Une crise sanitaire sévit dans la bande de Gaza, où les habitants, déjà affaiblis par plus de neuf mois de guerre et une vingtaine d’années de siège, font face à une situation alarmante exacerbée par une accumulation massive de déchets, de décombres et d’eau usée.
Les eaux usées menacent la population
Au dixième mois d’agression dans la bande de Gaza, les stations de pompage des eaux usées à Deir al-Balah, au centre du territoire, ont arrêté leur fonctionnement mardi en raison du manque de carburant, selon la municipalité. Le ministère de la Santé de Gaza a averti que la détection du virus dans les eaux usées s’écoulant entre les tentes des déplacés préfigure un véritable désastre sanitaire, exposant ainsi des milliers d’habitants au risque de contracter cette maladie.
Le ministère a dénoncé que les eaux usées stagnantes, l’accumulation de déchets et de décombres créent un “terrain favorable à la propagation de diverses épidémies”, tout en appelant à “mettre fin immédiatement à l’agression israélienne”.
Conséquences grave sur la santé publique
Les eaux usées peuvent avoir de graves conséquences sur l’environnement et la santé publique lorsqu’elles ne sont pas correctement traitées ou éliminées. Voici quelques-unes des principales implications :
- Impact sur l’environnement :
- Contamination des ressources en eau : Les eaux usées non traitées contiennent souvent des contaminants tels que des agents pathogènes, des métaux lourds, des produits chimiques et des nutriments comme l’azote et le phosphore. Lorsqu’elles sont déversées dans les rivières, les lacs ou les océans, ces substances peuvent contaminer les sources d’eau douce et marines, affectant la vie aquatique et compromettant leur utilisation pour la consommation humaine, agricole ou industrielle.
- Impact sur la biodiversité : Les contaminants présents dans les eaux usées peuvent perturber les écosystèmes aquatiques en affectant la flore et la faune locales. Cela peut entraîner une diminution de la biodiversité, des perturbations dans les chaînes alimentaires et des effets néfastes à long terme sur les habitats naturels.
- Risques pour la santé publique :
- Propagation de maladies : Les eaux usées non traitées sont une source potentielle de propagation de maladies d’origine hydrique telles que le choléra, la typhoïde, l’hépatite et diverses infections gastro-intestinales. Les agents pathogènes présents dans les eaux usées peuvent contaminer l’eau potable et les aliments si les infrastructures sanitaires sont inadéquates.
- Exposition aux substances toxiques : Les métaux lourds, les produits chimiques toxiques et les contaminants organiques persistants présents dans les eaux usées peuvent s’accumuler dans les chaînes alimentaires et être ingérés par les humains, provoquant des effets néfastes sur la santé, tels que des cancers, des troubles neurologiques et des problèmes de développement.
- Impacts socio-économiques :
- Coûts sanitaires et sociaux : Les maladies liées à l’eau et à l’assainissement insuffisant imposent un fardeau économique considérable aux systèmes de santé publique, aux ménages et aux communautés. Les absences au travail et à l’école dues à des maladies hydriques peuvent également affecter la productivité et le bien-être socio-économique des populations.
- Réduction de la qualité de vie : L’accès limité à une eau propre et sûre compromet la qualité de vie des individus et des communautés, en particulier dans les zones défavorisées ou touchées par des crises humanitaires.
Pour atténuer ces effets, il est essentiel d’investir dans des infrastructures d’assainissement adéquates, de promouvoir des pratiques de gestion durable de l’eau et des déchets, ainsi que de renforcer les programmes de sensibilisation et d’éducation sur l’hygiène et l’utilisation responsable des ressources en eau.
PAX met en garde contre les risques des déchets et décombres
La bande de Gaza est confrontée à une menace imminente de crise sanitaire alors que la guerre entre dans son dixième mois, alerte l’ONG néerlandaise PAX dans un rapport récent. Selon ce document, Gaza se trouve maintenant submergée sous une quantité considérable de déchets et de décombres, potentiellement propices à la propagation de maladies et de contaminations diverses.
PAX met en lumière le problème croissant des déchets qui s’accumulent dans un territoire régulièrement bombardé par l’armée sioniste, soulignant les risques graves et à long terme.
Une menace globale
Les déchets et les décombres représentent un problème environnemental et sanitaire majeur dans de nombreuses régions du monde, particulièrement dans les zones affectées par des conflits, des catastrophes naturelles ou une urbanisation rapide. Parmi les principaux risques associés aux déchets et décombres, on notera :
- Impact environnemental :
- Pollution des sols et des eaux : Les déchets non gérés peuvent contaminer les sols et les eaux par infiltration de produits chimiques, de métaux lourds et d’autres substances toxiques. Cela peut affecter la qualité des ressources en eau souterraines et de surface, ainsi que la biodiversité des écosystèmes locaux.
- Dégradation des paysages : L’accumulation de déchets et de débris altère l’esthétique naturelle des paysages, contribuant à la dégradation visuelle et à la perte d’attrait touristique des zones concernées.
- Risques pour la santé publique
- Propagation de maladies : Les déchets non traités peuvent servir de vecteurs pour la propagation de maladies infectieuses et parasitaires. Par exemple, les eaux stagnantes dans les décharges peuvent devenir des sites de reproduction pour les moustiques porteurs de maladies comme le paludisme et la dengue.
- Exposition à des contaminants : Les personnes vivant à proximité de décharges ou de zones de débris peuvent être exposées à des contaminants dangereux. Cela inclut des risques d’intoxication par des métaux lourds, des composés organiques volatils et d’autres substances nocives présentes dans les déchets.
- Impacts socio-économiques :
- Effets sur la qualité de vie : Les communautés entourées de déchets et de débris peuvent subir une détérioration de leur qualité de vie en raison des nuisances visuelles, olfactives et sanitaires associées. Cela peut également affecter le bien-être psychologique des résidents.
- Coûts économiques : La gestion inadéquate des déchets et des décombres entraîne souvent des coûts élevés pour les gouvernements locaux en termes de nettoyage, de dépollution et de réhabilitation des zones touchées. Cela peut également freiner le développement économique en réduisant l’attractivité des zones affectées pour les investissements et le tourisme.
- Risques lors des catastrophes naturelles :
- Obstruction des voies d’évacuation : En cas de catastrophe naturelle comme les inondations ou les glissements de terrain, les déchets et les débris peuvent obstruer les voies d’évacuation, augmentant ainsi les risques pour la sécurité publique et réduisant la capacité des secours à atteindre les personnes affectées.
- Un danger pour toute la région
L’organisation a analysé des images satellites montrant 225 décharges à ciel ouvert, exprimant une préoccupation particulière quant à la formation d’une “soupe chimique” due à l’accumulation de métaux lourds provenant des bombardements successifs. Cette situation pourrait contaminer les nappes phréatiques et les sols, posant non seulement une menace immédiate pour Gaza mais aussi des problèmes écologiques et de santé publique graves pour la région dans son ensemble, selon PAX.
Pour atténuer ces risques, il est crucial d’arrêter l’agression, de mettre en œuvre des politiques efficaces de gestion des déchets et des débris, y compris la réduction à la source, le recyclage, le traitement adéquat des déchets dangereux, et l’éducation publique sur les pratiques de gestion des déchets.
Résurgence de la polio
L’Organisation mondiale de la Santé avait déclaré en 1999 que ce virus avait été complètement éradiqué. Cependant, la grave destruction de l’enclave palestinienne crée un environnement propice à la résurgence de maladies.
En plus des milliers de victimes, des blessés, de la famine, du manque d’eau potable, de l’absence d’électricité et d’hôpitaux, voici maintenant le retour d’une maladie que l’on croyait éradiquée sur ce territoire. Jeudi, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a signalé la détection du virus de la poliomyélite dans plusieurs échantillons d’eaux usées de la bande de Gaza, qualifiant la situation de « catastrophe sanitaire ».
La polio : Une menace sanitaire majeure
La poliomyélite, communément appelée polio, est une maladie virale hautement contagieuse qui se propage principalement par voie oro-fécale. le virus infecte principalement les enfants de moins de 5 ans et se multiplie dans les intestins.
Avant le retour récent de la polio à Gaza, la maladie avait été largement éradiquée dans le monde grâce à des campagnes de vaccination intensives. À ce jour, seuls deux pays, le Pakistan et l’Afghanistan, continuaient à enregistrer des cas endémiques de polio.
La détection du virus dans les eaux usées de Gaza, annoncée par le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, constitue une grave préoccupation pour la santé publique dans une région déjà confrontée à une crise humanitaire sévère due aux conflits prolongés.
- Symptômes de la polio
La plupart des personnes infectées par le poliovirus sont asymptomatiques. Chez les personnes symptomatiques, on observe de la fièvre, des maux de gorge, des maux de tête ainsi que des signes digestifs comme les douleurs abdominales, des nausées, des vomissements. Il faut noter que certains signes sont omniprésents tels que la fatigue, la perte d’appétit et les douleurs musculaires.
En général, les symptômes durent de 2 à 10 jours et disparaissent d’eux-mêmes.
Dans moins de 1 % des cas, la poliomyélite provoque des lésions nerveuses, affectant le cerveau et la moelle épinière ce qui peut entraîner une faiblesse ou une paralysie. Ces nerveuses et musculaires causées par la polio peuvent être permanentes.
Début juillet, un article publié dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet a estimé que plus de 186.000 habitants de Gaza auraient perdu la vie depuis le début du conflit, directement ou indirectement. Ce qui représente 8% de la population résidant dans l’enclave palestinienne. C’est bien plus que le décompte officiel, qui fait état d’environ 39.000 personnes tuées à ce jour (dont 36% d’enfants, 23% de femmes), et plus de 89 400 ont été blessés, selon les autorités sanitaires locales.
C. B.