Chaque année, pendant le mois d’octobre, de nombreux pays dont L’Algérie organisent différents événements pour sensibiliser le grand public au cancer du sein et promouvoir le dépistage précoce.
Le cancer du sein en Algérie ?
Le cancer du sein occupe la première place des cancers en Algérie et la première cause de mortalité. Il a un caractère épidémique vu l’incidence qui ne cesse d’augmenter. La surveillance épidémiologique repose sur les données du réseau national des registres du cancer. Ce réseau a été institutionnalisé par l’arrêté n°22 du 18 février 2014.
Notons aussi que le plan anti-cancer (2023/2030) lancé en février dernier par le ministre de la santé Abdelhak Saïhi, reposait essentiellement sur la prévention. Le ministre avait expliqué que « le nouveau plan de prise en charge des malades atteints de cancer reposait sur la prévention, considérée comme un facteur axial dans la lutte contre cette maladie et contre les facteurs de risque ».
15 000 nouveaux cas en 2022…
En Algérie, une femme sur huit peut développer cette pathologie. 15 000 nouveaux cas ont été enregistrés en Algérie en 2022. Ce type de cancer a une particularité en Algérie, en ce sens qu’il touche les femmes à un âge précoce dans la limite des 40 ans, contrairement aux pays avancés où il se répand parmi les femmes âgées de 55 ans et plus, selon la même source. « Chaque année, plus de 20 % des malades ont moins de 40 ans et 12 % ont moins de 35 ans », ajoute la radiologue Nadia Chibane.
Cancer du sein : Recul des décès grâce au dépistage précoce
Il fait l’objet d’un programme national de dépistage organisé afin d’être détecté précocement et d’en réduire la mortalité. « Le dépistage précoce du cancer du sein contribue au recul de 30 % du taux de décès et réduit les coûts du traitement», indique Dr Abdelouahab spécialiste en sénologie, appelant chaque femme à se faire dépister le plus tôt possible.
Pris à temps, ce cancer peut être intégralement soigné 9 fois sur 10. Aujourd’hui, plus de 3 cancers du sein sur 4 sont guéris grâce au dépistage, qui permet un diagnostic précoce et aux progrès des traitements.
Le dépistage permet de traiter la maladie à un stade précoce avec des traitements qui peuvent être moins lourds et moins invalidants, et des chances de guérison qui atteignent 90 %. L’opération de sensibilisation « Octobre Rose », soutenue par le ministère de la Santé, invite une nouvelle fois le plus grand nombre de femmes à se faire dépister.
MammaPrint, test génomique révolutionne la prise en charge du cancer du sein
Le diagnostic du cancer du sein une fois confirmé va amener la patiente accompagnée par son médecin à prendre des décisions difficiles, impliquant ainsi une prise en charge lourde sur des aspects tout à fait inconnus par la patiente. Un jargon médical inconnu ou confus : ganglion sentinelle, chirurgie mammaire conservatrice ou non, traitement adjuvant / néo-adjuvant, traitement hormonal, mais aussi la question de la nécessité ou non d’une chimiothérapie.
Pour répondre à cette question, Dr Gilbert Karayakoupoglou lors d’une table ronde organisée par Pharma Strat auprès des spécialistes en sénologie et oncologie a bien expliqué les nouvelles approches et défis thérapeutiques du cancer du sein.
Les médecins prenant en compte un certain nombre de facteurs dits cliniques, comme l’âge, la taille de la tumeur, la présence de ganglions lymphatiques, le grade de la tumeur, etc., afin de déterminer le risque clinique de récidive, doivent prendre les informations génomiques basées sur la biologie de la tumeur elle-même qui peuvent fournir de nouveaux éléments pouvant aider les médecins à ajuster les traitements pour éviter une chimiothérapie excessive.
Et pour cela, Le test d’expression génomique « MammaPrint» analyse la signature génomique des tumeurs et peut identifier les patients qui ne présentent pas de risque de récidive et chez qui la chimiothérapie ne serait pas utile, leur permettant ainsi d’éviter des traitements aussi onéreux et cytotoxiques.
Faire une chimiothérapie ou non ?
Dr Gilbert Karayakoupoglou a donné plus de détail lors de sa conférence. Le test génomique « MammaPrint» mesure l’expression de 70 gènes tumoraux connus à risque métastatique élevé. L’analyse de ces gènes aboutit à une distinction entre risque faible et risque élevé de métastases.
En 2016 l’étude clinique randomisée MINDACT (Microarray In Node negative Disease may Avoid ChemoTherapy a été publié prouvant avec ses résultats l’efficacité clinique d’un test d’expression génique. Cette étude a été portée sur 6693 patientes atteintes du cancer du sein à un stade précoce avec un suivi de 5 ans. L’objectif principal de l’étude est de prouver si on peut, en toute sécurité, éviter la chimiothérapie chez les patientes à risque clinique élevé et risque génomique faible, avec une survie globale sans risque de métastases à 5ans.
Plusieurs groupe ont été identifié parmi eux les groupes à risque clinique élevé et risque génomique élevé avec des groupes à risque clinique faible et génomique élevé qui ont été randomisé pour recevoir une chimiothérapie.
Par ailleurs, les patientes à risque clinique élevé et risque génomique faible et qui non pas reçu de chimiothérapie ont eu une survie globale sans métastase avoisinant 92% semblable au groupe de patientes mises sous chimiothérapie.
Notons aussi que lors du congrès international l’ASCO 2020, l’intérêt de prescrire le test « MammaPrint » pour les patientes atteintes de cancer âgées de plus de 50 ans a été confirmé, et ce pour éviter de plus en plus de chimiothérapie inutile.
La prise en charge future avec précision.
Le test « MammaPrint » pourrait aider des milliers de femmes en Algérie à éviter en toute sécurité la chimiothérapie et ses effets secondaires nocifs. Son utilité clinique a été reconnue par les scientifiques.
MammaPrint est actuellement soutenu par diverses directives cliniques internationales, démontrant que la génomique peut aider à personnaliser les options de traitement. Plus important encore, Dr Gilbert Karayakoupoglou souligne l’importance de l’oncologie de précision dans la pratique clinique future, offrant ainsi une approche plus rentable de la gestion du cancer du sein.
Dr Si Abed. L