Qu’il soit intellectuel ou manuel, le travail exige des études, de l’apprentissage, de l’effort et favorise l’épanouissement et la satisfaction de produire un rendement dont la rémunération permet au travailleur de vivre décemment. Néanmoins, l’employeur est toujours exigeant, en matière de rentabilité de son entreprise pour la création de richesse, qui est l’essence de son existence.

De ce fait, il devient exigeant de ses travailleurs pour augmenter sa production. En revanche, soumis à la pression de leur employeur, les travailleurs peuvent développer des perturbations de leurs états de santé, qui se manifestent par des maladies dites ‘‘professionnelles’’,  identifiées ou des troubles psychiques, nécessitant une prise en charge médicales spécifique.

En outre, les travailleurs sont sujets à des risques d’accidents de travail, dont la gestion devrait être orientée vers leur limitation maximale par des mesures adéquates de protection et de prévention. Ces répercussions sont prévues par le système d’organisation du travail, mise en place par l’employeur.

Le médecin de l’entreprise

Il apparaît comme le clinicien par excellence qui peut réconcilier la causalité scientifique, l’apparition de la maladie et le lien de causalité dument prouvé. Pourtant, le droit de la santé au travail n’est pas sans encadrer son activité et ses prérogatives. Il trace ainsi les limites juridiques de l’exercice de son art médical.

Partant, le droit définit des risques professionnels que le médecin du travail est susceptible d’identifier et les liens de causalité qu’il peut établir avec l’organisation du travail. Les dispositions relatives au suivi individuel de l’état de santé des travailleurs et aux actions sur le milieu de travail assignent un double travail de diagnostic au médecin de l’entreprise.

 Le médecin doit concilier entre deux ensembles d’intérêts : ceux de l’employeur qui le paye et ceux des travailleurs qu’il suit, en respectant le code d’éthique , du point de vue professionnel, et sa conscience, du point de vue humain.

Surveillance de la santé du travailleur 

La mission dévolue au médecin de l’entreprise intègre la surveillance de l’état de santé des travailleurs en fonction des risques concernant leur santé au travail et des effets de l’exposition à certains facteurs de risques professionnels.

Cette surveillance individuelle est constituée de visites périodiques, permettant au travailleur et à l’équipe médicale, d’échanger non seulement sur l’état de santé, mais également sur les conditions de travail. Les visites, qu’elles soient médicales ou de simples informations, occupent une place primordiale dans l’activité de l’équipe médicale.

La prépondérance des visites se constate également statistiquement et sociologiquement. Les visites médicales ont pour vocation de permettre au médecin d’examiner le travailleur et d’attester de la compatibilité entre son état de santé et le poste de travail occupé.

 Les visites préventives s’adressent aux travailleurs « sains ». Elles permettent l’ouverture d’un dialogue entre le médecin ou un membre de son équipe et le travailleur sur l’état de santé autant que sur les conditions de travail. Se basant sur un questionnaire et les réponses des travailleurs, les visites médicales permettent alors d’investiguer les effets des conditions de travail sur l’état de santé du travailleur.

 En cela, elles participent de l’établissement d’un diagnostic médical sur les situations de travail à risque, et permettent, non seulement de déceler des pathologies, mais aussi, d’apporter des recommandations à l’employeur, en matière d’organisation de travail, afin de remédier aux risques de certains postes de travail.

Mesures sur le milieu de travail 

À côté du suivi individuel de l’état de santé des travailleurs, l’équipe médicale peut mettre en œuvre une série d’actions sur le milieu de travail. Elles peuvent se classer en deux catégories :

• Une première catégorie d’actions sur le milieu de travail intègre l’intervention du médecin de l’entreprise sur demande des travailleurs et de leurs représentants, et aussi de l’employeur, pour l’élaboration et la mise à jour du registre de l’entreprise ou réaliser des visites de l’entreprise, c’est-à-dire le milieu de travail.
• La seconde catégorie intègre les moyens d’actions librement mobilisés par le médecin de l’entreprise pour la réalisation de leur mission. Ainsi, la visite des lieux de travail à l’initiative du médecin, l’étude de postes, les enquêtes épidémiologiques, l’étude de toute nouvelle technique de production, sont des moyens d’action sur le milieu de travail que les médecins ont la faculté d’engager dans les limites de leurs responsabilités.

Identifier les risques professionnels

L’analyse des risques professionnels forme le principe directeur des actions sur le milieu de travail. La visite de l’entreprise, l’étude des postes et des techniques, la réalisation d’enquêtes, de mesures et de prélèvements et la corrélation des éléments issus des visites du suivi individuel de l’état de santé des travailleurs permettent au médecin de contribuer à l’identification des risques professionnels.

Le médecin avec une équipe pluridisciplinaire jouent un rôle prépondérant dans la reconnaissance des liens de causalité entre la santé des travailleurs et l’organisation du travail. Force est pourtant de constater l’indépendance relative du médecin du travail, encadrée par son inscription dans un service géré par l’employeur et pilotée par des objectifs, ce qui constitue une limite potentielle à ces investigations sur les incidences de l’ensemble de l’organisation du travail sur la santé des travailleurs.

Dr Dekhili. A