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Troubles comportementaux liés aux démences : quelles sont les meilleures approches pour les médecins praticiens ?

Edité par : Dr Mohamed Tahar Aissani | Docteur en medecine
29 octobre 2024

Les troubles comportementaux associés aux démences, tels que l’agitation, l’agressivité, l’irritabilité et la désinhibition, représentent un défi majeur pour les médecins, en particulier lorsqu’ils se manifestent dès les premières phases des maladies neurocognitives comme la maladie d’Alzheimer ou la démence vasculaire.

Ces symptômes, communément appelés ‘’Symptômes Psychologiques et Comportementaux (SPC)’’, ont un impact significatif non seulement sur la qualité de vie des patients et de leurs proches, mais aussi sur l’accélération du déclin cognitif.

Les nouvelles recommandations de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG), en partenariat avec la Fédération des Centres Mémoire et la Société Francophone de Psychogériatrie, soulignent l’importance d’une prise en charge précoce et multidisciplinaire des symptômes comportementaux et psychologiques (SPC).

Ces symptômes se manifestent dès les premières phases des démences, bien avant que la perte cognitive ne devienne sévère. Une intervention anticipée peut donc ralentir la progression de la maladie.

– Approches non pharmacologiques : Les recommandations insistent sur l’utilisation d’approches non pharmacologiques pour gérer les SPC. Ces méthodes incluent des interventions thérapeutiques centrées sur le patient, comme l’activité physique adaptée, la musicothérapie, l’art-thérapie et les thérapies occupationnelles. L’application de ces interventions repose sur une analyse approfondie des besoins du patient, prenant en compte son histoire de vie, ses préférences et son environnement.

– Une approche pluridisciplinaire : Une approche pluridisciplinaire est essentielle pour maximiser l’efficacité des traitements. Cela implique la collaboration de médecins, psychologues, kinésithérapeutes et aidants pour une prise en charge optimale.

Une des clés de la réussite des interventions repose sur une évaluation précise des symptômes à travers l’approche DICE :

  • Décrire : caractériser et contextualiser le comportement avec les aidants.
  • Investiguer : rechercher les causes potentielles à travers un examen clinique complet et l’analyse de l’environnement.
  • Créer : élaborer un plan de soins personnalisé avec l’équipe soignante et les aidants.
  • Évaluer : suivre l’évolution des symptômes et ajuster le plan en fonction des résultats obtenus.

Cette méthode permet une prise en charge individualisée et assure que les interventions sont adaptées aux spécificités de chaque patient. En fonction des symptômes (agitation, hallucinations, désinhibition, etc.), des techniques spécifiques peuvent être privilégiées, comme l’activité physique adaptée (APA), qui a montré son efficacité pour réduire l’agitation et améliorer l’humeur.

Les recommandations actuelles mettent en avant les mesures non pharmacologiques comme première ligne de traitement. Voici quelques-unes des interventions ayant fait leurs preuves :

  • Activité physique adaptée (APA) : Des études montrent que l’exercice régulier, comme la marche ou la gymnastique douce, améliore non seulement l’humeur des patients mais réduit également l’agitation. Des référentiels de prescription sont disponibles sur le site de la HAS pour guider les praticiens.
  • Musicothérapie : Cette technique peut être utilisée de manière active ou passive. En groupe ou en individuel, la participation à des improvisations musicales ou à des ateliers de chant a montré des effets positifs sur l’anxiété et l’agressivité des patients.
  • Psychoéducation des aidants : Former les aidants à comprendre et à gérer les SPC est essentiel. Des programmes éducatifs leur permettent d’acquérir des compétences en communication et des stratégies pour désamorcer les comportements agressifs ou perturbateurs.

En parallèle, d’autres approches comme l’art-thérapie, la thérapie assistée par les animaux ou encore l’utilisation des technologies numériques, bien que disposant d’un niveau de preuve plus faible, sont jugées intéressantes dans certains contextes. Même sans preuves scientifiques formelles, elles peuvent offrir des avantages en fonction des préférences et des besoins des patients.

Les traitements médicamenteux ne sont envisagés qu’en seconde ligne, notamment en raison des risques liés aux effets secondaires et à la tolérance limitée des psychotropes, en particulier les antipsychotiques. Ces derniers sont souvent prescrits pour gérer l’agitation ou les hallucinations, mais aucune molécule n’a encore démontré une efficacité robuste dans le traitement des SPC. Leur utilisation doit donc rester prudente et limitée à des situations spécifiques, après l’échec des interventions non pharmacologiques.

Les recommandations insistent sur une prise en charge personnalisée, où les interventions non médicamenteuses sont préférées, avec une attention particulière portée aux aidants, souvent en première ligne face aux troubles comportementaux.

La gestion des troubles comportementaux liés aux démences demande une approche globale et personnalisée. Les interventions non pharmacologiques doivent être privilégiées en première ligne, et chaque prise en charge doit être adaptée aux besoins spécifiques du patient, en collaboration avec ses proches et une équipe pluridisciplinaire. Pour les médecins praticiens, suivre les dernières recommandations permet de mieux accompagner les patients et leurs familles dans cette étape difficile de la maladie neurocognitive.

Mots clés : Psychologique ; Comportementaux ; SPC ; Démence ; Alzheimer ; pharmacologiques ; Musicothérapie ;

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