experts, dont Dr. Salim BENLEFKI, docteur en neuroscience, l’autisme, ou trouble du spectre de l’autisme (TSA), est un trouble du neurodéveloppement qui affecte la communication, les interactions sociales, les comportements et les centres d’intérêt. Il se manifeste dès la petite enfance, parfois dès les 18 premiers mois de vie.
Détecter les signes précocement permet d’agir rapidement, et d’offrir à l’enfant un meilleur accompagnement pour développer son plein potentiel.
Signes précoces de l’autisme : que faut-il observer ?
Les signes varient d’un enfant à l’autre, mais certains comportements peuvent alerter. L
Les principaux indicateurs selon les spécialistes :
1. Difficultés dans les interactions sociales
- Peu ou pas de contact visuel avec les autres
- Ne répond pas à son prénom vers 12 mois
- Ne cherche pas à partager ses émotions ou ses intérêts (ne montre pas du doigt, ne regarde pas où vous pointez)
- Ne joue pas avec les autres ou n’imite pas leurs comportements
2. Retards ou troubles du langage
- Absence de babillage vers 12 mois
- Pas de mots simples vers 16 mois
- Ne combine pas deux mots vers 2 ans
- Répète souvent les mêmes mots ou phrases (écholalie)
3. Comportements inhabituels ou répétitifs
- Agite souvent les mains, tourne sur lui-même, aligne des objets
- Sensibilité excessive ou insensibilité au bruit, à la lumière, au toucher
- Réactions inhabituelles au changement de routine
- Intérêts restreints et très spécifiques (ex. : obsession pour les roues ou les horaires de train)
Que faire en cas de doute ?
Si un parent ou un professionnel soupçonne des signes de TSA, il est important de ne pas attendre. Voici les étapes recommandées :
1. Consulter un pédiatre ou un médecin généraliste : il évaluera le développement global de l’enfant et vous orientera si nécessaire.
2. Faire un bilan multidisciplinaire (psychologue, orthophoniste, pédopsychiatre, etc.), parfois dans un centre spécialisé.
3. Établir un diagnostic précoce, idéalement avant l’âge de 3 ans.
Un diagnostic n’est pas une étiquette : c’est un outil pour comprendre l’enfant et adapter les aides dont il a besoin.
Modalités de prise en charge : agir tôt pour progresser
Une fois le diagnostic établi, plusieurs formes de soutien peuvent être mises en place, en fonction du profil de l’enfant :
1. Interventions éducatives et comportementales
- Thérapies ABA (analyse appliquée du comportement)
- Approches développementales comme le modèle Denver
- Ateliers d’habiletés sociales
2. Suivi thérapeutique individualisé
- Orthophonie : pour travailler le langage et la communication
- Psychomotricité : pour les troubles moteurs ou de coordination
- Ergothérapie : pour les gestes du quotidien
3. Soutien scolaire adapté
- Projet personnalisé de scolarisation (PPS)
- Aide d’un accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH)
- Classes spécialisées si besoin (CLIS, ULIS)
4. Accompagnement des familles
- Groupes de soutien
- Formations parentales
- Accès à des centres spécialisés régionaux
- L’autisme n’est ni une maladie, ni une fatalité : c’est un fonctionnement neurologique différent
- Plus le diagnostic est posé tôt, plus la prise en charge est efficace
- Chaque enfant autiste est unique : il mérite un accompagnement personnalisé et respectueux
- Les familles ne doivent pas rester seules : des ressources existent et doivent être renforcées
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