Du 18 au 24 novembre, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) organise la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens, un événement destiné à sensibiliser le public aux dangers de l’antibiorésistance. Ce phénomène, qui survient lorsque les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques, constitue l’une des dix plus grandes menaces pour la santé publique à l’échelle mondiale. Il s’agit d’un problème complexe et inégalement réparti : l’antibiorésistance varie d’un pays à l’autre et même à l’intérieur d’un même pays, selon les régions.
Des disparités frappantes dans l’usage des antibiotiques
Les dernières données de l’OMS et de l’agence européenne ECDC montrent des écarts significatifs dans la consommation des antibiotiques et dans les niveaux de résistance bactérienne. Par exemple, la consommation d’antibiotiques en Europe varie d’un facteur 4 entre les pays, et de 10 fois au niveau mondial. La France, parmi les plus grands consommateurs d’antibiotiques en Europe, se situe derrière la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et l’Espagne, avec une situation moyenne en termes de taux de résistance.
Des facteurs locaux influençant la résistance
Ces disparités sont dues à plusieurs facteurs, notamment les pratiques médicales, l’accès aux soins, les politiques de santé locales, ainsi que la sensibilisation des professionnels de santé. En France, certaines régions, comme le Sud-Est et la région parisienne, connaissent des taux élevés d’infections liées à des bactéries résistantes, comme ‘’Escherichia coli’’, couramment responsable des infections urinaires. En revanche, des zones comme l’Outremer ou les Pays de la Loire affichent des niveaux plus bas de résistances, en particulier pour les infections à ‘’Staphylococcus aureus’’ résistant à la méticilline.
Vers une approche locale et ciblée
Ces différences régionales soulignent la nécessité d’adapter les politiques de santé publique aux réalités locales. Les experts recommandent de renforcer les campagnes de sensibilisation et de promouvoir un usage plus responsable des antibiotiques. Une étude menée en région Grand Est a montré que certaines pratiques de prescription des médecins généralistes, comme la surprescription ou la prolongation inutile des traitements, contribuent à l’augmentation de la résistance. En réponse, des outils d’évaluation des prescriptions ont été mis en place pour encourager des pratiques plus judicieuses.
Une approche globale pour freiner la résistance
La lutte contre l’antibiorésistance ne se limite pas à la santé humaine. L’approche “Une seule santé” (One Health) vise à prendre en compte l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale. La résistance aux antibiotiques touche également les animaux d’élevage et les écosystèmes, compliquant encore davantage la situation. Les autorités sanitaires insistent sur l’importance de l’hygiène des mains et du respect des prescriptions médicales pour limiter la propagation des bactéries résistantes.
Perspectives pour 2025
À l’horizon 2025, les mesures seront axées sur la réduction de l’utilisation inappropriée des antibiotiques et la sensibilisation accrue du public à l’enjeu de l’antibiorésistance, afin de contrer cette menace de plus en plus pressante pour la santé mondiale.
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