Un rendez-vous scientifique au cœur des enjeux de santé publique
Les activités du 4ᵉ Séminaire International de Toxicologie ont débuté ce mercredi 22 octobre 2025 à l’hôtel Sabri d’Annaba, sous le thème évocateur : ‘’Les Cosmétiques Éclairés : Bonnes Pratiques et Sécurité’’. Trois jours durant, chercheurs, médecins, pharmaciens, industriels et responsables de la santé débattent des nouveaux défis liés à la sécurité des produits cosmétiques et à leurs impacts sur la santé publique.
Quand la science éclaire la beauté
Organisé par le Service de Toxicologie, en partenariat avec le Laboratoire de Recherche Santé et Environnement de la Faculté de Médecine de l’Université Badji Mokhtar, et l’Union Nationale des Pharmaciens d’Officine, sous le haut patronage de Monsieur le Wali de la wilaya d’Annaba, sous le thème : ‘’Les produits cosmétiques : bonnes pratiques et sécurité’’,
Ce rendez-vous scientifique majeur s’impose comme un espace d’échanges et de réflexion sur la cosmétologie moderne — un domaine à la croisée de la science, de la réglementation et de la société.
Placée sous le haut patronage de Monsieur le Wali d’Annaba, la rencontre réunit de hautes autorités académiques et hospitalières :
- Dr N. Dameche, Directeur de la Santé d’Annaba,
- M. A. Benmehidi, Directeur Général du CHU d’Annaba,
- Pr M. Manaa, Recteur de l’Université Badji Mokhtar,
- Pr K. Amoura, Doyen de la Faculté de Médecine d’Annaba.
Le séminaire est présidé par le Pr R. Djafer, Chef du Service de Toxicologie et Directeur du Laboratoire de Recherche Santé-Environnement, figure de proue de la toxicologie médicale en Algérie et la participation d’experts venus d’Europe, d’Afrique et du monde arabe, ce rendez-vous scientifique majeur s’impose comme un espace d’échanges et de réflexion sur la cosmétologie moderne — un domaine à la croisée de la science, de la réglementation et de la société.
Un choix de judicieux et bien réfléchi
Le choix du thème de ce colloque n’est nullement fortuit, mais résulte d’une réflexion consciente et planifiée. En effet, les produits cosmétiques connaissent une expansion remarquable, notamment dans notre société ainsi que dans certaines sociétés africaines, arabes et internationales. Ils sont souvent utilisés en dehors du cadre réglementaire et de contrôle, ou sans une connaissance suffisante de leurs composants et de leurs effets sur la santé à long terme.
Pr R. Djafer : ‘’ Une plateforme scientifique dédiée au diagnostic, au débat et à la proposition’’

« Ce colloque se veut une plateforme scientifique dédiée au diagnostic, au débat et à la proposition, dans le but d’unifier les concepts, d’adopter les bonnes pratiques et de renforcer la sécurité sanitaire des citoyens.
Malgré ces efforts, on observe aujourd’hui en Algérie l’émergence d’une prise de conscience croissante de l’importance de la sécurité des produits cosmétiques.
Cette évolution résulte des efforts de l’État dans les domaines de la législation, de la surveillance du marché et de la formation des professionnels de santé.
Cependant, le chemin reste encore long. »
Et d’ajouter : « Nous croyons que le travail collectif, à travers ce type de rencontres, constitue la voie vers :
- un contrôle sanitaire efficace
- Une sensibilisation sociétale globale
- Une utilisation responsable et sûre des produits cosmétiques, conforme aux normes internationales, sans compromettre ni la santé ni les véritables valeurs de la beauté.
« L’objectif de cette rencontre est également d’apporter un éclairage scientifique rigoureux et de vulgariser les connaissances les plus récentes sur la toxicité potentielle des produits cosmétiques, afin d’en améliorer la compréhension et la maîtrise.
Au-delà des conférences et communications, ce séminaire se veut un véritable espace d’échange et de dialogue entre chercheurs, professionnels de santé, industriels et autorités de régulation, dans le but de favoriser une cosmétique plus sûre, responsable et fondée sur la science. »
Fazia KERKOUB, maître assistante en toxicologie et une des organisatrices du séminaire : ‘’ Encourager une cosmétique plus responsable’’

« En Algérie, nous constatons aujourd’hui une hausse significative de l’usage des produits cosmétiques, un phénomène qui s’accompagne de défis majeurs : la présence de substances potentiellement toxiques dans certains produits, le manque de sensibilisation du public, mais aussi une application parfois insuffisante des réglementations existantes.
Cette édition, placée sous le thème “Les cosmétiques éclairés, quand la science éclaire la beauté”, met en exergue la nécessité d’allier innovation, sécurité et transparence dans un secteur en pleine expansion. Ce colloque, au-delà de sa dimension scientifique, ouvre un espace de réflexion essentiel sur notre rapport à la beauté, à la santé et aux choix de société qui en découlent. Il s’agit d’encourager une cosmétique plus responsable, fondée sur la connaissance, la vigilance et le respect du consommateur. »
Un riche programme scientifique
Le 4ᵉ Séminaire international de toxicologie, placé sous le thème ‘’Les Cosmétiques Éclairés : Bonnes Pratiques et Sécurité’’, a réuni à Annaba un large panel d’experts, de chercheurs et de professionnels venus d’Algérie, de Tunisie, d’Arabie Saoudite et de France autour d’un programme scientifique riche et pluridisciplinaire. Conférences de haut niveau, panels interactifs, ateliers pratiques et présentations de travaux de recherche vont permettre d’aborder, sous différents angles, les risques sanitaires liés aux produits cosmétiques, la réglementation en vigueur, les substances controversées et les nouvelles approches scientifiques en cosmétologie, dans un esprit de partage des connaissances et de promotion d’une beauté plus sûre et responsable.
Les débats ont exploré aussi, dès le début des travaux, bien les enjeux sanitaires des produits de beauté que les évolutions réglementaires et les innovations technologiques du secteur. Parmi les interventions marquantes, le Dr Y. Achouri (CHU Parnet) a ouvert la rencontre avec une étude historique sur les origines de la pharmacie algérienne, tandis que le Pr Y. Zebbiche (CHU Aït Idir) a détaillé les aspects technico-réglementaires de l’industrie cosmétique. Le Pr S. Benlefkhi (Celliogene Consulting, Paris) a présenté une communication novatrice sur la neuro-cosmétique et la toxicologie cutanée, alors que MH. Belmahi et son équipe (CHU Constantine) ont évalué le risque des produits cosmétiques chez l’enfant. Plusieurs travaux vont également mettre en lumière les perturbateurs endocriniens, notamment ceux contenus dans le khôl ou le henné noir, étudiés par S. Benabdelouahab et S. Benboudiaf (CHU Oran et Constantine). La chercheuse R. Debbich (Tunisie) a évoqué les bonnes pratiques et la sécurité dans les parfums d’ambiance, tandis que A. Bouzabata (Université d’Annaba) va présenter une analyse sur la réglementation des cosmétiques naturels en Algérie. D’autres communications, comme celle de Céline Couteau et Laurence Coiffard (Université de Nantes), vont apporter un éclairage international sur l’évolution de la réglementation européenne. Les panels dédiés à la cosméto-vigilance, à l’impact rénal des produits cosmétiques et à l’usage des nanoparticules vont susciter un vif intérêt, confirmant la nécessité d’une approche plus sûre et transparente dans le domaine de la beauté.
Beauté et sécurité : un équilibre fragile
Les produits cosmétiques font désormais partie intégrante de notre quotidien — crèmes hydratantes, parfums, maquillages, shampoings ou produits éclaircissants. Pourtant, derrière leur apparente innocuité, certains renferment des substances actives dont les effets à long terme sur la peau, le système endocrinien ou même la santé reproductive continuent de susciter de vives inquiétudes.
Réunis à Annaba dans le cadre du 4ᵉ Séminaire International de Toxicologie, les experts ont rappelé la nécessité de renforcer la toxicovigilance et d’encadrer plus strictement la formulation et la commercialisation des produits cosmétiques. Car la beauté, lorsqu’elle repose sur la chimie, n’est pas toujours sans danger.
« La beauté ne doit jamais se faire au détriment de la santé », ont déclaré les intervenants de cette première journée. Ils ont plaidé pour une information claire et scientifique à destination des consommateurs et des professionnels, afin de mieux comprendre les risques liés à certaines molécules et de promouvoir une cosmétique plus sûre, éclairée par la science et la prévention. Leur ambition : faire de la vigilance sanitaire un réflexe collectif dans un secteur où la promesse du bien-être ne doit jamais masquer les risques.
Dr Salim Benlefki, ‘’ la peau et le cerveau entretiennent un dialogue constant’’

De son côté, Dr Salim Benlefki, chercheur en neurosciences et spécialiste de la neuro-cosmétique, a élargi le débat : « Les effets des produits cosmétiques ne s’arrêtent pas à la surface de la peau. Ils peuvent influencer nos émotions, notre comportement et même certaines fonctions cérébrales », a-t-il expliqué. Selon lui, la peau et le cerveau entretiennent un dialogue constant par le biais de médiateurs chimiques et hormonaux. Ainsi, un produit appliqué sur la peau peut, dans certaines conditions, affecter le système nerveux, modifiant la perception du bien-être, de l’humeur ou du stress.
Le Dr Benlefki a souligné l’émergence d’un nouveau champ scientifique, celui de la neuro-cosmétique, où la recherche tente de concilier plaisir sensoriel, efficacité et sécurité. « Nous devons comprendre comment les actifs cosmétiques interagissent avec notre système nerveux pour développer des produits qui respectent à la fois la peau et l’esprit », a-t-il ajouté, appelant à une approche intégrée, à la croisée de la biologie cutanée, de la neurosciences et de la toxicologie.
En somme, la beauté éclairée n’est plus seulement une question d’apparence : elle devient un enjeu de santé globale, où la vigilance scientifique s’impose comme le meilleur allié du bien-être.